TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES
Épidémiologie
De plus en plus de personnes souffrant de TCA sont reçues en consultations médicales et psychologiques ; et l’intérêt pour ces troubles est croissant dans les médias et sur les réseaux sociaux. Toutefois, on sait que seule une minorité de ces personnes reçoivent une attention médicale. Ainsi, en France en 2012, moins de 50 % des personnes souffrant d’anorexie mentale étaient soignées, et en Suède, en 2009, seules 10 % des personnes atteintes d’hyperphagie boulimique étaient diagnostiquées. Il faut donc s’interroger sur la fréquence réelle de ces troubles. Les principales études réalisées en population générale en Amérique du Nord et en Europe ont estimé des taux de prévalence vie entière chez les adolescentes et les jeunes femmes de 0,3 à 0,9 % pour l’anorexie, de 1 à 2 % pour la boulimie et de 1,4 à 3,5 % pour l’hyperphagie boulimique. Chez les hommes jeunes, la prévalence à vie entière a été estimée à 0,3 % pour l’anorexie, 0,1 à 0,5 % pour la boulimie et 0,3 à 2 % pour l’hyperphagie boulimique. Au total, 8,4 % des femmes et 2,2 % des hommes souffriraient d’un TCA au sens large au cours de leur vie.
Il existe une certaine instabilité diagnostique entre les différents types de TCA durant les premières années de la maladie. Environ un tiers des cas d’anorexie mentale évolue vers la boulimie, et la boulimie peut évoluer vers l’hyperphagie boulimique. À plus long terme, le risque de chronicité est important pour tous les TCA, mais des guérisons tardives sont toujours possibles.
Une étude en 2008 a colligé les données de 119 séries de patients anorexiques suivis sur le long terme. En moyenne, après quatre ans, 32 % des patients étaient guéris, 33 % avaient vu leur état s’améliorer, 34 % étaient toujours anorexiques et 1 % étaient décédés ; après dix ans, 73 % étaient guéris, 8 % avaient vu leur état s’améliorer, 13 % étaient encore anorexiques et 9 % étaient décédés. Pour la boulimie, une étude en population générale publiée en 2009 a montré qu’après cinq ans, le taux de guérison était de 55 %, tandis que 27 % des répondants avaient encore un diagnostic de boulimie, et 18 % présentaient des symptômes résiduels. L’évolution de l’hyperphagie boulimique est, en termes de sévérité et de durée, comparable à celle de la boulimie ; cependant, les taux de rémission spontanée et ceux observés dans les essais thérapeutiques sont meilleurs que pour la boulimie et l’anorexie mentale.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Martine FLAMENT : psychiatre, professeure adjointe à l'université d'Ottawa, Ontario (Canada), ex-chercheuse à l'Inserm, Paris
Classification
Médias