RÉCEPTION, art et littérature
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Littérature
Les études sur la réception s'intéressent au rôle structurant, dans l'œuvre, du destinataire. Qu'il soit lecteur ou spectateur, celui-ci permet d'actualiser ce qui, sans lui, ne pourrait exister qu'à l'état latent. Seule la réception permet à l'œuvre de s'inscrire dans l'histoire. Qu'il la rejette, l'oublie, la réhabilite ou l'encense, le destinataire détermine donc sa postérité.
Mais il détermine également le sens même de l'œuvre, dans la mesure où il peut être celui qui reçoit et actualise un roman ou une pièce de théâtre, et parfois celui qui produit. Car tout auteur est avant tout un lecteur, et chaque œuvre peut être considérée comme une réponse à une œuvre antérieure. C'est le sens, notamment, de la répartition canonique en « genres littéraires ». Le genre suppose en effet l'inscription de l'auteur dans une lignée qui le précède, dont il peut respecter les règles ou s'écarter. La trame, les thèmes, le style d'un roman s'inscrivent nécessairement dans une histoire littéraire, où les œuvres conversent. Le roman Ulysse (1922) de James Joyce fait ainsi écho à L'Odyssée d'Homère (viiie siècle av. J.-C.). De façon générale, l'existence de parodies, d'imitations, de transpositions d'œuvres d'un genre à un autre témoignent de ce que l'auteur est d'abord un lecteur. Gérard Genette parle à propos de ces œuvres dérivées d'œuvres antérieures, d'une « littérature au second degré, qui s'écrit en lisant » (Palimpsestes, 1982). De façon plus générale, toute littérature dérive d'une littérature antérieure. La tragédie Médée (1635) de Pierre Corneille répond à celles du Grec Euripide et du Romain Sénèque. L'actualisation de l'œuvre se réalise donc à travers sa réception, que celle-ci produise une autre œuvre ou qu'elle reste singulière. Mais comment, dans ce dernier cas, décrire l'action solitaire du lecteur de roman ?
D'abord, il arrive que la figure du lecteur soit explicitement inscrite dans l'œuvre. [...]
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Écrit par :
- Elsa MARPEAU : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de lettres modernes, docteure en lettres modernes et en arts du spectacle
- François-René MARTIN : ancien pensionnaire à l'Institut national d'histoire de l'art, chargé de cours à l'École du Louvre
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Pour citer l’article
Elsa MARPEAU, François-René MARTIN, « RÉCEPTION, art et littérature », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/reception-art-et-litterature/