SIERRA LEONE
Nom officiel | République de Sierra Leone (SL) |
Chef de l'État et du gouvernement | Julius Maada Bio (depuis le 4 avril 2018) |
Capitale | Freetown |
Langue officielle | Anglais |
Unité monétaire | Leone (SLL) |
Population (estim.) |
7 752 000 (2024) |
Superficie |
72 929 km²
|
Une histoire marquée par la conquête, la traite et l'esclavage
Avant l'arrivée des Portugais, les Temné édifièrent un royaume qui résista aux attaques mendé. Leurs rois avaient soumis nombre de chefs locaux, tenus de leur payer tribut en or et en ivoire, et s'adonnaient au commerce des esclaves. Parallèlement à la conquête temné, les Portugais implantent des établissements commerciaux sur la côte. Car, du xvie au xviiie siècle, le vaste estuaire du Rokel de la rivière Seli est fréquenté avec assiduité par les trafiquants d'esclaves européens qui seront en permanence en conflit avec les autres négriers mouillant dans le golfe de Guinée.
C'est dès le milieu du xvie siècle que les Anglais commencent à prêter intérêt à la Sierra Leone. En 1592, la reine Élisabeth Ire délivre des patentes à des négociants anglais pour commercer le long du golfe de Guinée, du río Nunez à la Sierra Leone. Ensuite, Jacques Ier concède une charte exclusive de commerce « guinéen » à la Company of Royal Adventurers of London Trading to Africa. En outre, en 1662, Charles II délivre une nouvelle franchise à cette dernière dont la faillite entraînera la création d'une nouvelle compagnie en 1672, la Royal African Company. Celle-ci reçoit le privilège de fournir annuellement trois mille nègres aux Indes occidentales britanniques (Antilles). Mais, en 1697, le gouvernement britannique abolit ce privilège, ce qui libéralise entièrement le commerce « guinéen » et entraîne une aggravation des horreurs de la traite liée à la concurrence entre trafiquants et aux rivalités entre fournisseurs.
À partir de la seconde moitié du xviiie siècle, des mouvements philanthropiques, qui s'étaient développés autour de fortes personnalités comme Granville Sharp et en raison de la mobilisation de l'opinion, s'indignèrent en Angleterre et en Amérique de la traite négrière et de l'esclavage ; ce qui conduisit à leur interdiction et à la création de la Sierra Leone en colonie pour servir de terre d'accueil aux esclaves noirs libérés. En 1772, le ministre de la Justice de la Couronne proclame que sera libre tout esclave réfugié en Angleterre. La conséquence immédiate de cette mesure a été que de nombreux esclaves ont fui les plantations des colonies anglaises d'Amérique pour aller s'établir en Grande-Bretagne. Au lendemain de la guerre d'indépendance américaine où les Anglais ont été défaits en 1783, un grand nombre d'esclaves qui avaient combattu pour Londres se réfugièrent en Angleterre. Pour ces esclaves pauvres, dépourvus de ressources, Granville Sharp et les mouvements philanthropiques imaginèrent la création d'une terre d'accueil sur leur continent d'origine et constituèrent la Compagnie de Saint George chargée d'organiser leur retour.
C'est dans ce contexte que débarqua le 9 mai 1787 en Sierra Leone une colonie de trois cent cinquante esclaves affranchis et une soixantaine de prostituées blanches destinées à leur servir d'épouses. Mais la fièvre décima une grande partie de ces colons installés près de Kru Bay, dans la presqu'île de Freetown. Le Parlement britannique décida alors d'aider l'entreprise en fondant, en 1791, la Sierra Leone Company pour succéder dans cette tâche à la Compagnie de Saint George. En février 1792, elle débarqua à Kru Bay plus d'un millier d'esclaves affranchis, venus pour la plupart de Nouvelle-Écosse via la Grande-Bretagne. En accord avec le roi temné Naimbanna, la Compagnie de Saint George fonda, la même année, Freetown dont la population s'accroîtra rapidement à partir de 1800 avec l'arrivée d'autres « nègres marrons », venus de Jamaïque.
Cette croissance démographique connaîtra un essor plus important encore à partir de 1815, quand la marine de guerre britannique se[...]
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Écrit par
- Comi M. TOULABOR : directeur de recherche F.N.S.P. au C.E.A.N.-Science Po
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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