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GOLDSMITH JIMMY (1933-1997)

Né à Paris en février 1933, James Michael Goldsmith est le fils d'une Auvergnate et d'un Britannique, avocat et administrateur de sociétés, issu d'une lignée de banquiers juifs allemands. Grand et élancé, pétillant, talentueux et provocateur, ce personnage aux belles façons savait plaire, mais aussi se faire haïr. Son parcours fut celui d'un financier plus attiré par le jeu que par les réussites industrielles, mais il avait l'âme d'un apôtre. Il aimait diffuser son hostilité à l'État-providence et à la mondialisation, manifester sa fibre écologique. Il se passionna pour la presse.

Enfant, il traversa la guerre entre les Bahamas et le Canada, avant d'atterrir en Grande-Bretagne en 1944, où il fut élève à Eton. À seize ans, après avoir misé 10 livres sur trois chevaux qui lui en rapportèrent 8 000, il quitta ce collège où il s'ennuyait. À vingt ans, il enlève en Bolivie Isabel Patino, fille d'un magnat de l'étain, pour l'épouser. Pour ses débuts en affaires, il achète en France une petite société pharmaceutique. Son expansion est si rapide qu'elle n'évite la faillite qu'à la faveur d'une grève bancaire de plusieurs semaines. Muni de la double nationalité française et britannique, Jimmy Goldsmith s'installe en 1960 à Londres et s'associe avec l'Irakien Selim Zilka pour créer la future chaîne de magasins Mothercare. Deux ans plus tard, il revend tout. De retour à Paris, en 1962, il garde l'œil rivé sur la Grande-Bretagne, où débute une vague d'offres publiques d'achat. En 1967, la société Cavenham, qu'il a créée en 1965, connaît de sérieuses difficultés. Avec un associé, il la sauve par un montage complexe, et fonde en France, en 1969, la Générale occidentale, qui se retrouve bientôt au sommet d'une pyramide de sociétés. En 1971, Cavenham lance un raid victorieux sur le groupe alimentaire Bovril et, peu après, rachète à Unilever sa participation dans les magasins alimentaires Lipton.

L'homme sait utiliser la Bourse pour arrondir sa fortune, vendant au plus haut pour racheter au plus bas. En 1974, alors que la place de Londres s'effondrait, il se tira d'affaire, car il jouissait de positions solides dans le secteur agroalimentaire, qui résista. En 1976, Goldsmith fut fait chevalier par la reine sur proposition du Premier ministre démissionnaire Harold Wilson. Pourtant, sir James fut peu apprécié par la City qui contestait ses méthodes. Ses sociétés cotées se prêtaient de l'argent, tandis que les fonds de pension qu'il gérait plaçaient leurs liquidités dans ses banques.

Il voyait des conspirateurs communistes partout, accusant le magazine The Economist d'être gangrené par les marxistes. Écœuré par l'élection de François Mitterrand en 1981, il émigre aux États-Unis, non sans avoir licencié auparavant le rédacteur en chef de L'Express (racheté en 1977 et revendu dix ans plus tard), Olivier Todd, qui ne partageait pas la même allergie, ce qui entraîna la démission de Jean-François Revel et de douze autres journalistes. Mais l'homme avait du ressort. À Wall Street, il réussit deux raids sur les groupes forestiers Diamond International et Crown Zellerbach, ce qui lui permit d'empocher 7 milliards de francs, entre 1981 et 1985. En 1987, pressentant le krach mondial d'octobre, il vend au cours de l'été la chaîne de distribution de détail américaine Grand Union pour 5 milliards de francs (il l'avait achetée en 1973 300 millions) et la Générale occidentale pour 1,5 milliard, ce qui lui permet de rire lors de la débâcle boursière. Enfin, en 1989, il tente sans succès, avec des groupes financiers alliés, une O.P.A. de 135 milliards de francs sur B.A.T., un conglomérat britannique tentaculaire (agroalimentaire, assurance, tabac).

C'est à cette époque[...]

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Philippe DENOIX. GOLDSMITH JIMMY (1933-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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