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STATION SPATIALE CHINOISE

Le 29 septembre 2011, au moyen d'une fusée Longue-Marche-2 F améliorée, la Chine a satellisé le laboratoire habitable Tiangong-1 (« Palais céleste »), dans le but de tester les technologies en vue d'une station spatiale. Placé sur une orbite basse inclinée à 42,7 degrés, qu'il a circularisée à quelque 350 kilomètres d'altitude, le module expérimental, d'une masse de 8,4 tonnes, a servi de cible pour de délicates manœuvres de jonction automatique autour de la Terre.

Tiangong-1 inaugure la deuxième étape du Projet prioritaire 921 des vols spatiaux habités qui fut décidé le 21 septembre 1992 par les autorités de Beijing. Ce programme à long terme, en trois phases, a pour objectif la construction d'une station spatiale permanente à l'horizon de 2020. Sa réalisation est confiée à la C.A.S.C. (China Aerospace Science & Technology Corp.), qui gère pour la C.O.S.T.I.N.D. (Commission of Science, Technology and Industry for National Defence) l'ensemble des activités de la Chine dans l'espace. Le C.M.S.E.O. (China Manned Space Engineering Office) est spécialement mis en place pour orchestrer, au sein de l'appareil militaro-industriel chinois, le développement des infrastructures et systèmes, le déroulement de missions de plus en plus complexes, le recrutement et l'entraînement des taïkonautes (astronautes chinois).

La phase 921-1, qui s'est déroulée de 1999 à 2008, a vu la maîtrise de la technologie d'un véhicule spatial habité, le Shenzhou (« Vaisseau des esprits »), de 8 tonnes environ. S'il s'inspire du Soyouz russe, ce vaisseau possède une cabine plus spacieuse et un habitacle mieux équipé. Quatre vols d'essais en mode automatique ont permis de qualifier le vaisseau pour le vol d'un premier Chinois dans l'espace : le taïkonaute Yang Liwei est resté sur orbite pendant 21 heures le 15 octobre 2003, à bord de Shenzhou-5. Avec les missions Shenzhou-6 (deux taïkonautes en octobre 2005) et Shenzhou-7 (trois hommes en septembre 2008, avec l'essai d'un scaphandre pour les sorties spatiales), le C.M.S.E.O. a démontré sa capacité de mener à bien un ambitieux plan de vols habités. Pour réussir cette étape, la Chine a consenti un investissement de 35 milliards de yuans (4,1 milliards d'euros).

Avec le démarrage de la phase 921-2, le C.M.S.E.O. vise l'occupation permanente du milieu spatial grâce à l'assemblage de modules sur orbite, l'emploi de vaisseaux de ravitaillement automatique, l'expérimentation de systèmes de support de vie à bord, notamment d'équipements pour le recyclage de l'air et de l'eau, en vue de séjours de plusieurs semaines. Dans le même temps, il ouvre cette infrastructure orbitale à la coopération internationale pour des expériences scientifiques et technologiques. En novembre 2011, sous le contrôle de stations autour du globe et au moyen des satellites Tian Lian de relais de données, le vaisseau Shenzhou-8, sans équipage, est venu à deux reprises, automatiquement et sans problème, s'amarrer au laboratoire Tiangong-1.

Le Beijing Aerospace Flight Control Centre a manifesté son enthousiasme à l'occasion de cette réussite, qui a fait de la Chine la quatrième nation – après les États-Unis, l'Union soviétique et l'Europe – à réussir la jonction de systèmes habitables. Cet amarrage présente la particularité de faire appel au nec plus ultra en matière de technologie, avec un guidage par faisceau laser durant l'approche finale. L'élément de jonction, de type universel, est un modèle A.P.A.S. (Androgynous Peripheral Attach System), avec des pétales qui s'emboîtent. Son concept fut mis en œuvre, avec succès, lors de la mission américano-soviétique Apollo-Soyouz, en juillet 1975.

Le C.M.S.E.O. prévoit une vingtaine de missions durant la décennie 2010,[...]

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Écrit par

  • : journaliste au Space Information Center, Pepinster (Belgique)

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Pour citer cet article

Théo PIRARD. STATION SPATIALE CHINOISE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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