ULTRABASIQUES ROCHES
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Types de gisement
Les gisements des roches ultrabasiques peuvent être rapportés à quatre types principaux, différant les uns des autres par la nature des roches qui y sont associées et par les rapports de l'ensemble avec l'encaissant. Les gisements étroitement liés aux vieux socles (Scandinavie, Galice, Massif central français), dont les caractères minéralogiques découlent essentiellement de l'action du métamorphisme régional, ne seront pas pris en considération ; la plupart des massifs de péridotite à grenat appartiennent à cette catégorie.
Les intrusions stratifiées péridotite-gabbro
Les intrusions stratifiées péridotite-gabbro forment des lentilles qui atteignent plusieurs kilomètres d'épaisseur, dont les structures sont parfois parallèles à celles de l'encaissant sédimentaire (gisements concordants). Les lopolites ou laccolites des gisements types (Rhum, Écosse ; Stillwater, États-Unis) sont formées pour leur plus grande part de l'association de roches ultrabasiques (péridotites et pyroxénites) et de roches basiques (gabbros à olivine, norites, anorthosites). En volume, le rapport des roches holomélanocrates aux roches gabbroïques est généralement inférieur à 1/10. Les différents types de roches sont disposés d'une façon déterminée et constante : les roches ultrabasiques, les plus denses, se trouvent dans la partie inférieure du gisement et sont surmontées par des gabbros dont la densité va en diminuant vers le toit du dispositif ; la partie supérieure est parfois occupée par des roches de composition granitique. Il existe d'autres caractères spécifiques remarquables :
– Le contact de la série avec les roches encaissantes est marqué par une bordure figée qui indique que l'intrusion s'est mise en place sous forme liquide ou partiellement liquide.
– Dans la plupart des gisements, un litage rythmique des formations, résultant de l'alternance de lits parallèles entre eux, tour à tour holomélanocrates et mésocrates, constitue des séquences plusieurs fois répétées sur une même verticale. L'explication de ces structures suppose un mécanisme de cristallisation fractionnée à partir d'un liquide et une différenciation par gravité des premières phases constituées dans le magma (phases d'accumulation) ; cette « sédimentation magmatique » s'accompagne parfois de la formation de figures sédimentaires analogues à celles qui caractérisent les séries de type « flysch ». Un effet thermogravitationnel (effet « Soret ») peut également rendre compte de certaines caractéristiques de ce litage.
Enfin, des concentrations d'intérêt économique en platine, chrome, nickel et cobalt sont génétiquement liées à quelques-unes de ces intrusions.
L'ensemble des caractères décrits à propos des intrusions stratifiées se retrouve dans les séries ophiolitiques. Celles-ci se distinguent par le lieu de leur mise en place, au niveau des dorsales océaniques, et, dans le cas type, par la présence, au sommet de la série, de spilites elles-mêmes surmontées par des radiolarites.
Les massifs de lherzolite et leur cortège
Les gisements – qui ont une surface allant de quelques mètres carrés à quelques dizaines de kilomètres carrés – sont pour l'essentiel constitués de lherzolites ou de harzburgites à spinelle. Les gabbros sont très rares, les roches associées, sous la forme de filons, aux péridotites étant représentées par divers types de pyroxénite, plus rarement par des amphibolites. Ces gisements sont souvent situés dans des orogènes récents (Alpes, Pyrénées, Cordillères bético-rifaines...), ce qui explique qu'ils soient encore très fréquemment appelés « péridotites de type alpin ».
Les lherzolites et les roches qui leur sont associées possèdent deux caractères qui suffisent à les distinguer nettement des intrusions stratifiées. Le premier est d'ordre structural : les roches sont dans leur masse affectées par des plissements isoclinaux et par une schistosité dus à des déformations plastiques sous des pressions élevées, comparables à celles qui doivent régner dans le manteau supérieur. Le second caractère est d'ordre minéralogique : la nature des paragenèses de même que la composition chimique des minéraux indiquent des conditions de cristallisation ou de recristallisation à des températures et à des pressions élevées correspondant à des profondeurs comprises entre 30 et 100 kilomètres, c'est-à-dire également dans le manteau supérieur.
Les lh [...]
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Écrit par :
- Fernand CONQUÉRÉ : ancien maître assistant au Muséum national d'histoire naturelle
- André-Bernard DELMAS : assistant de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique, Versailles
- Jacques KORNPROBST : docteur ès sciences professeur de géologie à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, directeur du centre de recherches volcanologiques
- Georges PÉDRO : directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique, membre de l'Académia Europaea
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Autres références
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Pour citer l’article
Fernand CONQUÉRÉ, André-Bernard DELMAS, Jacques KORNPROBST, Georges PÉDRO, « ULTRABASIQUES ROCHES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 20 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/roches-ultrabasiques/