SCIENCESSociologie
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Sociologie des communautés scientifiques
La science et l'ordre social
Le contexte social et politique européen du milieu des années 1930, marqué par la montée des idéologies fasciste et nazie, fournit à Robert K. Merton l'occasion de la réflexion qui fixera le cadre des préoccupations des sociologues des sciences jusqu'au début des années 1970. Paru en 1938 sous le titre « La Science et l'ordre social », l'article de Merton part de l'observation fondamentale de Max Weber que la croyance en la valeur de la science n'est pas un fait de nature mais un produit de la culture. Il s'ensuit que la science ne peut se développer de façon continue que si certaines valeurs sont acceptées par la société et certaines structures institutionnelles sont en place. Merton illustre son propos sur les sources d'hostilité à la science en prenant l'exemple de l'Allemagne nazie, dirigée par Hitler depuis 1933. La conception raciale de la nation mise en avant par les nazis a pour effet indirect d'entraver le développement des sciences en éliminant des universités et des centres de recherche les savants juifs et autres « non-aryens » sans tenir compte de leur expertise. Alors que la science se veut implicitement et spontanément universelle, la doctrine raciale introduit un élément extérieur à la science qui ne peut que nuire à son développement. Plus généralement, un climat anti-intellectuel qui valorise les hommes d'action au détriment de la pensée abstraite peut avoir, à long terme, des effets néfastes pour la science. En somme, en devenant soumise au contrôle politique, la science perd son autonomie, laquelle est seule garante du bon fonctionnement du système de la science.
Merton, qui, avec son collègue Talcott Parsons, a fortement contribué au développement de la sociologie américaine d'inspiration fonctionnaliste, conçoit la société comme un ensemble de sous-systèmes relativement autonomes en interaction plus ou moi [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 9 pages
Écrit par :
- Yves GINGRAS : professeur, titulaire de la chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences à l'université du Québec à Montréal
Classification
Autres références
« SCIENCES » est également traité dans :
SCIENCES - Vue d'ensemble
L'organisation du savoir a cessé depuis longtemps d'être monarchique. Aux siècles de foi et d'autorité, la théologie était la reine des sciences. La philosophie était sa servante ou plutôt, comme gémissait Kant, sa suivante, alors que la philosophie, observait-il, n'a qu'un service à rendre : précéder et non pas suivre, marcher en t […] Lire la suite
SCIENCES - Sciences et société
On ne peut parler des rapports entre la science et la société ni du statut des sciences sans définir d'abord ce que l'on entend par la première. Si l'on admet que les phénomènes naturels obéissent à des lois et que ces lois sont connaissables, on peut dire que la science est l'ensemble de la connaissance des lois […] Lire la suite
SCIENCES - Sciences et discours rationnel
En première approximation, on pourrait dire que la science est un mode de connaissance critique. Le qualificatif « critique » doit être entendu ici en un double sens : il indique, d'une part, que la science exerce un contrôle vigilant sur ses propres démarches et met en œuvre des critères précis de validation, d'autre part, qu'elle élabore des méthodes […] Lire la suite
SCIENCES - Science et philosophie
La science et la philosophie furent longtemps inséparables. Dans l'Antiquité, la philosophie représentait la science suprême, celle « des premiers principes et des premières causes ». Les autres sciences, et notamment la physique, recevaient d'elle leurs fondements. Cette alliance s'est trouvée brisée au xviie […] Lire la suite
SCIENCES - Science et christianisme
Les scientifiques d'aujourd'hui s'étonnent souvent du temps qu'il a fallu pour découvrir des vérités scientifiques qui leur paraissent évidentes ; et ils expliquent volontiers cette lenteur par un obstacle extérieur, en l'occurrence la pensée chrétienne et l'autorité des Églises. C'est oublier d'abord que le christianis […] Lire la suite
SCIENCES - Science et progrès
La science entretient avec l'idée de progrès un rapport privilégié, à un double titre. D'une part, depuis le XVIIe siècle, la science est conçue comme le parangon du progrès, comme l'une des (rares) pratiques humaines où le progrès semble incontestable. Après tout, on peut discuter longuement pour savoir si le sens moral de l' […] Lire la suite
ANALOGIE
Dans le chapitre « Sémantique et syntaxe, signifié et signifiant » : […] Tout langage de description ou d'interprétation théorique utilisé dans les sciences de la nature comporte une sémantique et une syntaxe, la première portant sur les « objets » que l'on met en relation, la seconde sur ces relations elles-mêmes. Les données sémantiques sont au fond des dénominations qui sont censées résumer l'ensemble des propriétés (relations) que chacun des objets considérés peut […] Lire la suite
ANTHROPOLOGIE DES SCIENCES
L’anthropologie des sciences constitue, au sein de l’anthropologie sociale, le champ d’étude relatif aux faits de savoir, notamment naturels (botanique et zoologie au premier chef). Elle peut être saisie au sein d’une double généalogie : celle des ethnosciences d’une part ; celle de la sociologie des sciences – ou social studies of science – d’autre part. En tant que telle, elle hérite donc d’u […] Lire la suite
ARCHÉOLOGIE (Traitement et interprétation) - Les modèles interprétatifs
L'archéologie ne saurait se résumer à la simple collecte d'objets contenus dans le sol. Elle ne saurait non plus se cantonner, comme elle l'a longtemps été, au rôle d'une « auxiliaire de l'histoire », incapable par elle-même d'interpréter ses propres documents. Toute science dispose à la fois de faits – construits par ses techniques et méthodes d'observation – et de théories qui permettent d'int […] Lire la suite
CAUSALITÉ
Dans le chapitre « Vers la causalité scientifique » : […] Ainsi posées, ces questions sont à la fois essentielles et insolubles : elles relèvent d'un choix plutôt que d'un savoir. On s'est donc demandé : comment formuler l'idée de cause pour qu'elle puisse recevoir de l'expérience une confirmation ou une réfutation ? Le cheminement de la notion métaphysique à un principe utilisable en sciences a été graduel et lent : il a fallu, du côté de la philosophie […] Lire la suite
Voir aussi
Les derniers événements
France. Polémiques autour des projets de réforme de l'enseignement. 6-14 janvier 1983
Le 6, Louis Legrand, professeur de sciences de l'éducation à l'université Louis-Pasteur de Strasbourg, présente le rapport de la « mission d'étude pour l'amélioration du fonctionnement des collèges », mise en place un an auparavant par Alain Savary, ministre de l'Éducation nationale. Intitulé […] Lire la suite
Pour citer l’article
Yves GINGRAS, « SCIENCES - Sociologie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/sciences-sociologie/