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NARSÈS (478 env.-env. 573)

Né sans doute en Perse, l'eunuque Narsès vit à la cour de Justinien, empereur d'Orient. Son intelligence et sa volonté de surmonter sa condition humiliante lui permettent de devenir chambellan de l'empereur. Au moment de la sédition Nika, à Constantinople, réprimée par le général Bélisaire et qui coûta la vie à trente mille personnes, Narsès est chargé des négociations avec les rebelles et s'acquitte de cette tâche avec succès. Devenu l'homme de confiance de Justinien, il réussit à se faire nommer en Italie, afin de seconder Bélisaire dans sa lutte contre les Goths. Il contrarie si bien les plans de Bélisaire que Milan tombe en 539 aux mains des Barbares. Craignant la démission de Bélisaire, Justinien rappelle Narsès à Constantinople. Ce dernier accepte cette semi-disgrâce et sait se faire oublier un moment. En 552, il réapparaît en Italie, où il a été chargé par l'empereur du commandement des armées engagées contre les Ostrogoths. À quatre-vingts ans, il est devenu le second personnage de l'Empire ; ce que Bélisaire, excellent tacticien, n'avait pas réussi à faire, c'est-à-dire repousser les invasions, Narsès en deux ans y parvient. Il bat et tue le roi ostrogoth Totila en 552, sur la voie flaminienne au nord de Rome, et son successeur Teias, au pied du Vésuve. Les Goths acceptent de quitter l'Italie. Remontant vers le nord de la péninsule italienne, Narsès est vainqueur de deux chefs germains, Leutharis et Bucelin, et les derniers Barbares qui se sont enfoncés trop profondément à l'intérieur des terres sont anéantis à Casilinum sur le Vulturne. Narsès est alors nommé gouverneur de l'Italie en 555. Peu populaire parce qu'il accable d'impôts les Italiens et a mis en place une administration sévère et pointilleuse, Narsès, pendant treize années, parvient à maintenir son domaine à l'abri des invasions. La mort de Justinien en 565, l'accession au trône de Justin II marquent la fin d'une carrière tardive mais brillante. La nouvelle impératrice Sophie a peu d'estime pour l'eunuque Narsès et elle le lui fait savoir d'une façon méprisante en lui envoyant une quenouille et un fuseau pour qu'il revienne à Constantinople filer la laine dans le gynécée. Rendu furieux par cet outrage, Narsès ouvre alors la frontière italienne aux Lombards afin de ne laisser que la ruine derrière lui. Il faut les supplications du pape Jean III pour contraindre Narsès à venir défendre Rome contre le péril barbare qu'il a lui-même suscité. À quatre-vingt-quinze ans, lors de son entrée dans la ville, Narsès meurt subitement. Mort symbolique que celle du dernier défenseur de la romanité au profit de l'empire d'Orient dans la ville qui se croit éternelle ! Désormais pour les empereurs, installés à Constantinople, l'Italie est bien perdue.

— Joël SCHMIDT

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

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Joël SCHMIDT. NARSÈS (478 env.-env. 573) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )