VÉNUS, planète
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Structure interne
Le champ de gravité de l’ensemble de la planète a été estimé à partir des variations de l’accélération de la sonde Magellan mises en évidence par le décalage Doppler-Fizeau du signal radio émis depuis la Terre en direction de la sonde et retransmis vers la Terre (fig. 2). Les anomalies de gravité traduisent les changements du champ de gravité à l’échelle de la planète dus aux reliefs et aux variations de densité des matériaux à la surface ou en profondeur. À partir de ces données, une évaluation peut être faite du degré de compensation des reliefs, soit par une variation de l’épaisseur crustale, soit par des processus dynamiques mantelliques (convection). Sur Vénus, il existe une forte corrélation entre les anomalies de gravité et les reliefs, et cela à différentes longueurs d’onde. Cette corrélation indiquerait soit une très grande rigidité de l’intérieur lui permettant de supporter des surcharges topographiques à des échelles de temps géologiques assez longues, soit la formation relativement récente des principaux reliefs et, par conséquent, l’absence de compensation isostatique.
Une autre explication pourrait résider dans l’existence d’un support dynamique de la topographie. Les hauts reliefs comme Ishtar Terra, Ovda Regio (région occidentale d'Aphrodite Terra) pourraient être le résultat d'un épaississement crustal, comme le suggèrent les anomalies négatives de Bouguer et d'isostasie. Mais, Beta Regio et Atla Regio, autres hauts reliefs, seraient maintenus par des forces dynamiques liées à la présence de points chauds en profondeur, comme le suggèrent les anomalies de Bouguer négatives associées à des anomalies isostatiques positives.
Vénus apparaît comme une planète monoplaque dont la surface est affectée par des structures tectoniques et volcaniques distribuées sur l'ensemble de sa surface. À la différence de la Terre, régie par la tectonique des plaques recyclant les deux tiers de sa surface (plancher océanique) tous les 200 millions d'années environ, la dynamique de Vénus serait de type point chaud, conséquence majeure de l'absence d'eau liquide sur la planète. En effet, sur Terre, l'eau liquide est réinjectée au niveau des frontières de plaques en subduction, permettant, d'une part, de diminuer la viscosité du manteau terrestre, d'autre part, de créer un matériel secondaire constituant les roches continentales. Comme le suggère l'analyse des courbes hypsométriques de Vénus, un seul type de matériau constituerait la croûte vénusienne ; il s’agit d’un argument supplémentaire pour une dynamique interne de type primaire (point chaud). Enfin, l'âge récent de la surface, 500 millions d'années, suggère que celle-ci a été recyclée soit de façon catastrophique, c'est-à-dire lors d'une « tectonique des plaques » antérieure, soit de façon épisodique.
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Écrit par :
- Véronique ANSAN : maître de conférences en sciences de la Terre à l'université de Nantes, laboratoire de planétologie et géodynamique, CNRS et université de Nantes
- Éric CHASSEFIÈRE : docteur en physique, directeur adjoint du service d'aéronomie du C.N.R.S., Verrières-le-Buisson, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Philippe MASSON : doyen de l'U.F.R. sciences, université de Paris-XI-Sud
- Francis ROCARD : docteur ès sciences, responsable des programmes d'exploration du système solaire au Centre national d'études spatiales
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Pour citer l’article
Véronique ANSAN, Éric CHASSEFIÈRE, Philippe MASSON, Francis ROCARD, « VÉNUS, planète », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 24 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/venus-planete/