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MIREILLE MIREILLE HARTUCH, dite (1906-1996)

Née à Paris, nièce de l'inventeur des claquettes Charly King, fille d'un Polonais et d'une Britannique qui la firent tourner dans un film à Londres dès l'âge de six ans, sa première passion est le piano. Elle se tourne ensuite vers le théâtre. Elle a seize ans. Firmin Gémier, directeur du théâtre de l'Odéon, l'engage. Elle interprète Puck et Chérubin. Elle part également en tournée au côté de Pierre Fresnay. En 1928, elle rencontre le décorateur de l'Odéon, qui l'écoute improviser sur le piano du théâtre. Il lui présente son frère, avocat, qui écrit pour les enfants. Le premier est Claude Dauphin ; le second, Jean Nohain. Avec ce dernier, elle s'attelle à une comédie musicale « auvergnate » de cinq heures, Fouchtra. C'est un échec, mais aussi le début d'une carrière qui va faire de Mireille, jusqu'à sa mort, l'une des vedettes les plus populaires et les plus aimées de la chanson. En effet, une des mélodies de Fouchtra reprise en 1931 par Pills et Tabet fait un triomphe : c'est Couchés dans le foin. Mireille est alors à Hollywood où, après avoir joué pendant deux saisons une comédie musicale à Broadway (Bitter Sweet, de Noël Coward), elle tourne dans deux films, un court-métrage avec Buster Keaton et Le Procès de Mary Dugan, au côté de Charles Boyer. Prévenue, par un télégramme que lui envoie son père, du succès que connaît Couchés dans le foin, elle revient aussitôt à Paris et se remet au travail avec Jean Nohain. Ensemble, ils vont signer quelque six cents titres, du Petit Chemin qui sent bon la noisette au Vieux Château, en passant par Les Trois Gendarmes ou Quand un vicomte rencontre un autre vicomte, créés par les plus grandes vedettes (Maurice Chevalier avant la guerre, Yves Montand après la Libération...) ou que Mireille chante elle-même, seule sur scène, en duo avec Jean Sablon ou en trio avec Pills et Tabet.

La guerre et, plus encore, les mesures antijuives du régime de Vichy marquent un coup d'arrêt dans sa carrière. Mariée depuis 1937 à l'écrivain Emmanuel Berl, rédacteur en chef de la revue Marianne qui l'avait découverte sur la scène de l'A.B.C., elle gagne avec lui la Corrèze, où le couple abrite un moment André Malraux. À la Libération, Mireille regagne Paris, retrouve son public sur la scène et à la radio. Les amis, aussi : il y a là Morand, Colette, Camus, Cocteau... Et aussi Guitry qui déclare au début des années 1950, dans un article de l'Officiel des spectacles, que Mireille devrait diriger un conservatoire. Elle le prend au mot et obtient du directeur général de la radio, Paul Gilson, qu'il lui prête un petit studio pour six mois... En 1954, le Petit Conservatoire est né. Elle le dirigera jusqu'à sa mort.

De fait, reconnue comme compositrice et interprète, Mireille, pédagogue à la fois critique et complice, saura « dénicher » bien des nouveaux talents : parmi eux, Hugues Aufray, Colette Magny, Pierre Vassiliu, Ricet-Barrier, Jacqueline Danno, Monique Tarbès, Pierre Barouh, Hervé Cristiani, Frida Boccara, Alice Dona, Yves Duteil, Jean-Jacques Debout, Sylvie Joly, Françoise Hardy, Charlotte Julian, Sapho.

Présent depuis quatorze ans à la télévision, le Petit Conservatoire est évincé brusquement en 1974. Il se poursuit ailleurs, alors que Mireille, à soixante-dix ans passés, retrouve le public de Bobino. Promue chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du mérite, commandeur des arts et lettres, elle publie, en 1981, ses Mémoires, Avec le soleil pour témoin, et se produit une ultime fois sur scène en 1995 à l'invitation de Jérôme Savary, au Théâtre national de Chaillot.

— Didier MÉREUZE

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Écrit par

  • : journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à La Croix

Classification

Pour citer cet article

Didier MÉREUZE. MIREILLE MIREILLE HARTUCH, dite (1906-1996) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • NOHAIN JEAN (1900-1981)

    • Écrit par Robert de LAROCHE
    • 700 mots

    « Vous êtes merveilleux, et bien de chez nous ! On l'applaudit bien fort... » Lancées par Jean Nohain au cours de l'émission de télévision « Trente-Six Chandelles », ces deux petites phrases ont fait sourire plus d'un Français ? À tel point que sous le masque de la gentillesse – non feinte – on a tendance...