PHOTOGRAPHIE DE PRESSE

D'autres formes de narration

La notion de photojournalisme 2.0 est née avec l'avènement des médias en ligne dans les années 2000. Les sites de presse en ligne, qu'ils soient rattachés à un titre papier (Liberation.fr, lemonde.fr, le nouvelobs.com ou lexpress.fr) ou bien d'abord pure player (créés initialement uniquement sur support numérique comme Mediapart, Rue89 ou Bakchih), utilisent la photo et la vidéo comme des moyens d'informations complémentaires. Ne disposant pas d'une économie établie, ces sites ne sauraient néanmoins représenter une source de revenus pour les photojournalistes.

En 2009, la loi Hadopi a cherché à redéfinir les notions de diffusion des œuvres et de droit d'auteur sur Internet. Les contrats d'utilisation des photos de presse pour une première publication sont ainsi élargis à Internet avec une étendue des droits au sein d'un groupe cohérent de presse (des accords de branches doivent être entérinés). Les réutilisations suivantes sont gérées collectivement par les sociétés d'auteur.

De nouveaux moyens de produire des reportages pour Internet doivent être imaginés. Ainsi, l'agence Magnum lance en 2004 son propre magazine en ligne Magnum in motion.

À l'étranger, d'autres portails utilisent la photographie d'une manière prestigieuse. Il s'agit de blogs et de galeries en ligne qui mettent en valeur le travail des photojournalistes. Ainsi The Big Picture, une initiative du Boston Globe, publie chaque jour une photo d'actualité en grand format, tandis que le New York Times consacre son blog « Lens » au photojournalisme. Ce site publie des reportages photos que l'on ne trouve pas dans l'édition papier du quotidien.

À l'initiative d'une association, le projet éditorial photographique sur la France d'aujourd'hui, Territoires de fictions, est inauguré en 2005. Cette production d'un genre nouveau s'appuie sur des courts-métrages réalisés à partir de séries photographiques et de sons, baptisés P.O.M. (petite œuvre multimédia).

L'Américain Brian Storm, l'un des précurseurs du reportage multimédia, a créé en 2005 MediaStorm, un studio de production multimédia associant la vidéo, la photo et l'audio. Il diffuse ses séries sur le site du Washington Post ou produit des documentaires pour des agences photos comme VII.

Autre forme de narration, les web-documentaires naissent de la rencontre entre photojournalistes et concepteurs Web. Ces documentaires en ligne ont recours à l'interactivité et optent pour un mode de narration non linéaire. Thanatorama, l'une des premières créations de ce genre, est récompensé au Web Flash Festival en 2007 (festival francophone du contenu et de la création sur Internet). La société Upian, pionnière en la matière, est à l'origine de ce projet. Ces créations numériques sont soutenues par le C.N.C. (Centre national du cinéma et de l'image animée) à travers des aides aux nouveaux médias. De nombreuses autres bourses sont créées (bourse Dailymotion, prix Bayeux, bourses de la S.C.A.M., etc.). Les productions deviennent ambitieuses : ainsi de Gaza-Sderot (2008) coproduite par Arte.tv, Voyage au bout du charbon (2008) de Samuel Bollendorff et Abel Segrétin produite par Honkytonk Films, puis de Prison Valley (2010) de David Dufresne et Philippe Brault produite par Upian avec l'un des budgets les plus importants (environ 220 000 euros). Ces créations utilisent les moyens de diffusion en ligne comme les blogs, les réseaux sociaux ou les applications pour téléphone mobile. Un photojournalisme d'un nouveau genre est ainsi en train de voir le jour. L'arrivée des tablettes numériques préfigure la presse multimédia de demain (9,4 millions de visites par mois sur lemonde.fr via l'application iPhone en 2010, 150 000 visites via l'iPad). De son côté, Rupert Murdoch a annoncé le[...]