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SURRÉALISME Surréalisme et art

Une conclusion nécessairement ambiguë

Les rapports entre l'« art surréaliste » et le surréalisme en tant qu'il se pense, aussi bien qu'entre cet art et le « monde extérieur » pris dans son évolution historique, devaient nécessairement être ambigus. Mais qui dit ambiguïté ne dit pas forcément ambivalence ou alternance. Dans la mesure où cet art participe authentiquement de la poésie (au sens que certains crurent exclusivement « moderne », et qu'en tout cas la modernité a développé suffisamment pour qu'on s'y réfère), il ne pouvait se vouloir que comme connaissance et comme aventure, spécialement loin de « toute captivité, fût-ce aux ordres de l'utilité universelle, fût-ce dans les jardins de pierres précieuses de Montezuma » (Breton). Ainsi s'explique le rejet qu'il a opposé, par exemple, à l'activité d'un Dalí, transformant sa méthode « paranoïa-critique », d'inspiration réellement surréaliste, en un simple véhicule de son propre retour à la peinture la plus académique, via Meissonier. Ainsi s'explique aussi bien la condamnation sans appel de toute peinture qui se soumettrait à des impératifs limités de propagande politique, en l'occurrence prétendument « réalistes » et « socialistes ». Position dont le manifestePour un art révolutionnaire indépendant, rédigé en 1938 par Breton et Trotski, représente moins l'accomplissement ou le programme intangible qu'une référence dont la valeur n'a pas décru en changeant, très largement, de contexte (on sait d'ailleurs que Breton ayant écrit : « Toute licence en art, sauf contre la révolution prolétarienne », Trotski lui-même biffa le dernier membre de phrase, comme pouvant prêter à de nouvelles équivoques).

Les phénomènes de « consécration » qui ont atteint tel ou tel des artistes afférents au surréalisme n'ont concerné ce dernier que d'une manière accidentelle. Réciproquement, le fait d'avoir placé sous le signe d'Erôs une exposition en plein « ordre moral » (1959), ou d'avoir repris et dépassé, en 1965, sur le thème fouriériste de L'Écart absolu, bon nombre des attaques qui s'élevaient dès lors contre la prétendue « société de consommation », s'il témoigne de la capacité d'insertion du mouvement dans « l'air du temps » (et parfois avec quelque avance...), n'implique rien de définitif quant à son essence, en tant même qu'elle se manifeste sur le plan artistique.

En 1952, Breton pouvait répondre à une interview que « les artistes non plus que les poètes modernes ne recherchent pas forcément la beauté » et que « ce qu'en particulier ont voulu les surréalistes c'est bien moins créer la beauté que s'exprimer librement ». Dans le même texte, il est frappant que Breton récuse les vues simplistes selon lesquelles le « progrès scientifique » aurait automatiquement une influence sur la vision « artistique » du monde. Il prend même un malin plaisir à souligner que parmi ses amis passés ou présents (Matta et Paalen exceptés) chacun peut paraître se référer à une science déterminée, mais que cette science appartient toujours au registre de celles qui sont tenues pour « maudites » ou pour mortes. Pour le reste, il ne renvoie l'artiste qu'au contact avec la nature, contact suivi « d'un repli, aussi prolongé qu'on voudra, sur lui-même ».

Vers 1960, l'activité artistique du surréalisme, dont l'humour et davantage encore peut-être l'érotisme faisaient les principaux frais, connaissait à la fois un regain d'intérêt de la part du public et un renouvellement dans ses moyens. Il faut citer à cet égard l'invention de costumes cérémoniels par Jean Benoît, puis l'activité de jeunes peintres (Hervé Télémaque, Jean-Claude Silbermann,[...]

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André Breton - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

André Breton

Exposition surréaliste de Londres - crédits : Evening Standard/ Getty Images

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