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MONTARON GEORGES (1921-1997)

Ancien directeur de l'hebdomadaire Témoignage chrétien et ancien président du Syndicat de la presse hebdomadaire parisienne (S.P.H.P.), Georges Montaron est né le 10 octobre 1921 à Paris dans un milieu modeste – son père était ouvrier imprimeur –, il fait ses études secondaires au lycée Jean-Baptiste-Say à Paris et parallèlement s'inscrit à la J.E.C. (Jeunesse étudiante catholique), ce qui le mène ensuite logiquement à la J.O.C. (Jeunesse ouvrière catholique), fondée en 1927. Il occupe en 1940-1941 le poste de délégué régional des centres de formation professionnelle de la J.O.C., puis entre à la direction du mouvement. À partir de 1941, il organise en zone nord le mouvement des Jeunes Chrétiens combattants, qui vont rapidement participer à la diffusion de la presse chrétienne clandestine en zone occupée, y compris des Cahiers de Témoignage chrétien fondés par le père Pierre Chaillet en septembre 1941.

Au-delà de ses engagements catholiques militants, c'est précisément sa rencontre avec l'équipe des Cahiers de Témoignage chrétien à partir de 1943 qui va marquer toute sa carrière de journaliste chrétien, d'observateur moral – voire intransigeant – de la vie politique française entre 1946 et 1996, date à laquelle il doit quitter la direction de l'hebdomadaire. Le premier numéro de Témoignage chrétien non clandestin paraît à Paris en août 1944, mais Georges Montaron ne va y entrer comme directeur qu'en 1948, à la demande du père Chaillet, à l'époque où Jean-Pierre Dubois-Dumée en est le rédacteur en chef (1945 à 1952). À partir de cette date, on pourrait presque dire que sa biographie devient alors, et surtout, celle de « son » journal, tellement l'identification entre les deux est forte !

Dans la continuité du combat du Témoignage chrétien résistant, Georges Montaron engage son journal dans les combats tiers-mondistes qui accompagnent la décolonisation. Il dénonce, comme le fait aussi L'Express, la torture en Algérie et milite en faveur de son indépendance, puis de celle du Maroc. Cette logique tiers-mondiste et anticolonialiste va le conduire à soutenir la cause palestinienne contre l'expansionnisme de l'État d'Israël. Ces prises de position placent ainsi l'hebdomadaire chrétien sur la gauche de l'échiquier politique français, près des communistes et des socialistes. Il soutiendra d'ailleurs la candidature à la présidence de la République de François Mitterrand et saluera son élection en mai 1981, même s'il devient ensuite très rapidement critique, en particulier à l'occasion de la guerre du Golfe (1991) ou du référendum sur le traité de Maastricht (1992).

Hebdomadaire catholique de gauche, Témoignage chrétien occupe une position singulière au sein de la presse catholique française par sa contestation de certains aspects de la politique de l'Église de France ou du Vatican. C'est ainsi qu'il soutient l'action de l'abbé Pierre en 1954 et prend la défense des prêtres ouvriers français ainsi que des Églises du Tiers Monde. Vis-à-vis de l'avortement et de la contraception, qui sont des sujets délicats pour les chrétiens, Georges Montaron adopte une position médiane : condamnation de l'avortement mais approbation de la contraception, ce qui le conduit à soutenir la loi Weil. C'est aussi au nom de la tolérance et de la liberté d'expression qu'il ne suit pas l'Église dans sa condamnation de certains théologiens ou, plus récemment, à propos de la mise à l'écart de Mgr Gaillot. Son influence politique dans les milieux chrétiens progressistes excède largement le cercle restreint de ses lecteurs.

L'attachement de Georges Montaron au journal et aux principes qui avaient présidé à sa fondation, mais aussi son autoritarisme et son intransigeance expliquent la stagnation puis[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-II-Panthéon-Assas, Institut français de presse

Classification

Pour citer cet article

Christine LETEINTURIER. MONTARON GEORGES (1921-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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