AURIOL JACQUELINE (1917-2000)
Première femme à franchir le mur du son en Europe, la Française Jacqueline Auriol, rivale et amie de l’Américaine Jacqueline Cochran, a été l’une des grandes aviatrices du xxe siècle.
Née Douet à Challans (Vendée) le 5 novembre 1917, Jacqueline Auriol est brevetée pilote de tourisme en 1948. Bru du président Vincent Auriol, elle prend goût à sa nouvelle vie jusqu'à ce terrible accident du 11 juillet 1949, survenu sur la base des Mureaux, non loin de Paris, alors qu'elle était passagère à bord d'un petit amphibie SCAN-30 qui effectuait du « rase-flotte ». La jeune femme, véritable miraculée, subit vingt-deux opérations douloureuses. Elle profite de ses convalescences pour parfaire son apprentissage de pilote.
Brevetée pilote militaire et de transports publics en 1950, pilote d'hélicoptère américain et français en 1951 puis pilote moniteur de vol à voile, Jacqueline Auriol deviendra pilote d'essai au Centre d'essais en vol. Surtout, elle se lance dans une compétition de haut niveau qui l'oppose à Jacqueline Cochran. Ces deux aviatrices, amies hors du cockpit, se rendent vite populaires par cette rivalité aérienne à rebondissement, dont chaque épisode – la victoire de l'une sur l'autre – promet une suite palpitante menée à coups de records du monde.
En 1952, avec 855 km/h atteints sur Mistral, elle dépossède Jacqueline Cochran de son record de vitesse. Les deux femmes vont désormais se surpasser, d'autant plus que le 15 août 1953, à Brétigny, Jacqueline Auriol, sanglée dans un Mystère-II, devient la première aviatrice européenne à franchir le mur du son. Cet exploit avait déjà été accompli par sa rivale le 18 mai de cette même année, à bord d’un Canadair Sabre de série. Avec une vitesse de 1 031 km/h lors de ce vol, l’Américaine lui avait ravi son record de vitesse.
Au printemps de 1955, Cochran, alors vice-présidente de la Fédération aéronautique internationale, annonce pour le 1er juin l'abolition des records féminins, pirouette qui lui permet de détenir définitivement l'ultime record féminin de vitesse décroché le 18 mai 1953. Piquée au vif, Jacqueline Auriol crée la surprise le 31 mai 1955 : elle atteint 1 151 km/h sur son Mystère-IV-N, une performance qui contraint son « adversaire » à revenir sur sa décision. Et voici le duel relancé. Le 22 juin 1962, l'aviatrice française pousse un Mirage-III-C à près de 1851 km/h ; la réplique américaine tombe le 1er mai 1963, quand Jacqueline Cochran bat le record féminin de vitesse en circuit fermé de 100 km, avec 1 937,15 km/h ; Jacqueline Auriol le lui reprend le 14 juin de la même année avec 2 038,70 km/h. Certes, Jacqueline Cochran l’emporte finalement en 1964 avec une vitesse de 2 300 km/h, mais la Française n’a pas dit son dernier mot car, le 10 juin 1965, aux commandes d'un avion d'affaires Dassault Mystère-20, la seule femme alors pilote d'essai en France ajoute à son palmarès un record de vitesse sur 1 000 km à 859 km/h.
Après cette épopée couronnée à trois reprises par le HarmonTrophy, la plus haute distinction aéronautique, la grande aviatrice revient à la décoration, sa première vocation, avant de s'éteindre à Paris, le 11 février 2000.
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Écrit par
- Bernard MARCK : historien de l'aviation, membre de l'Académie de l'air et de l'espace
Classification
Média
Autres références
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COCHRAN JACQUELINE (1910-1980)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Bernard MARCK
- 794 mots
- 1 média
L’Américaine Jacqueline Cochran a été l’une des grandes figures de l’aviation et la première femme à franchir le mur du son.
Née le 11 mai 1906 à Muscogee (Floride), Jacqueline Cochran aurait été une enfant abandonnée. Placée dans une famille de fermiers, elle grandit dans la pauvreté et...