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GOLDMAN EMMA (1869-1940)

Militante célèbre du mouvement anarchiste des années 1890-1920 aux États-Unis, Emma Goldman est née le 27 juin 1869 dans une famille de la communauté juive de Kovno (aujourd'hui Kaunas), en Lituanie (Empire russe). Elle passe une partie de son enfance dans son pays natal, puis à Königsberg, en Prusse orientale (aujourd'hui Kaliningrad, en Russie). Sa famille s'installe à Saint-Pétersbourg en 1883. Elle reçoit une éducation formelle limitée, mais lit énormément et noue des relations avec un cercle d'étudiants anarchistes à Saint-Pétersbourg. En 1885, la jeune Emma émigre aux États-Unis et s'installe à Rochester, dans l'État de New York. Dans cette ville, et plus tard à New Haven, dans le Connecticut, elle travaille dans un atelier textile et trouve, parmi ses collègues, des groupes de socialistes et d'anarchistes avec lesquels elle se lie. À la suite des manifestations et de l'attentat de Haymarket (3 mai 1886), la répression des syndicats bat son plein aux États-Unis. Après avoir déménagé à New York en 1889, Emma Goldman s'associe étroitement à Alexander Berkman, qui sera incarcéré en 1892 pour avoir tenté d'assassiner l'industriel Henry Clay Frick lors de la grève de l'usine sidérurgique Homestead. L'année suivante, elle se retrouve à son tour emprisonnée à New York pour avoir incité, par un discours enflammé, plusieurs ouvriers au chômage à déclencher une émeute.

Libérée en 1895, Emma Goldman se lance dans une tournée de conférences à travers l'Europe et les États-Unis. Leon Czolgosz, l'assassin du président William McKinley, prétend s'être inspirée d'elle, bien qu'il n'existe aucun lien direct entre eux et qu'Emma Goldman ait à cette époque cessé de tolérer la violence comme moyen de parvenir à ses fins. Une fois Berkman relâché en 1906, les deux anarchistes reprennent leurs activités conjointes. Emma Goldman fonde la même année la revue Mother Earth, dont elle assurera la rédaction en chef jusqu'à son interdiction en 1917. Naturalisée américaine, elle sera privée de sa nationalité d'adoption grâce à une manœuvre juridique en 1908. Deux ans plus tard, elle publie l'ouvrage Anarchism and Other Essays, qui contient notamment l'essai The Tragedy of woman's emancipation (La Tragédie de l'émancipation féminine, 1978).

Emma Goldman dispense de nombreux et longs discours, non seulement sur l'anarchisme et les problèmes sociaux, mais aussi sur l'œuvre de dramaturges contemporains tels que Henrik Ibsen, August Strindberg et George Bernard Shaw. Elle joue ainsi un rôle non négligeable dans l'introduction de nombreux auteurs de théâtre européens auprès du public américain. Ses conférences sur le sujet paraîtront en 1914 sous le titre The Social Significance of the Modern Drama. Emma Goldman défend également l'« amour libre », qu'elle définit comme un attachement sans contrainte entre deux personnes n'accordant aucune importance aux conventions de la loi et de l'Église. Elle sera brièvement incarcérée en 1916 pour avoir osé parler publiquement de contraception et de contrôle des naissances.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en Europe, Emma Goldman s'oppose à l'entrée des États-Unis dans le conflit, puis provoquera des mouvements de foule contre la conscription militaire. En juillet 1917, elle est condamnée à une peine de deux ans de prison pour ces activités. Au moment de sa libération, en septembre 1919, le pays est tombé dans la paranoïa, persuadé de l'existence d'un vaste réseau d'agents communistes. Emma Goldman, surnommée Emma la Rouge, est déclarée étrangère subversive. En décembre, elle est déportée en Union soviétique avec Berkman et deux cent quarante-sept autres opposants politiques. Elle ne fera qu'un court séjour en U.R.S.S. Deux ans après son départ,[...]

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Universalis. GOLDMAN EMMA (1869-1940) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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