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REPENTIR, peinture

Terme désignant une modification apportée à une peinture. Le repentir implique un travail beaucoup plus important que celui d'une simple retouche, car il intervient généralement pour des raisons esthétiques ou iconographiques. De nombreuses œuvres ont été modifiées, ce que révèlent la photographie aux rayons infrarouges, la radiographie (on citera deux exemples célèbres : le Noli me tangere de Titien, à la National Gallery de Londres, et la Bethsabée de Rembrandt, au musée du Louvre), souvent aussi l'aspect de la couche picturale due au repentir.

Son exécution est toujours très délicate à la peinture à l'huile, presque impossible a tempera, si l'on ne procède pas au préalable à un nettoyage très poussé de la première couche peinte. L'isolement des deux couches est en effet indispensable pour éviter le phénomène de diffluence de l'huile vers la couche sous-jacente, le risque d'embu (matité de la nouvelle couche) suivi parfois d'un phénomène de craquelures, si l'huile sèche moins vite par-dessous. La superposition de couleurs tend toujours à un obscurcissement du ton superficiel, à moins que celui-ci ne soit plus clair et plus transparent, mais, dans ce dernier cas, une réapparition de la forme sous-jacente est toujours possible. Il faut donc à la fois isoler les couches, « couvrir » sans excès, éviter l'obscurcissement ou le phénomène d'opalescence (effet optique de reflets) et de chargement non voulu d'un ton clair sur un ton beaucoup plus sombre.

Le repentir, que la technique à l'huile a encouragé, car elle permet de travailler dans le « frais », a été rendu beaucoup plus difficile avec l'emploi de l'huile non cuite et l'épaississement des couches. L'artiste doit utiliser un voile d'isolement composé de vernis à retoucher. Le repentir révèle un aspect essentiel du tempérament de l'artiste, qui, soucieux de la cohérence de l'expression finale et attentif aux valeurs sémantiques de son œuvre, n'hésite pas à la modifier en cours d'exécution.

— Jean RUDEL

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres et sciences humaines, professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, peintre et écrivain

Classification

Pour citer cet article

Jean RUDEL. REPENTIR, peinture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ART & SCIENCES

    • Écrit par Jean-Pierre MOHEN
    • 6 165 mots
    • 3 médias
    La radiographie des tableaux permet de faire de nombreuses découvertes au niveau de la couche picturale : elle révèle parfois des modifications dans la composition ou dans l'attitude des personnages. Ces repentirs éclairent l'évolution des intentions de l'artiste, qui met en valeur ou supprime tel geste...
  • REMBRANDT (1606-1669)

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 6 450 mots
    • 9 médias
    ...autres, en commençant souvent par les fonds, plus minces et moins opaques. Les examens aux rayons X, généralisés ces dernières années, révèlent de nombreux repentirs, de beaux passages obscurcis pour donner plus de relief à d'autres, témoignage d'une liberté créative revendiquée tout au long de la genèse picturale...

Voir aussi