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CHARDONNE JACQUES (1884-1968)

De son vrai nom Jacques Boutelleau, Chardonne mena la vie d'un homme de lettres, partagé entre son activité de directeur littéraire et celle d'écrivain, qu'il conçoit comme une sorte d'artisanat. Dès L'Épithalame (1921), le ton général est trouvé. Mais la manière de ce charentais passionné a su évoluer. L'Épithalame, Claire (1931), un essai comme L'amour c'est beaucoup plus que l'amour (1937-1957), se livrent avec lyrisme et discrétion à l'analyse de l'amour avant et dans le mariage. Les personnages, issus pour la plupart de la grande bourgeoisie d'affaires, révèlent parfois leur fantaisie ou leur poésie secrètes (Les Destinées sentimentales ; La Femme de Jean Barnery, 1931 ; Pauline, 1934 ; Porcelaine de Limoges ; 1936). Les courts récits de Chimériques (1948) peignent des caractères hors du commun. Mais, progressivement, et à partir des années cinquante, tandis que les Hussards le revendiquent comme un maître d'écriture, Chardonne explore plus avant les terres de l'introspection, à la conquête d'une sagesse dont le Barbezieux d'autrefois lui avait donné le goût et que Madère lui restitue à la fin de sa vie (Vivre à Madère, 1953). Collaborateur pendant la guerre, il est avant tout un réactionnaire tempéré, il dénonce la fin d'un monde et l'avènement de la barbarie. De brefs portraits de contemporains, des amis très souvent, sont d'utiles documents pour comprendre le destin d'individus pris dans les enchevêtrements de l'histoire (Matinales, 1956). Tenue et retenue fixent les rapports de Chardonne avec le monde social. Une prose fluide, transparente, classique en un mot, traduit la nostalgie d'un univers rythmé par les saisons, par le charme des jeunes filles, par la beauté et par la grâce. Cette élégance pudique, que l'on retrouve dans son abondante correspondance, notamment avec Roger Nimier, est servie par le goût pour l'aphorisme ou la réflexion d'ordre général (sur les femmes ou sur l'amour...) ; elle inscrit Chardonne dans la meilleure tradition du moralisme français.

— Michel P. SCHMITT

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Michel P. SCHMITT. CHARDONNE JACQUES (1884-1968) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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