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TAISIBLE COMMUNAUTÉ

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Terme désignant des communautés familiales qui se forment tacitement par la poursuite de la vie en commun entre descendants après le décès du chef de famille. De telles communautés, qui répondent à la fois à des sentiments naturels et à des considérations pratiques, se rencontrent dans des sociétés très diverses depuis l'Antiquité (consortium entre frères de la Rome archaïque) jusqu'à une époque récente. Mais le terme de communautés taisibles est plus spécialement réservé aux groupements familiaux qui ont connu une assez large diffusion dans l'Europe occidentale au Moyen Âge. Ces communautés ont été surtout répandues dans les milieux ruraux, qu'il s'agisse de serfs ou de paysans libres, le maintien de la vie commune entre frères évitant le morcellement successoral de l'exploitation agricole. Mais elles sont connues également de la bourgeoisie urbaine, des marchands et des artisans, voire de la petite noblesse qui, elle aussi, vivait souvent de l'exploitation d'un domaine. Des termes locaux divers désignent ces communautés : maignies, maix, chanteaux, communautés personnières, compaignies d'héritage. Le plus souvent, la communauté se forme au décès du chef de famille par le maintien de l'indivision de l'héritage et de la vie commune entre les descendants et leurs familles. La communauté peut ainsi persister à travers plusieurs générations jusqu'à ce que, trop lourde et trop nombreuse, elle se désagrège. Il arrivait aussi que, lors du mariage d'un enfant, fils ou fille, les parents stipulent l'établissement commun du jeune ménage sous leur toit. Ou bien des frères ou même des parents plus lointains ou des étrangers décident par contrat de mettre leurs biens en commun et de vivre ensemble (affrèrement). Enfin, dans de nombreuses régions, la communauté taisible se formait par la vie commune d'an et jour et la confusion des meubles. Ce sont surtout de telles communautés qu'envisagent plusieurs coutumes rédigées du xvie siècle (Perche, Poitou, Angoumois, Saintonge, Orléans, Nivernais, Bourbonnais). Ces communautés ont été particulièrement développées dans les périodes d'insécurité politique et économique. Elles constituaient des « alliances intégrales [...] pour mieux résister aux dangers et pour mieux supporter les charges d'une vie difficile ». La communauté a un chef — frère aîné ou chef désigné par le groupe — dont les pouvoirs sont limités ; à l'intérieur de la communauté chaque chef de famille exerce puissance paternelle et autorité maritale. Le chef représente le groupe vis-à-vis de l'extérieur. Il passe des actes dans l'intérêt commun.

Les communautés taisibles persistent en principe à travers les générations, et cessent en fait d'exister par suite de la disparition de leurs membres ou de l'éclatement du groupe, devenu trop nombreux. Le partage pouvait par ailleurs être demandé par l'un des membres du groupe selon des modalités variables, et plus ou moins facilement, compte tenu de la force des liens communautaires.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Encyclopædia Universalis. TAISIBLE COMMUNAUTÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009