ROUMANIE

Nom officiel

Roumanie (RO)

Chef de l'État

Klaus Iohannis (depuis le 21 décembre 2014)

Chef du gouvernement

Ludovic Orban (depuis le 4 novembre 2019)

Capitale

Bucarest

Langue officielle

Roumain

Unité monétaire

Nouveau leu roumain (RON)

Population (estim.) 19 165 000 (2021)
Superficie 238 397 km²

Langue et littérature roumaines

La langue

Le roumain est la langue officielle de la république de Roumanie et, sous le nom de langue moldave, langue d'État en république de Moldavie. Du point de vue linguistique, cette langue, parlée aussi dans les régions limitrophes de la Serbie, de la Hongrie et de l'Ukraine, est appelée le daco-roumain. Il y a également lieu de mentionner d'autres langues, proches du roumain, issues du latin parlé dans la Romania orientale ; parmi celles-ci, au nombre de locuteurs de plus en plus réduit, la plus importante est le macédo-roumain, ou aroumain, parlé en Macédoine du Nord (république de l'ancienne Yougoslavie), dans certaines régions de la Grèce septentrionale et de l'Albanie, ainsi qu'en Roumanie. Le haut plateau à l'ouest du Vardar, à cheval sur la Grèce et la Macédoine du Nord, constitue la zone du mégléno-roumain. À proximité du Monte Maggio (Učka Gora) dans l'ancienne Istrie (Croatie), les habitants de certains villages parlent l'istro-roumain, de plus en plus mêlé de serbo-croate et en voie d'extinction.

Problèmes d'histoire

Le grec et le latin

Dans le Sud-Est européen, deux grandes langues de culture se rencontrent, le grec et le latin. Les quelque vingt-trois mille inscriptions latines des Balkans permettent de concevoir l'importance et l'extension de la langue de Rome sur la péninsule. La ligne de démarcation qu'il est ainsi possible de tracer quitte la côte adriatique au sud de Durazzo (Dyrachium) en direction de l'est pour aboutir au lac de Prespa ; longeant ensuite la montagne du Balkan, elle rejoint la mer Noire à Varna (Odessus). On ne peut parler cependant de frontière, mais plutôt d'une vaste zone où la diglossie, voire la polyglossie, n'étaient pas rares. Le roumain, par exemple, n'a conservé certains traits morphosyntaxiques du latin, comme la déclinaison, abandonnée par les autres langues romanes, que par le contact avec le grec, dont la déclinaison est restée vivante, avec la caractéristique, commune aux deux langues, de la confusion entre le génitif et le datif. Les populations alloglottes (Thraces, Illyriens ou Celtes) participaient de ce voisinage. La langue albanaise, très marquée dans son lexique par le contact avec le latin, offre pour cette raison un très bon terrain de comparatisme avec le roumain.

La romanisation

Dans le prolongement de la Mœsie et de la basse vallée du Danube, le latin pénètre en Dacie à l'occasion de la conquête de la province par les légions de Trajan en 107 après J.-C. Ses locuteurs sont aussi bien les vétérans romains qui y font souche que la population dace, également appelée gète par les Grecs et sans doute apparentée aux Thraces, qui offre la langue de substrat. Le poète Ovide, exilé et mort en Dacie, en a probablement appris les rudiments. Entre 270 et 275, l'empereur Aurélien, sous la pression de tribus germaniques (des Goths en particulier), retire les légions de Dacie pour les redisposer au sud du Danube.

Sur ces événements, la documentation historique est lacunaire et diversement interprétée. Les linguistes n'en considèrent pas moins le roumain comme une langue romane autochtone, à continuité territoriale ininterrompue au nord du Danube, et non comme la langue d'un peuple nomade.

