REICH WILHELM (1897-1957)
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L'homme et l'œuvre
Reich est né dans une famille juive de Galicie, dans l'Empire austro-hongrois. Après des études de droit commencées à la fin de la Première Guerre mondiale, il entreprend une formation médicale qu'il achève en 1922. Au cours de ses études, il découvre l'œuvre de Freud, qu'il rencontre en 1919. À l'âge de vingt et un ans, il est admis à la Société psychanalytique de Vienne. Quelques mois plus tard, il y prononce sa première communication – « Conflits de la libido et formations délirantes dans Peer Gynt d'Ibsen » – qui témoigne déjà de son intérêt pour la sexualité, tout comme son premier livre important, publié en 1927, La Génitalité dans la théorie et la thérapie des névroses, ouvrage apprécié par Freud.
À Vienne, il exerce comme psychanalyste dès 1919 et participe à la création d'un séminaire de technique psychanalytique, qu'il dirigera par la suite, au cours duquel il développera ses idées sur le caractère et l'économie sexuelle. Il épouse en 1921 Annie Pink, une de ses patientes qui, sous le nom d'Annie Reich, fera une brillante carrière de psychanalyste.
En 1930, Reich quitte Vienne pour Berlin. Trois ans plus tard, l'arrivée des nazis au pouvoir le contraint à fuir l'Allemagne et à se réfugier au Danemark où il poursuit son combat politique. Commence alors une vie d'exilé. Déclaré persona non grata au Danemark, il doit partir pour la Suède. En 1937, il publie Réflexe orgastique, attitude musculaire et expression corporelle, ouvrage dans lequel il relate les résultats de sa tentative de mesurer les activités sexuelles à l'aide d'appareillages qu'il a lui-même conçus. À nouveau contraint de s'exiler, il quitte la Suède pour s'établir en Norvège, où il fonde en 1938 l'Institut de recherches biologiques d'économie sexuelle. C'est à cette même époque que Alexander Sutherland Neill, connu pour ses méthodes pédagogiques novatrices expérimentées à l'école de Summerhill, lui rend visite et s'inspire de ses conceptions dans son approche pédagogique de la sexualité. Il entreprit lui-même pendant six semaines une végétothérapie, nouvelle thérapie mise au point par Reich qui lui procura, selon ses dires, une aide bien plus essentielle que des années de psychanalyse.
Un an plus tard, Reich émigre définitivement aux États-Unis et s'installe en tant que professeur d'analyse caractérielle à la New school for social research. Il habite alors Forest Hill où il installe son laboratoire afin de poursuivre ses recherches. Il rencontre en 1939 Ilse Ollendorff, qu'il épousera en seconde noce. Il poursuit ses recherches sur ce qu'il appelle l'orgone, une énergie élémentaire qui serait de nature cosmique, visible, quantifiable et utilisable. En 1941, il rend visite à Einstein et lui expose ses idées sur la possibilité d'isoler et d'accumuler cette énergie. Il lui laisse un accumulateur d'orgone qu'il vient tout juste de construire. Il fabriqua ensuite un orgonomètre, à partir d'un compteur Geiger, dans le but de mesurer l'intensité du champ d'orgone et d'élaborer une équation orgonométrique. Certainement déçu par l'appareil que testa l'un de ses collaborateurs, Einstein ne répondit jamais aux lettres que Reich lui adressa par la suite.
L'ambition de Reich d'isoler et d'accumuler l'orgone suscite de fortes oppositions, et la justice américaine, sur plaintes de la F.D.A. (Food and Drug Administration) et de l'A.M.A. (American Medical Association) l'inculpe pour charlatanisme. Ses dernières théories comme sa certitude de pouvoir appréhender objectivement l'énergie cosmique sont considérées comme absurdes, voire dangereuses pour les malades, en les encourageant à rejeter les traitements allopathiques. Convoqué par la justice, il refuse de se présenter ; il est alors arrêté, condamné et incarcéré. Il meurt en prison à l'âge de soixante ans.
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Écrit par :
- Jacquy CHEMOUNI : docteur en histoire, professeur de psychologie clinique et de psychopathologie, psychanalyste
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Pour citer l’article
Jacquy CHEMOUNI, « REICH WILHELM - (1897-1957) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 01 juillet 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/wilhelm-reich/