PÉTROLELa fin du pétrole : mythes et réalités
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
En attendant l'après-pétrole
Les transports, et surtout les transports par route, sont particulièrement visés car ce sont ceux dont la croissance est aujourd'hui la plus forte dans le monde. Dans le bilan pétrolier, la part destinée aux transports n'a cessé d'augmenter, représentant quelque 36 p. 100 de la production en 1960, 40 p. 100 en 1970, 49,2 p. 100 en 1990 et plus de 52 p. 100 dans le milieu des années 2000. Sur quelque 42 millions de barils mobilisés journellement par les transports, 80 p. 100 sont consommés par les transports terrestres, 15 p. 100 par le transport aérien et 5 p. 100 par le transport maritime. C'est la raison pour laquelle d'intenses recherches sont menées afin de réduire la quantité de CO2 rejetée par les véhicules automobiles : biocarburants, hydrogène et piles à combustible (avec la difficulté que l'hydrogène n'est qu'un vecteur, dont la synthèse, si elle n'est pas d'origine nucléaire, produit une quantité considérable de CO2) et, bien sûr, améliorations techniques concernant la combustion ou encore les systèmes hybrides.
Les avantages physiques qui ont fait le succès du pétrole dans les transports demeureront : densité énergétique, souplesse d'emploi et simplicité de distribution. Rappelons qu'un kilogramme de carburant représente une énergie de 40 mégajoules environ, à comparer au mégajoule que contient un kilogramme d'une batterie conventionnelle. Un autre avantage des hydrocarbures liquides est d'être à la fois une source d'énergie (aux coûts du raffinage près) et un vecteur énergétique, alors que l'hydrogène ou les batteries n'ont que cette seconde fonction, leurs applications supposant l'emploi d'une énergie primaire. Il n'en demeure pas moins que les carburants liquides d'origine fossile sont appelés à devenir plus coûteux, surtout si l'on taxe les émissions de CO2. Avec l'augmentation inévitable du prix du brut consécutivement au peak oil, cela devrait donc rendre compétitives les filières alternatives telles que les biocarburants classiques (transformation par fermentation de produits agricoles), voire des biocarburants issus de solutions encore plus innovatrices. Par exemple, on peut imaginer synthétiser des carburants liquides à partir de sources biologiques et d'hydrogène nucléaire, ce qui présenterait l'avantage de garder les motorisations et les circuits de distribution actuels en éliminant complètement les rejets de CO2 par les automobiles. L'association de l'hydrogène et de la pile à combustible est une voie souvent envisagée pour résoudre les problèmes d'environnement, ce système ne rejetant dans l'atmosphère que de l'eau. Toutefois, les problèmes posés par la distribution de l'hydrogène et le stockage à bord des véhicules sont loin d'avoir trouvé des solutions techniques, tandis que les incertitudes économiques sur l'ensemble de la chaîne risquent d'en compromettre longtemps la compétitivité.
Si nous ne sommes pas entrés, à proprement parler, dans l'ère de l'après-pétrole, il est devenu impératif de mettre en place les conditions permettant de faire aboutir industriellement des voies alternatives, par des efforts de recherche et de développement, ainsi que des politiques fiscales. D'ici à 2020, le pétrole jouera encore un rôle significatif, voire majeur pour les transports, mais nous aurons préparé la transition vers un système nouveau, dont aujourd'hui seuls les contours généraux peuvent être tracés.
