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HEIJI MONOGATARI

Second volet de la trilogie des chroniques épiques du Japon (Hōgen monogatari, Heiji monogatari, Heike monogatari), le Heiji monogatari, anonyme lui aussi, est, comme le Hōgen monogatari, divisé en trois livres, et les parentés de structures sont si voisines entre ces deux ouvrages que l'on a longtemps supposé que l'auteur en était le même. Les deux textes ont d'ailleurs subi le même sort : comme le Hōgen, le Heiji a très tôt été récité par les biwahōshi, rhapsodes aveugles à qui l'on doit sans doute les nombreuses interpolations et les différences de style qui distinguent les onze tranches de la tradition manuscrite. À noter l'existence d'un Heiji monogatari emaki, manuscrit illustré qui compte parmi les chefs-d'œuvre de la peinture du xiiie siècle et dont s'inspira le film La Porte de l'Enfer.

Le Heiji monogarari relate le coup d'État manqué de Nobuyori, courtisan lâche et corrompu, qui, en la première année de l'ère Heiji (1159), profitant d'un pèlerinage de Taira no Kiyomori, s'assure de la personne de l'empereur régnant et de l'empereur retiré Go-Shirakawa pour soumettre à ses caprices une cour terrorisée. Kiyomori regagne la capitale en hâte et trouve le palais occupé par les troupes de Minamoto no Yoshitomo (cf. Hōgen monogatari). Les Taira, sous la conduite de Shigemori, fils aîné de Kiyomori, attaquent le palais, mais sont repoussés par Yoshitomo et son fils aîné Genda le Mauvais, qui joue dans cette bataille, dont le récit occupe la majeure partie du livre second, un rôle analogue à celui de l'archer Tametomo, son oncle, dans le Hōgen. Les Minamoto attaquent à leur tour le château de Kiyomori, mais sont battus cette fois. Yoshitomo se retire, rencontre en chemin Nobuyori, qui s'est enfui pendant la bataille, le cravache en l'appelant « le plus grand pleutre du Japon », et finit lâchement assassiné par un de ses propres vassaux. Genda et Nobuyori sont exécutés, les Minamoto sont pourchassés et massacrés, à l'exception des plus jeunes fils de Yoshitomo : Yoritomo, qui est exilé dans les Marches orientales, et trois enfants en bas âge, qui doivent la vie à la passion que leur mère inspire à Kiyomori. L'un de ceux-ci sera le pieux Yoshitsune qui, vingt ans plus tard, exterminera les Taira pour le compte de Yoritomo, et celui-ci deviendra le fondateur de la première dynastie des shōgun qui, désormais, gouverneront le pays au nom des empereurs réduits à l'état de simples figurants sur la scène politique. Comme on le voit, Le Heiji ne prend toute sa signification que si on le rapproche du Hōgen et du Heike. L'ensemble constitue une parfaite illustration du principe bouddhique de l'impermanence des choses de ce monde et de la vanité des entreprises humaines.

— René SIEFFERT

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

René SIEFFERT. HEIJI MONOGATARI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HEIKE MONOGATARI

    • Écrit par René SIEFFERT
    • 1 586 mots
    ...rapprochement que l'on ne peut manquer de faire avec deux autres documents de tout temps mis en parallèle avec le Heike – le Hôgen monogatari et le Heiji monogatari, qui font le récit d'événements de peu antérieurs à ceux que rapporte ce dernier – permet d'avancer une hypothèse séduisante et convaincante...

Voir aussi