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PADAMSEE AKBAR (1928-2020)

Akbar Padamsee, l’une des figures majeures de la scène artistique indienne, est né à Bombay (Mumbai) le 12 avril 1928. Connu pour ses paysages archétypaux, il dépeint un monde à la frontière de l’abstraction et de la représentation. Outre la peinture, il explore d’autres formes plastiques : la sculpture, le dessin, l’aquarelle, mais aussi le cinéma, l'estampe numérique et la photographie.

Entré à dix-sept ans à la JJ School of Art de Bombay et diplômé en 1948, Akbar Padamsee décide en 1951 de partir pour Paris avec son aîné, S.H. Raza, cofondateur du Progressive Artists Group (PAG) – groupe qui, dans l'atmosphère d’une après-Indépendance traumatisée par la Partition et ses violences intercommunautaires, questionne avec passion, dogmes et enseignements. Il s’installe à Montparnasse, peint et commence à exposer. En 1952, il recevra des mains d’André Breton, le prix du Journal des Arts, ex aequo avec Carzou. En 1954, sa première exposition personnelle tenue à la Jehangir Art Gallery à Bombay, qui comportait des nus, lui vaudra d’être accusé d’obscénité et, devant son refus de décrocher les œuvres, arrêté. En dépit du jugement rendu en sa faveur, et qui fera jurisprudence, ce sujet reste d’actualité en Inde. Il se partage alors entre Bombay et Paris, faisant des allers-retours fréquents entre les deux villes.

De 1959 à 1960, il réalise les œuvres monumentales très construites et d’une lancinante poésie de sa « Grey Period » où il interroge la neutralité et le chromatisme du gris. En France, il expose régulièrement à la galerie des Beaux-Arts : prophètes, figures christiques d’une présence saisissante, natures mortes et paysages, qui peuvent être vus comme des memento mori. Des nus sur le point de se perdre dans la matière picturale remplacent ceux, austères et majestueux, des débuts. Il passe un séjour fructueux sur le continent nord-américain après l’obtention d’une bourse de la Fondation Rockefeller. Il sera également artiste en résidence à la Stout State University (Wisconsin) et présentera en 1967 une exposition au musée d'Art contemporain de Montréal, au Canada. À son retour en Inde, en 1969-1971, la bourse Jawaharlal Nehru lui permet de concrétiser un idéal, VIEW (Vision Exchange Workshop) qui sera le lieu des échanges interdisciplinaires entre artistes, intellectuels et étudiants. Ce centre d’art avant l’heure, aura une influence sur la création artistique et cinématographique la plus contemporaine, comme en témoigne par exemple le film de Mani Kaul, Duvidha (1973). Padamsee y a réalisé lui-même deux courts-métrages abstraits, Syzygy et Events in a Cloud Chamber.

Tout l’œuvre de Padamsee repose sur un schéma orthonormé où des faisceaux de lignes produisent un nombre infini de possibilités d’ordre spatial et chromatique. Le travail sur la vitesse des couleurs issu d’une palette vibrante, la façon dont la peinture à l’huile est travaillée en glacis au couteau dont les marques scandent la toile, lui donnent sa transparence, son intensité et son rythme. Il faut avoir recours à l’oxymore « images abstraites » pour décrire la rigoureuse construction en plans juxtaposés de formes fragmentées d'éléments symboliquement puissants, tels que la terre, le soleil, la montagne, le champ et la lune. Nus ou paysages mentaux deviennent des lieux d’interaction entre forme et couleur, temps et espace, comme on le voit dans la série Metascapes (1972) – inspirée par Śakuntalā, célèbre pièce du poète Kalidasa – puis dans les diptyques Mirror Images (1994). Suivra la série Tertiaries (2002), à la dominante de tons de terre et d’ocre, où, en associant couleurs primaires et secondaires, le peintre revient sur sa théorisation de la couleur.

Akbar Padamsee s’est montré très tôt fasciné par les Six principes sur la peinturechinoise établis par le lettré Xie He,[...]

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Pour citer cet article

Raïssa BRÉGEAT. PADAMSEE AKBAR (1928-2020) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • INDE (Arts et culture) - L'art

    • Écrit par Raïssa BRÉGEAT, Marie-Thérèse de MALLMANN, Rita RÉGNIER
    • 49 040 mots
    • 67 médias
    ...sous-tendue par une simplification formelle. Tyeb Mehta peint des corps tordus, en apesanteur sur des surfaces unies et mates scindées par des diagonales. Akbar Padamsee, peintre, sculpteur et photographe, réalisateur du film SYZYGY (1970), explore les interrelations entre forme, volume, espace, temps et...

Voir aussi