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MANDEL ERNEST (1923-1995)

Le premier engagement d'Ernest Mandel est particulièrement précoce : dès 1939, il milite au Parti socialiste révolutionnaire (P.S.R.), trotskiste. Puis, on le trouve dans la Résistance, poursuivant le même engagement politique dans la Belgique occupée, mais aussi participant à des rencontres européennes clandestines ; victime de trois arrestations pendant cette période tragique, il fera plusieurs tentatives d'évasion, dont deux réussies.

Comme d'autres militants de la IVe Internationale, Ernest Mandel pratique ensuite l'“entrisme”, c'est-à-dire l'insertion dans le Parti socialiste belge et dans les organisations sociales apparentées (syndicats, associations, etc.). Tout en menant une carrière de journaliste, aux quotidiens Le Peuple de Bruxelles, puis La Wallonie de Liège, il participe aux travaux de la commission d'études économiques de la Fédération générale du travail de Belgique, et tout particulièrement à l'élaboration d'un rapport intitulé Holdings et démocratie économique, qui contient à la fois une analyse critique de la concentration du pouvoir économique en Belgique et un programme de réformes de structures. Il est, en 1957, un des fondateurs – et le rédacteur en chef – d'un hebdomadaire, La Gauche, qui est l'expression de la tendance de gauche au sein du Parti socialiste et dont la création est rapidement suivie de celle d'un équivalent flamand, Links. Le congrès du Parti socialiste va décider en décembre 1964 que la participation aux équipes de rédaction des deux hebdomadaires est incompatible avec la qualité de membre du parti. C'est la rupture. La Gauche devient successivement l'organe de formations dissidentes (l'Union de la gauche socialiste et le Parti wallon des travailleurs), puis de formations purement trotskistes (la Ligue révolutionnaire des travailleurs d'abord, le Parti ouvrier socialiste ensuite).

Si le succès des entreprises du militant est limité, le rayonnement du théoricien et de l'idéologue sera incontestable. Une première contribution importante d'Ernest Mandel est, de ce point de vue, le Traité d'économie marxiste, publié chez Julliard en 1962. Quantité d'ouvrages et d'articles suivront, dont bon nombre paraîtront dans plusieurs langues, notamment La Formation de la pensée économique de Karl Marx en 1967 et Le Troisième Âge du capitalisme – dans la première version, allemande – en 1972.

Ernest Mandel a mené une action et réalisé une œuvre caractérisées à la fois par une capacité d'analyse critique très pénétrante et par un optimisme révolutionnaire non dépourvu d'aspects anachroniques qui en limitaient beaucoup la portée. Cela fut vrai de certains de ses derniers ouvrages, comme en 1989 Où va l'U.R.S.S. de Gorbatchev ?, ou encore de ses espoirs de voir s'établir un socialisme autogestionnaire en Europe centrale et orientale à partir de 1990.

Homme de grande culture littéraire, historique et philosophique, il avait pour loisir de prédilection la lecture de romans policiers, qui lui inspira la rédaction d'un ouvrage original et stimulant : Meurtres exquis, une histoire sociale du roman policier.

— Xavier MABILLE

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Écrit par

  • : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles

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Xavier MABILLE. MANDEL ERNEST (1923-1995) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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