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JOUY JULES (1855-1897)

L'œuvre de Jules Jouy, chansonnier prolixe, se situe à la confluence de trois genres : la chanson montmartroise, la chanson politique et la chanson de café-concert ; c'est le café-concert qui a lancé Jouy, grâce au succès d'une chanson confiée à Paulus (Derrière l'omnibus), pour qui il écrivit aussi des livrets de revues.

Parmi les chansonniers montmartrois de la grande époque, il fut certainement l'un des plus sensibles aux préoccupations du monde du travail. Ainsi, la Chanson de la grève (sur l'air de C'est ta poire, 1888) fut reprise et adoptée par les manifestants du 1er Mai, par les ouvriers de Fourmies en 1891. Mais, à la différence des productions militantes de Pottier, Dupont ou Clément, dont elle ne possède plus le souffle, l'œuvre de Jules Jouy, tant par la facture des textes que par la manière de traiter les sujets, marque la transition vers la chanson-commentaire, rosse ou amusée, qui dégénérera plus tard dans le genre dit « montmartrois ».

Après avoir exercé ses talents au Chat-Noir (1881), le cabaret de Rodolphe Salis, Jouy fournit pour le Cri du Peuple de Jules Vallès une « chanson au jour le jour », le plus souvent écrite à la diable, sur un sujet d'actualité (Le Temps des crises, sur l'air du Temps des cerises en est un bon exemple). Lorsque le journal s'oriente dans le sens du soutien à Boulanger, il le quitte et brocarde avec férocité le général, qu'il appelle l'« infâme à barbe », et son entourage (La Carmagnole des corbeaux). Jouy se produisit encore au Concert des décadents et lança, avec les dissidents du Chat-Noir, le cabaret du Chien-Noir. Il termina ses jours dans un asile.

Le meilleur de son œuvre, pourtant, ne se trouve pas dans ses textes d'actualité, mais dans des chansons dont certaines ont atteint la notoriété grâce à leurs interprètes, telles que La Soularde, confiée à Yvette Guilbert, La Veuve, chef-d'œuvre d'humour noir repris plus tard par Damia, Le Tombeau des fusillés, hommage rendu à la mémoire des communards.

— Jean-Claude KLEIN

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Écrit par

  • : diplômé de l'École pratique des hautes études, chargé de cours à l'U.F.R. de musique et musicologie de l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Pour citer cet article

Jean-Claude KLEIN. JOUY JULES (1855-1897) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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