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BHAVAVARMAN Ier, roi khmer (2e moitié VIe s.)

Malgré le silence des annalistes chinois, les éléments essentiels de la vie de Bhavavarman sont connus grâce à l'épigraphie du Cambodge. On sait qu'il a conquis son trône à la pointe de son épée, ce qui pourrait impliquer qu'il s'est taillé un domaine en dehors de celui de son père. Il a fait élever, au sommet de sa puissance, un temple à Shiva Gambhīreshvara, identifié au temple nord du groupe de Sambor Prei Kuk ; or c'est précisément non loin de là, près de Robang Roméas, qu'un de ses vassaux, roi d'Indrapura (royaume qui se trouvait à l'est de Kompong Cham), a construit un temple en 598, sous son règne ; la région de Sambor Prei Kuk était par conséquent le centre du royaume de Bhavapura, dont le nom laisse croire que Bhavavarman Ier était le fondateur. D'un autre côté, une inscription atteste la présence de ce roi près de Battambang, précisant qu'« il tient les deux mondes dans sa main » ; ces « deux mondes » devaient être deux royaumes, peut-être Bhavapura et Aninditapura, dont le centre était situé dans la région d'Angkor. Il est douteux par contre que Bhavavarman ait dominé le nord du pays khmer, notamment la vallée du Mékong en remontant à partir de Sambor : aucun document ne l'indique expressément. C'est là une difficulté qui rejoint celle de ses origines : il était le frère aîné de Citrasena — qui devait régner, succédant à son père Vīravarman, sous le nom de Mahendravarman, sur le Zhenla, et à qui les Chinois attribuent la conquête du Funan — et le fils de ce Vīravarman qui régnait sur le nord du pays khmer, le Zhenla des Chinois ; cela élimine du même coup son fils Bhavavarman Ier de la fonction royale. Le nom de son grand-père (ou son aïeul) est inconnu, mais il était « roi universel », c'est-à-dire roi proclamé de l'ensemble du pays khmer ; c'est à cause de ce titre qu'on a identifié l'aïeul de Bhavavarman à Rudravarman, roi du Funan ; mais il n'est pas exclu que d'autres rois que ceux du Funan aient prétendu à ce titre. Une erreur a fait, d'autre part, de Bhavavarman l'époux d'une princesse nommée Kambujarājalakshmī, qui aurait été princesse du Zhenla. S'il ne régnait pas sur le Nord, Bhavavarman Ier pourrait fort bien avoir été suzerain du sud du pays khmer. Sous son règne, le Funan ne paraît pas avoir entretenu de relations avec l'empereur de Chine, ce qui serait un indice dans ce sens.

La seule date connue de Bhavavarman Ier est 598. Cette date doit appartenir à la fin de son règne. On ne sait pas quand celui-ci a commencé, aucun document ne donnant jusqu'à présent de point de repère.

— Claude JACQUES

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (sciences historiques et philologiques)

Classification

Pour citer cet article

Claude JACQUES. BHAVAVARMAN Ier, roi khmer (2e moitié VIe s.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • KAMBUJARĀJALAKṢMĪ, princesse cambodgienne (XIIe s.)

    • Écrit par Claude JACQUES
    • 207 mots

    Le nom de cette princesse cambodgienne a joué un grand rôle dans l'élaboration de l'histoire du Cambodge ancien. Une hypothèse, construite à partir des récits des annalistes chinois, voulait que Bhavavarman Ier (seconde moitié du vie s.), roi du Zhenla, ait envahi le Funan, de la...

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