MONDRIAN PIET (1872-1944)
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Une pratique sérielle
Bien qu'il ait peint dès son plus jeune âge sous l'influence de son père et de son oncle – le premier, auteur d'affiches nationalistes et religieuses, et le second, membre influent de l'école de La Haye (version hollandaise et tardive de l'école de Barbizon) –, Mondrian mit fort longtemps à parvenir au style « néo-plastique », pour lequel il est justement célèbre : ce style n'émerge pas avant 1920, alors qu'il a près de cinquante ans. D'abord étudiant à la Rijksakademie d'Amsterdam (1892-1894), il y est fort médiocre et doit se contenter d'y suivre des cours du soir de dessin (1895-1897). Et même si les paysages de 1898-1908 font preuve d'une originalité croissante dans leur intérêt pour le cadrage et la frontalité (troncature du champ visuel et parallélisme de la structure interne de l'image avec les côtés du tableau), il serait faux de voir dans son œuvre tardive la simple continuation logique de ces toiles de jeunesse (proposée par Mondrian lui-même vers 1917 afin de faire pardonner au public l'aridité apparente de l'abstraction, cette interprétation allait conduire maints historiens et critiques à lire ses tableaux néo-plastiques comme la stylisation extrême de motifs naturels). Pourtant, une habitude de travail – la pratique sérielle – indique très tôt chez Mondrian sa difficulté à accepter pleinement les termes de la tradition picturale à laquelle il voulait encore appartenir. Avant même qu'il ne connaisse les séries de Monet, Mondrian s'intéressa à la tension s'établissant entre la structure générale d'un motif et la diversité possible de ses aspects : dès ses premières séries de paysages, il cherche toujours à retrouver le type, l'universel, l'invariant, sous le particulier, le contingent.
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 7 pages
Écrit par :
- Yve-Alain BOIS : professeur d'histoire de l'art à l'université Harvard
Classification
Autres références
« MONDRIAN PIET (1872-1944) » est également traité dans :
MONDRIAN / DE STIJL (expositions)
La dernière exposition monographique et rétrospective consacrée en France à l'œuvre de Piet Mondrian (1872-1944) datait de 1969 ; présentée à l'Orangerie des Tuileries, elle avait également été la première dans ce pays où l'artiste, Hollandais d'origine, avait pourtant passé près de trente années de sa vie. Depuis, et malgré le succès rencontré alors, […] Lire la suite
THE NEW ART - THE NEW LIFE, THE COLLECTED WRITINGS, Piet Mondrian - Fiche de lecture
L'œuvre picturale de Piet Mondrian (1872-1944) est l'une des plus radicales du xxe siècle. L'une des plus résistantes aussi. Son rejet de toute forme de représentation, la réduction de son vocabulaire esthétique à l'horizontale, à la verticale, et aux trois couleu […] Lire la suite
ABSTRAIT ART
Dans le chapitre « Abstraction, monochromie et fin de l'art » : […] La réduction moderniste conduit la peinture à la stricte monochromie, et on s'est demandé s'il s'agissait encore là d'art abstrait. Dans son journal, Yves Klein répond par la négative : il s'avoue « heureux de ne pas être un peintre abstrait ». Le premier tableau qu'il soumit à l'approbation du monde de l'art ne fut pas acceptée au Salon des réalités nouvelles de 1955. Les membres du comité d'org […] Lire la suite
BARRÉ MARTIN (1924-1993)
Dans le chapitre « Un abstrait entre lyrisme et géométrie » : […] Né le 22 septembre 1924 à Nantes, d'un père architecte qui l'a sans doute éveillé au sens de l'espace à l'échelle humaine, Martin Barré commence des études à l'école des Beaux-Arts de Nantes mais rejoint Paris, dès 1948, où il fréquente assidûment les musées et les quelques galeries d'avant-garde, tout en survivant grâce à de petits métiers. C'est en 1955 qu'il se manifeste véritablement en tant q […] Lire la suite
DÉVELOPPEMENT DU HAPPENING SELON ALLAN KAPROW - (repères chronologiques)
1922 Projetant la future dissolution de l'art dans la vie, Piet Mondrian écrit : « L'art est déjà en partielle désintégration – mais sa fin serait prématurée. Les conséquences du Néoplasticisme sont effrayantes. » Allan Kaprow prolongera cette intuition. 1943 Quelques années avant qu'Allan Kaprow ne s'en occupe définitivement, Piet Mondrian déclare encore : « Je pense que l'élément destructif es […] Lire la suite
ÉCRITS ET PROPOS, Willem de Kooning - Fiche de lecture
Dans le chapitre « « Peindre à l'oreille » » : […] Le langage de De Kooning est entièrement affecté par sa manière de voir et réciproquement. « Tout ce que je vois, affirme-t-il, devient mes formes et mon état. » Sans cesse, son propos revient donc sur cette optique particulière qui travaille son art et infléchit jusqu'à sa perception de l'abstraction géométrique inflexible d'un Mondrian. Chez ce dernier expliquait De Kooning en 1972, « l'illusi […] Lire la suite
GORIN JEAN (1899-1981)
Mondrian disait de Jean Gorin, de trente ans son cadet, qu'il était « le seul néo-plasticien français ». Mais si ce dernier ne manqua jamais une occasion d'affirmer sa dette à l'égard du maître hollandais, on peut aujourd'hui regretter que la reconnaissance de son œuvre ait quelque peu souffert de ce parrainage. Il faut en effet distinguer entre ses premières toiles néo-plastiques (1926), encore t […] Lire la suite
MODÈLE
Dans le chapitre « Modèle et « artefact » » : […] Si toute œuvre d'architecture s'ordonne à un modèle dont il arrive – comme on pourrait le montrer encore à partir de l'ordre classique – qu'elle impose elle-même l'idée sous une espèce visible peut-être inadéquate, partielle, sinon mensongère, la critique à laquelle prête, d'un point de vue théorique, l'épistémologie des modèles ne vaut pas dans un champ qui ne se distribue pas suivant une différe […] Lire la suite
PARIS ÉCOLES DE
Dans le chapitre « La première école de Paris » : […] Utilisée pour la première fois par le critique André Warnod (1885-1960) dans le journal Comoedia en 1925, l'expression « école de Paris » désigne alors la vague d'artistes étrangers venus participer à la vie intellectuelle de la capitale dans les deux premières décennies du xx e siècle. À cette époque, et notamment grâce aux expositions universelles qui l'ont consacrée Ville Lumière, Paris repr […] Lire la suite
PAYSAGE, peinture
Dans le chapitre « L'Europe » : […] L'Europe et le Proche-Orient ont eu une littérature érémitique et un culte des beautés naturelles comparables à ceux de l'Extrême-Orient. Cela est vrai si l'on en juge par la situation des plus anciens ermitages qui dominent de haut des groupes de montagnes et de vallées, des gorges et des forêts sauvages, des étendues d'eau. Toutefois, pendant tout le Moyen Âge européen, les éléments de paysage […] Lire la suite
Pour citer l’article
Yve-Alain BOIS, « MONDRIAN PIET - (1872-1944) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 29 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/piet-mondrian/