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CRONIN ARCHIBALD JOSEPH (1896-1981)

A. J. Cronin demeure l'un des romanciers les plus traduits, les plus diffusés, les plus adaptés par le cinéma et par la télévision. Citons quelques titres parmi les plus célèbres : The Citadel (La Citadelle, 1937 ; film de King Vidor en 1938), The Stars Look Down (Sous le regard des étoiles, 1935 ; film de Carol Reed en 1939), The Keys of the Kingdom (Les Clés du royaume, 1941 ; film de John M. Stahl en 1944), etc.

Ce romancier est le type même de l'écrivain qui, du fait de son expérience humaine, a « quelque chose à dire » et, par là, bénéficie – ou pâtit – d'une réputation de transparence, de limpidité, d'émotion directe qui ne s'embarrasse pas de complications d'ordre littéraire. D'origine irlandaise, Archibald Joseph Cronin est né à Cardross (Dumbartonshire, Écosse). Il suit des études de médecine à Glasgow, exerce dans la Royal Navy au cours de la Première Guerre mondiale, devient praticien en pays minier, puis médecin inspecteur au pays de Galles, chargé des maladies professionnelles relatives à l'industrie du charbon. En 1925, il soutient une thèse sur les anévrismes. En 1926, il s'installe à Londres. Pour raison de santé, il doit interrompre bientôt la médecine et se met à écrire.

Lorsque paraît Hatter's Castle (Le Chapelier et son château, 1931), son premier roman, il a trente-cinq ans. Le roman bénéficie d'un accueil triomphal : Cronin ne sera plus qu'écrivain.

Dans Adventures in Two Worlds (Sur les chemins de ma vie, 1952), il raconte son cheminement personnel et les événements vécus qui vont former la matière essentielle de ses livres, matière plus ou moins romancée selon les titres.

Cronin est un homme profondément marqué par l'intolérance. Au fil des pages, on trouve souvent de ces Irlandais catholiques tenus de vivre leur enfance en terre protestante, donc hostile. Ainsi de Robert Shannon, l'orphelin de The Green Years (Les Vertes Années, 1944), mais aussi de Francis Chisholm, le prêtre peu conformiste des Clés du royaume. Le fanatisme religieux est une tare en soi qui sera dénoncée tout autant chez la hiérarchie catholique que chez les protestants. Il demeure chez Cronin une religiosité humaniste que décrit ainsi Francis Chisholm, missionnaire peu zélé du point de vue des comptabilités de conversions et qui se réfère autant à Laozi et à Confucius qu'aux Évangiles.

Autre thème fameux des romans de Cronin : la question sociale, les milieux de la mine... Mais n'est-ce pas essentiellement de réussite sociale que le romancier nous entretient ? Considérons ce personnage type : l'enfant doué des Vertes Années, originaire d'un milieu modeste où règnent souvent des individus incroyablement avares. Une malédiction de classe s'acharne sur Robert Shannon... jusqu'à ce qu'un miracle digne d'un conte de fées le sorte de sa condition. Au reste, Cronin n'est pas toujours aveugle aux conflits de classe ! La dénonciation contenue dans Sous le regard des étoiles est même assez surprenante, mais les problèmes socio-économiques finissent toujours par se réduire à des tares psychologiques simples qui, comme le bon sens, sont également partagées entre les ouvriers et leurs patrons. Les efforts de David Fenwick, élu député à la Chambre des communes pour défendre les revendications ouvrières, se soldent par un échec. La nationalisation des charbonnages n'est pas du goût de la Chambre et Fenwick, non réélu, retourne sans plus d'espoir à la mine.

Nulle surprise, dès lors, que le héros positif des romans de Cronin soit ce curé-médecin ou ce médecin-curé, comme on voudra, plein de droiture, qui possède le pouvoir du guérisseur mais dont la sagesse lui interdit d'abuser, personnage de basse extraction, monté à la force du poignet malgré l'adversité, héros que la société peu ou prou décourage, mais qui garde[...]

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Jacques JOUET. CRONIN ARCHIBALD JOSEPH (1896-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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