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FUMET STANISLAS (1896-1983)

Éditeur, écrivain, critique d'art, journaliste, Stanislas Fumet a exercé une influence certaine sur une partie de la pensée et de l'art français avant et après la Seconde Guerre mondiale. Le dernier livre qu'il a publié, un livre de souvenirs, intitulé Histoire de Dieu dans ma vie (1978), permet de mieux saisir l'unité d'une démarche exemplaire et d'une œuvre originale.

L'influence de son père, qui lui avait révélé que l'Être était la seule réalité, la rencontre de Léon Bloy, polémiste chrétien, le compagnonnage avec Jacques Maritain, philosophe converti au catholicisme et fondateur de l'école néothomiste, firent de lui un chrétien pénétré de la Vérité métaphysique et libéré de toutes les fausses contraintes du monde et de l'Église. Il avait été anarchiste dans sa jeunesse, et il lui en restait quelque chose. C'était l'époque où la pensée européenne traditionnelle était remise en question par la naissance en Russie d'un grand État marxiste, par l'apparition en France des mouvements dadaïste et surréaliste, puis du cubisme.

Stanislas Fumet prit à vingt-huit ans la direction d'une collection : Le Roseau d'or, qui publiait des romans, des poèmes, des numéros de chroniques. Il fut aussi directeur des éditions Desclée de Brouwer et de la collection Les Îles. Il fit connaître des écrivains comme Bernanos, Chesterton, Berdiaeff, Reverdy, Max Jacob, Papini. Il permit à des auteurs croyants qui n'étaient pas conformistes de trouver un lieu d'accueil et un public. Fumet acceptait que l'art soit défini comme un mouvement vers la création pure. Ses livres sur Notre Baudelaire (1926), Le Procès de l'art (1929), Braque (1945), Claudel (1958), Rimbaud (1966), La Poésie au rendez-vous (1967) ont prouvé ses qualités de critique de l'art moderne.

Sa force était de posséder une vision globale du monde et de connaître une vérité pour juger de tout, même de l'organisation politique de la cité. Directeur de l'hebdomadaire Temps présent (1936-1940) à Paris et de Temps nouveaux (1940-1941) à Lyon, il lutta contre les États totalitaires et leurs partisans français. Il fut arrêté par les Allemands pendant quelques semaines alors qu'il était rentré à Paris, la publication de Temps nouveaux ayant été interdite en zone libre. Il adhéra alors volontiers à la conception gaulliste d'une démocratie capable de durer et d'organiser le pouvoir central de l'État.

Écrivain spirituel, Stanislas Fumet publia plusieurs livres, notamment Bloy, prisonnier de l'absolu  ; Mikael. Qui est comme Dieu ? ; L'Impatience des limites ; Le Néant contesté ; une vie de Saint Martin de Porrès. Il restait attaché à l'usage du latin dans la liturgie et à une partie de la tradition catholique, tout en étant un esprit très moderne. Il était, comme beaucoup d'artistes, élitiste. Il se montrait très attaché à la beauté, à un certain respect du sacré. Il ne se voulait pas confessionnel dans ses écrits. Il pensait et il disait (ce qui, à cette époque, était audacieux) qu'il ne suffisait pas de s'affirmer chrétien pour dire la vérité et atteindre la beauté. Il pensait que les artistes et les écrivains qui font des œuvres originales et authentiques se rapprochent inévitablement du christianisme tel qu'il le concevait.

— Georges HOURDIN

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Écrit par

  • : écrivain, journaliste, fondateur des publications de "La vie catholique"

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Pour citer cet article

Georges HOURDIN. FUMET STANISLAS (1896-1983) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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