Les langues slaves méridionales

L'arrivée des Slaves à partir du vii e siècle dans les Balkans a pour conséquence importante de séparer définitivement les locuteurs du latin d'Orient tant de ceux d'Occident que de la référence à la culture latine écrite. Le schisme religieux de l'an mille, en plaçant la région dans la sphère orthodoxe de langue slavonne, lui donne une culture allophone et cantonne de ce fait le roumain à la seule expression orale. Le lexique et la phraéologie du roumain ont été profondément marqués par[...]

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Écrit par

  • Mihai BERZA : professeur à l'université de Bucarest, directeur de l'Institut d'études est-européennes
  • Catherine DURANDIN : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État
  • Alain GUILLERMOU : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire à l'Institut national des langues et civilisations orientales et à l'université de Paris-Sorbonne
  • Gustav INEICHEN : professeur à l'université de Göttingen.
  • Edith LHOMEL : chargée de cours à l'Institut d'études européennes de l'université de Paris-VIII, analyste-rédactrice aux éditions de la Documentation française
  • Philippe LOUBIÈRE : rédacteur en chef de Lettre(s), titulaire d'un D.E.A. de roumain, Institut national des langues et civilisations orientales, doctorant à l'université de Paris-III
  • Robert PHILIPPOT : professeur à l'Institut national des langues orientales vivantes
  • Valentin VIVIER : journaliste

Classification

Pour citer cet article

Mihai BERZA, Catherine DURANDIN, Alain GUILLERMOU, Gustav INEICHEN, Edith LHOMEL, Philippe LOUBIÈRE, Robert PHILIPPOT, Valentin VIVIER, « ROUMANIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Média

Roumanie : carte physique

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Carte physique de la Roumanie.

Roumanie : drapeau

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Roumanie (1848 ; modif. 1866 et 1989). La révolution de 1848 avait donné au drapeau roumain ses…

Monts  Făgăraș, Roumanie

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Dans les Carpates méridionales, la Transylvanie est dominée par un important massif montagneux, le…

Autres références

  • ROUMANIE, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • ANTONESCU ION (1882-1946)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 1 433 mots
    • 1 média

    Officier et homme politique roumain, Ion Antonescu est né à Pitesti en Transylvanie, qui appartenait alors au royaume de Hongrie. Il participe aux combats de la Première Guerre mondiale comme officier dans l'armée roumaine. Nommé attaché militaire à Londres, puis à Rome, il ne cache[...]

  • BANAT

    • Écrit par Violette REY
    • 2 608 mots

    Région située au sud-est de la plaine hongroise, à proximité du défilé des Portes de Fer par où le Danube perce l'arc carpato-balkanique. Sa vocation de passage et de carrefour utilisée dès l'époque romaine lui a valu bien des vicissitudes au cours de l'histoire : dévastée par les Ottomans, au[...]

  • BRASOV

    • Écrit par Violette REY
    • 2 037 mots
    • 1 média

    Fondée par les chevaliers Teutoniques au xiii e siècle sous le nom de Cronstadt, la ville roumaine de Braşov a été un foyer de colonisation saxonne en Transylvanie. Forteresse et centre commercial à proximité du passage des Carpates et sur le plus court chemin menant à Bucarest et à Constantinople,[...]

  • BRATIANU ION (1821-1891)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 1 082 mots

    Homme d'État roumain, Ion Bratianu fait ses études à Paris ; de retour dans son pays, il prend part à la révolution de 1848 et il fait partie du gouvernement provisoire. Après l'échec de la révolution, il se réfugie à Paris, où il continue à lutter en faveur de l'autonomie des principautés danubiennes.[...]

  • BUCAREST

    • Écrit par Philippe LOUBIÈRE
    • 3 996 mots
    • 1 média

    Capitale de la Roumanie, Bucarest est une agglomération de près de deux millions et demi d'habitants à la fin des années 2000, située à 200 kilomètres à l'ouest de la mer Noire et à mi-distance entre le Danube au sud et le piémont sud-est des Carpates au nord. Elle est arrosée par[...]

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Voir aussi