TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES
Traitement
Le traitement des TCA vise à l’indispensable restauration du poids et (ou) à l’arrêt des crises de boulimie et comportements de purge, mais l’objectif de guérison est bien plus large, incluant des dimensions psychologique, sociale et relationnelle. La prise en charge d’un TCA doit donc être pluridisciplinaire et prendre appui sur quatre composantes complémentaires : médicale, nutritionnelle, psychiatrique et psychothérapeutique. L’orientation vers une équipe spécialisée est souhaitable, et un référent coordinateur des soins doit être désigné. La prise en charge ambulatoire est privilégiée, sauf urgence ou complication requérant une hospitalisation. L’ensemble des soins repose sur l’alliance thérapeutique, c’est-à-dire la création d’une relation de confiance entre le soignant et le patient, par laquelle l’un et l’autre s’entendent pour travailler ensemble à l’engagement du patient dans un processus de changement et de progression vers la guérison.
Suivi médical
Le suivi médical comporte une surveillance clinique (indice de masse corporelle, courbe staturale et pondérale, constantes hémodynamiques, évolution pubertaire, etc.), biologique et paraclinique, afin d’évaluer le degré de dénutrition, l’existence de carences et leurs retentissements somatiques. Il inclura la prévention, le dépistage et le traitement des comorbidités et complications somatiques avec, selon les besoins, la demande d’avis spécialisés pour des examens et (ou) soins complémentaires (cardiologie, endocrinologie, soins dentaires, ostéodensitométrie, etc.).
Hospitalisation
L’hospitalisation s’impose en cas de conduites alimentaires à dangerosité immédiate (aphagie complète, état de mal boulimique avec crises subintrantes), de complications somatiques aiguës, de signes cliniques annonciateurs d’une défaillance multiviscérale (bradycardie extrême ou tachycardie, hypothermie, hypotension sévère, insuffisance cardiaque, rénale ou hépatique aiguë) ou de signes biologiques de gravité. Une hospitalisation d’urgence est également indiquée en cas de décompensation aiguë d’une comorbidité psychiatrique, crise suicidaire, autres conduites à risque ou automutilations sévères. Le refus de soins dans des situations où le pronostic vital est engagé peut nécessiter des soins sous contrainte, qui sont régis par la loi sur proposition médicale.
Prise en charge nutritionnelle et diététique
L’objectif de la prise en charge nutritionnelle et diététique est de restaurer progressivement des habitudes alimentaires conformes aux besoins des sujets, en qualité et en quantité, afin d’atteindre et de maintenir un poids et un statut nutritionnel adaptés pour les adultes, ou une vitesse de croissance adéquate pour les enfants et adolescents. La prise en charge vise également à rétablir une alimentation spontanée, régulière et diversifiée, et à aider la personne à retrouver des sensations de faim et de satiété, ainsi que sa capacité à s’alimenter en société. Dans les cas de dénutrition sévère, une renutrition entérale par sonde nasogastrique doit être conduite de façon prudente et progressive pour éviter le syndrome de renutrition inappropriée. Avant toute réalimentation, la réhydratation et la correction des anomalies métaboliques sont obligatoires, avec apport de vitamines et oligoéléments, si besoin par voie veineuse.
Prise en charge psychiatrique
La prise en charge psychiatrique vise les dimensions psychologiques des TCA, tels la faible estime de soi, les troubles de la régulation émotionnelle, ainsi que les troubles psychiatriques comorbides qui interagissent avec les symptômes alimentaires. Les traitements psychotropes ont peu de place dans la prise en charge. Aucun d’entre eux n’a d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’anorexie mentale, et seule la fluoxétine à 60 mg/jour a reçu une AMM pour le traitement de la boulimie.[...]
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Écrit par
- Martine FLAMENT : psychiatre, professeure adjointe à l'université d'Ottawa, Ontario (Canada), ex-chercheuse à l'Inserm, Paris
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Médias