VARIATION GÉNÉTIQUE ADAPTATIVE
Il apparaît qu'il existe chez les organismes vivants des mécanismes cellulaires permettant de réguler le degré de variation du matériel génétique en fonction des vicissitudes de l'environnement. Si le milieu ne dirige pas les variations génétiques, il peut en modifier la fréquence d'apparition. C'est une donnée importante, qui change notablement notre vision des mécanismes adaptatifs... et qui devrait maintenant être prise en compte dans la théorie synthétique de l'évolution.
LE CONSENSUS DOCTRINAL
La manière dont le milieu intervient dans l'évolution des organismes vivants a fait l'objet, depuis deux siècles, de polémiques souvent passionnées. Deux grandes conceptions se sont opposées. Celle de Lamarck, qui postulait que les variations héréditaires bénéfiques, utiles à l'adaptation, étaient directement induites par les nécessités que le milieu imposait aux organismes : dans le langage des généticiens modernes cela se traduit en disant que le milieu induirait des mutations dirigées sur des gènes particuliers. Celle de Darwin, pour qui la variabilité héréditaire, produite de façon aléatoire, est présente en permanence dans les populations ; la sélection naturelle, véritable moteur de l'évolution, opère un tri parmi cette variabilité en favorisant les génotypes les mieux adaptés au milieu ambiant.
Le problème du déterminisme des mutations, dirigées par le milieu ou aléatoires, a constitué une question clé dès les débuts de la génétique. Plusieurs expériences réalisées sur des populations bactériennes dans les années 1940 avaient conduit à trancher en faveur de la conception darwinienne : les mutations se produiraient de façon aléatoire et ne seraient pas dirigées par le milieu environnant.
Actuellement, la théorie très largement admise, appelée théorie synthétique de l'évolution ou néodarwinisme repose sur l'idée que les variations génétiques (mutations géniques, remaniements chromosomiques, etc.) ne sont pas le produit d'une action directrice du milieu, mais qu'elles apparaissent fortuitement, l'environnement n'intervenant qu'après coup par le jeu de la sélection. Comme corollaire, on admettait également, jusqu'à une période très récente, que la fréquence d'apparition des mutations elle-même ne dépendait nullement du milieu et qu'elle était immuable quelles que soient les conditions ambiantes.
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Écrit par
- Jean-Claude BREGLIANO : professeur des Universités, professeur de génétique à l'université de la Méditerranée
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Pour citer cet article
Jean-Claude BREGLIANO, « VARIATION GÉNÉTIQUE ADAPTATIVE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :