FULLER RICHARD BUCKMINSTER (1895-1983)

Le pavillon des États-Unis
Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images
Le pavillon des États-Unis
Le pavillon des États-Unis réalisé par l'ingénieur Richard Buckminster Fuller pour l'Exposition de…
Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images
Connu pour être le père des coupoles géodésiques dont l'inspiration rejoint celle des grandes structures propres aux expositions universelles du xix e siècle, Richard Buckminster Fuller a vu sa carrière consacrée lorsqu'on a décidé de retenir sa structure sphérique de 76 mètres de diamètre pour représenter les États-Unis à l'exposition de Montréal en 1967.
Une doctrine globalisante
Né en 1895 à Milton (Mass., États-Unis), élevé dans une famille libérale de pionniers, Buckminster Fuller abandonne vite ses études à Harvard (1913-1915). Son passage comme volontaire dans la marine en 1917 le met au contact des problèmes que pose la rationalisation globale d'un système d'équipements destinés à la survie humaine. Après la guerre, sa tentative pour commercialiser un système de construction à partir de blocs de ciment isolants (le Stockade Building System), en collaboration avec son beau-père, architecte new-yorkais, le mène à la faillite. Il dénonce alors l'« ignorance méthodique » et les critères émotionnels et irrationnels qui président à la conception du domaine bâti.
Fuller élabore dorénavant une doctrine globalisante impliquant la révision complète des exigences de toute l'humanité et des potentiels techniques et énergétiques de la « planète Terre ». La « synergie », loi de coopération de forces distinctes, le comprehensive design, ou projet intégral, sont les concepts de base de sa pensée qu'il illustre par les projets de 1927 intitulés 4 D (4e Dimension). Avec un sens égal de la publicité et du slogan, il surpasse Le Corbusier en suggérant le réaménagement du territoire à l'échelle de la planète (Air-Ocean World Town Plan).
La maison Dymaxion de 1927 (dynamique plus maximum d'efficacité) est la matérialisation de la « machine à habiter », au vrai sens du terme et non plus au sens métaphysique tel qu'il a été formulé par le Bauhaus. Conçue pour un mode de vie futuriste – pour la vie « éternellement » nouvelle du « citoyen du monde » –, elle tire parti des techniques de préfabrication les plus avancées de la construction aéronautique. C'est le prototype industrialisé le plus élaboré jamais produit pour la maison, ancêtre de toute l'architecture de cellules produites en série, mobil-homes, capsules et modules encastrables (plug-in). Un mât central contenant les services complets de contrôle de la climatisation, du recyclage de l'eau, de l'élimination des déchets, de l'exploitation de l'énergie solaire à travers des lentilles soutient, par des câbles, des planchers et des parois de forme hexagonale réalisés en caissons d'aluminium et vitrages doubles. Les commandes des portes sont photoélectriques, les lits pneumatiques.
Fuller tentera avec peine de commercialiser les différentes versions de sa maison tout comme son « bloc sanitaire intégré », moulé d'une seule pièce. Il améliore patiemment les performances de son prototype jusqu'en 1940. Tout est perfectionné dans le moindre détail technique, jusqu'au système de douche par air comprimé et atomisé élaboré à la suite de ses études sur la détérioration de la peau.
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Écrit par
- François LAISNEY : professeur à l'université Louis-Pasteur, Strasbourg, architecte DPLG, urbaniste IUUP
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Pour citer cet article
François LAISNEY, « FULLER RICHARD BUCKMINSTER (1895-1983) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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