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 4 pages
Écrit par :
- Claude JABLON : ancien directeur scientifique du groupe Total
Classification
Autres références
« PÉTROLE » est également traité dans :
PÉTROLE - Le pétrole brut
Le pétrole brut est un fluide constitué principalement d'hydrocarbures ; il contient également des composés organiques soufrés, oxygénés et azotés. On le rencontre dans les bassins sédimentaires, où il occupe les vides de roches poreuses appelées réservoirs. Les gisements de pétrole correspondent à une accumulation dans une zone où le réservoir présente des caractéristiques favorables et constitue […] Lire la suite
PÉTROLE - Géographie du pétrole
Dans les vingt années qui ont précédé le premier choc pétrolier, de 1953 à 1973, la production mondiale de pétrole brut a plus que quadruplé, progressant de 654 millions de tonnes (Mt) à 2 870 Mt. Sous l'effet de la hausse brutale des prix, initiée en 1973, sa croissance s'est ralentie et, après avoir atteint 3 190 Mt en 1979, le deuxième choc pétrolier a entraîné une baisse de la production, la r […] Lire la suite
PÉTROLE - L'exploration pétrolière
L'exploration (ou prospection) pétrolière a pour but la découverte d'accumulations d'hydrocarbures liquides et gazeux éventuellement solides, techniquement et économiquement exploitables. Ces gisements se rencontrent plus ou moins profondément dans les bassins sédimentaires où ils sont reconnus par des forages. L […] Lire la suite
PÉTROLE - L'exploitation des gisements
S'il incombe aux équipes de prospection de trouver des gisements, le rôle de celles qui sont chargées de la production est d'en tirer le meilleur parti. Essentiellement empirique d'abord, l'extraction des hydrocarbures, pétrole et gaz naturel, est progressivement devenue une technique étayée sur des bases sci […] Lire la suite
PÉTROLE - Le transport
Malgré les nombreuses et considérables variations de prix qu'il a connues depuis 1973, le pétrole conserve toujours dans le monde une place prépondérante, en tête des différentes sources d'énergie, soit 36,4 p. 100 en 2005, alors que les combustibles solides représentaient 27,8 p. 100 et le gaz naturel 23,5 p. 100. Pour la France, qui a largement dévelop […] Lire la suite
PÉTROLE - Économie pétrolière
L'industrie pétrolière moderne naît aux États-Unis, au milieu du xixe siècle, sous la pression de la demande de combustible pour l'éclairage. Trop chassée pour son huile, la baleine à spermaceti se fait rare. Le pétrole suintant à la surface, dont le colonel Ferris vient de découvrir la distillation (pour fabriquer du pétrole lampant, à utiliser dans […] Lire la suite
PÉTROLE - Le raffinage
Le raffinage du pétrole est une industrie lourde qui transforme un mélange d'hydrocarbures, appelé pétrole brut, en produits énergétiques, tels que carburant et combustibles, et en produits non énergétiques, tels que matières premières pétrochimiques, lubrifiants, paraffines et bitumes. Les produits sont ensuite acheminés vers le consommateur final, so […] Lire la suite
PÉTROLE - Le stockage
On entendra par pétrole l'ensemble des hydrocarbures, qui, selon leur composition chimique, les conditions de température et de pression où ils se trouvent, ont des aspects physiques divers. Les techniques de stockage visent, tout au long de la chaîne qui va de la production à la consommation, à emmagasiner le plus économiquement possible toutes sortes […] Lire la suite
ALASKA
Dans le chapitre « Économie et transports » : […] Le développement de l'Alaska est caractéristique d'une économie encore jeune : à des périodes de croissance explosive ont succédé des temps de stagnation et de reflux. C'est au commerce des fourrures, aux ruées vers l'or, aux dépenses militaires, et enfin à l'exploitation du pétrole que l'on doit ces expansions économiques et démographiques. De 1988 à 2006, l'économie s'est stabilisée et a progre […] Lire la suite
ALCANES
Dans le chapitre « Craquage et isomérisation » : […] Portés pendant un temps très court (de 0,5 à 2 s) à une température élevée (700-850 0 C), les alcanes en C 5 -C 9 , qui sont les principaux constituants des coupes de distillation des pétroles appelées naphtas, subissent une série de réactions de fragmentation homolytique et de recombinaison qui les transforment en un mélange de molécules à chaîne plus courte, saturées (alcanes) et insaturées (a […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
Claude JABLON, « PÉTROLE - La fin du pétrole : mythes et réalités », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/petrole-la-fin-du-petrole-mythes-et-realites/