POSITIVISME JURIDIQUE
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Une approche du droit
Dans le premier sens, le positivisme juridique est une certaine approche du droit selon laquelle le droit n'est pas lui-même une science, mais peut être l'objet d'une science qui se donne pour tâche de le connaître et de le décrire. Le positivisme juridique est alors une tentative pour construire une telle science. Certains positivistes soutiennent que cette science est spécifique parce que le droit n'est pas un objet empirique, d'autres qu'elle l'est aussi en raison de ses méthodes. D'autres encore cherchent à construire une science du droit entièrement empirique. Mais tous entendent au moins la construire selon un modèle dérivé des sciences empiriques.
En tant qu'approche ou en tant qu'épistémologie, le positivisme juridique entend fonder la science du droit sur le modèle des sciences empiriques. Cela implique d'abord et avant tout une distinction radicale entre le sujet et l'objet de la connaissance, c'est-à-dire ici entre la science du droit et le droit lui-même. Le droit est un ensemble de normes produites par des autorités compétentes et qui ordonnent, interdisent ou autorisent certains comportements. Les normes, étant des prescriptions, ne sont pas susceptibles d'être vraies ou fausses. La science du droit, elle, n'ordonne et n'interdit rien. Elle énonce seulement des « propositions de droit », qui décrivent les normes existantes et qui, elles, peuvent être vraies (si elles décrivent une norme qui existe réellement dans le droit positif) ou fausses. Il s'ensuit que cette science doit s'abstenir de formuler des jugements de valeur et doit se limiter à la description. C'est ce qu'indique le titre du livre du plus important des philosophes du droit positivistes, Hans Kelsen (1881-1973) : Théorie pure du droit. La théorie – mais non le droit – doit précisément être pure de tout jugement de valeur. Le positivisme juridique rejoint ici l'idéal de la neutralité axiologique (Wertfreiheit), formulé par Max Weber.
Une telle science doit se donner un objet susc [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 3 pages
Écrit par :
- Michel TROPER : professeur à l'université de Paris-X-Nanterre, membre de l'Institut universitaire de France
Classification
Autres références
« POSITIVISME JURIDIQUE » est également traité dans :
CONSTITUTION
Dans le chapitre « Constitution et pouvoir constituant » : […] Si la constitution est une norme, qui en est à l'origine et en vertu de quelle autorité ceux qui ont rédigé la Constitution l'ont imposée aux autres ? Délicate, la question a suscité et suscite encore diverses réponses. Nombre d'entre elles sont d'inspiration jusnaturaliste. Elles tendent à identifier une source de la constitution qui, dans le même temps, puisse lui servir de fondement. Elles con […] Lire la suite
DROIT - Économie du droit
Dans le chapitre « Théorie économique et théorie juridique » : […] L'intérêt de l'économie pour la compréhension du droit ne se limite pas à un rôle d'expert dans l'identification des effets des règles sur les comportements individuels. Il s'agit également de comprendre comment l'analyse économique permet de rendre compte des questions majeures de théories du droit, à commencer par celle de l'interprétation des normes (quel sens donner à la règle de droit ?). Ce […] Lire la suite
EXÉGÈSE ÉCOLE DE L'
Les commentateurs français du Code civil au cours du xix e siècle ont adopté une méthode dite exégétique par référence à l'exégèse biblique. L'habitude s'est prise depuis les travaux de Julien Bonnecase (1878-1950), pendant l'entre-deux-guerres, de les regrouper sous le nom d'école de l'Exégèse. Si cette notion avait un aspect polémique et apparaît aujourd'hui contestable au regard de l'absence […] Lire la suite
FRANCE (Histoire et institutions) - Le droit français
Qu'est ce que le droit français ? Si les enseignants spécialisés dans une branche particulière de ce droit n'éprouvent pas le besoin de répondre à une telle question, une présentation générale de cet « objet scientifique » nécessite quelques préalables méthodologiques. Les juristes positivistes considèrent qu'à chaque État correspond – et même s'identifie – un ordre juridique, c'est-à-dire un ens […] Lire la suite
KELSEN HANS (1881-1973)
Dans le chapitre « Science du droit » : […] La grande ambition de Kelsen a été de construire une science du droit sur le modèle des sciences empiriques, bien que le droit ne soit pas lui-même une réalité empirique, quelque chose dont on pourrait faire une expérience sensible, tel un phénomène naturel. La théorie de la science du droit de Kelsen relève d'une épistémologie positiviste, qui se caractérise en premier lieu par une distinction ra […] Lire la suite
Pour citer l’article
Michel TROPER, « POSITIVISME JURIDIQUE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/positivisme-juridique/