ROME ET EMPIRE ROMAINRome et la pensée grecque
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Les circonstances de la transmission
Dans l'ordre philosophique, les Romains auront été des traducteurs, avec tout ce que ce mot implique à la fois de dépendance à l'égard de l'original et de recours obligé à des choix, voire à des infléchissements parfois décisifs. C'est la dépendance qui paraît bien dominer jusqu'à l'époque cicéronienne, et ce d'autant plus que, si l'aristocratie romaine s'intéresse dès le iie siècle avant J.-C. à la philosophie grecque, cet intérêt ne se conçoit pas sans la pratique du grec et la fréquentation parfois personnelle des philosophes grecs. C'est ainsi que l'académicien Carnéade vient à Rome en 155 avant J.-C. à la tête d'une ambassade athénienne, de même qu'y viendra au siècle suivant, dans des occasions analogues, le stoïcien Posidonius. Du reste, les Romains cultivés ne dédaignent pas d'aller écouter sur place l'enseignement des philosophes grecs : à Athènes certes, mais aussi à Rhodes, où le même Posidonius aura pour auditeurs aussi bien Pompée que Cicéron. Dans l'introduction de la philosophie grecque à Rome, il faut mentionner le rôle joué par Scipion Émilien, le vainqueur de Carthage (mort en 129 av. J.-C.), qui s'entoure d'un cercle d'écrivains et de penseurs grecs, parmi lesquels l'historien Polybe et le philosophe stoïcien Panétius. Si les cheminements de l'influence stoïcienne sont les mieux connus, il semble que, dès la fin du iie siècle, des cercles épicuriens se constituent, notamment en Campanie, selon le modèle des communautés d'amis prêché par le fondateur de l'école.
C'est précisément à l'épicurisme que se rattache la première œuvre philosophique de langue latine, le poème de Lucrèce De natura rerum (Sur la nature des choses) édité, peut-être par Cicéron, après le suicide probable de son auteur, vers 54 ou 53 avant J.-C. Il s'agit d'une œuvre exceptionnelle par son style et qui sera l'une des sources le plus souvent revendiquées par le matérialisme moderne. Mais elle reste l'expression d'un esprit brillant et solitaire, peu représentatif de la société romaine.
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Écrit par :
- Pierre AUBENQUE : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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Pour citer l’article
Pierre AUBENQUE, « ROME ET EMPIRE ROMAIN - Rome et la pensée grecque », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/rome-et-empire-romain-rome-et-la-pensee-grecque/