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BELOTE

La belote est aujourd'hui le jeu de cartes le plus populaire en France. C'est un jeu de levées avec atout pour les points, c'est-à-dire que certaines cartes – les figures, les as et les dix – ont des valeurs spécifiques, auxquelles s'ajoutent celles des combinaisons (séquences, carrés, « belote »). C'est ainsi que l'as vaut 11 points, le dix, 10 points, le roi, 4, la dame, 3, le valet, 2. On utilise un jeu de trente-deux cartes. Dans le jeu à quatre, les joueurs sont associés en vis-à-vis. Mais la belote se caractérise aussi par un changement hiérarchique à l'atout : le valet est alors promu au premier rang et vaut 20 points, suivi du neuf, qui en vaut 14. Le camp qui a marqué le plus de points gagne la partie.

La donne se fait en deux temps : on distribue d'abord cinq cartes à chacun, par trois puis deux (ou deux puis trois). On retourne la première carte du reste du paquet, qui désigne l'atout. À ce stade, les joueurs s'expriment sur leurs intentions en disant « je passe » ou « je prends ». Ce tour de parole constitue une forme élémentaire d'enchères. Le premier qui accepte la couleur d'atout proposée devient le « preneur » ; la carte retournée lui revient. Si tous passent au premier tour, un second tour autorise un joueur à choisir l'atout librement. Le donneur distribue alors les cartes restantes, de sorte que chacun a huit cartes en main.

Dès la première levée, les joueurs qui ont des combinaisons peuvent les annoncer : une tierce (trois cartes consécutives dans la même couleur) vaut 20 points, quatre cartes consécutives dans la même couleur, ou « cinquante », en valent justement 50, cinq cartes, 100 ; un carré ordinaire (quatre cartes de même valeur) rapporte 100 points, mais un carré de neuf en vaut 150 et un carré de valets, 200. À tout cela s'ajoutent « belote » et « rebelote », qui s'annoncent en abattant le roi ou la dame d'atout puis son conjoint. Enfin, la belote ne serait pas la belote sans le « dix de der » qui rapporte 10 points à celui qui fait la dernière levée.

La donne partielle de la belote classique rend aux yeux de certains le choix de l'atout un peu trop aléatoire. Comme nombre d'autres jeux de cartes, la belote s'est ouverte au principe des enchères initiales qui nécessitent la distribution complète des trente-deux cartes. Ces variantes évoluées – belote bridgée, coinchée, contrée, etc. – introduisent des paliers précis, inspirés ou non du bridge. Par exemple, la belote contrée ou belote aux enchères fonctionne par paliers de points dans une couleur annoncée : le mieux-disant remporte l'enchère et le droit d'imposer son atout.

La belote, qui est en France un jeu récent, fait partie d'une vaste famille, bien connue en Europe, qui plonge ses racines en Hollande et dont une des caractéristiques les plus remarquables est le changement d'ordre des cartes à l'atout (promotion du valet et du neuf).

C'est vraisemblablement à la fin du xviie siècle, en tout cas au xviiie, qu'apparaît en Hollande un jeu appelé jas, du nom donné au valet d'atout (abréviation de Jasper, prénom d'homme). À la fin du xviiie siècle, le jeu, qui nécessite encore trente-six cartes, émigre en Suisse où il est toujours bien vivant sous le nom de Jass. Le début du xixe siècle voit fleurir en Hollande plusieurs variantes dont le klaverjas (litt. « valet de trèfle »). Encore très populaire aux Pays-Bas aujourd'hui, c'est alors un jeu à trente-deux cartes pour deux joueurs, dont le fonctionnement est proche de notre belote simple à deux. Le klaverjas s'est ensuite répandu dans les pays d'Europe centrale, vraisemblablement diffusé par les communautés juives sous le nom de klabberjass. Le valet d'atout y est nommé jass, le neuf, menell, et le mariage,[...]

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Écrit par

  • : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu

Classification

Pour citer cet article

Thierry DEPAULIS. BELOTE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JEUX DE CARTES

    • Écrit par Thierry DEPAULIS
    • 3 136 mots
    ...premiers s'en tiennent au seul nombre de plis réalisés, indépendamment des cartes qu'on y trouve : le bridge, l'hombre, le boston illustrent le propos. Dans les seconds, on attribue aux têtes et aux as, parfois même aux autres cartes, des valeurs, dont l'addition déterminera le vainqueur : la ...

Voir aussi