PERSONNAGE, roman
ROMAN - Le personnage de roman
Un personnage romanesque est souvent héroïque, il n'est jamais un héros. Ce dernier accomplit avec une constance exemplaire un destin décidé par les dieux ou un dessein dicté par le devoir. Œdipe et Antigone, Achille et Ulysse, Lancelot et Siegfried, Hamlet et Macbeth ont en commun l'invariabilité : sauf en de rares moments de faiblesse ils vont dans le sens d'une même éthique supra ou extra-humai […] Lire la suite
AUTOBIOGRAPHIE
Dans le chapitre « Difficulté d'une définition » : […] Peut-on définir l'autobiographie ? Aucun critère purement linguistique ne semble pertinent. Rien ne distingue a priori autobiographie et roman à la première personne. Le je n'a de référence actuelle qu'à l'intérieur du discours : il renvoie à l'énonciateur, que celui-ci soit fictif ou réel (attesté par l'état civil). Le je n'est d'ailleurs nullement la marque exclusive de l'autobiographie : le […] Lire la suite
AUTOFICTION
Dans le chapitre « Aux sources d'un genre » : […] On peut replacer l'émergence de l'autofiction telle que la montre Fils dans l'évolution de la figure de l'auteur au cours du xx e siècle écoulé. Au début du siècle, Paul Valéry avait donné la règle d'or de la lecture littéraire : « Ne jamais confondre le véritable homme qui a fait l'ouvrage avec l'homme que l'ouvrage fait supposer. » Il aurait pu ajouter : « Ne jamais confondre la personne ré […] Lire la suite
AYMÉ MARCEL (1902-1967)
Dans le chapitre « Le campagnard et le citadin » : […] L'œuvre de ce conteur s'articule autour de deux sortes de lieux (campagne et ville), deux regards portés sur le monde (réalisme et fantastique) et deux styles d'écriture (sérieux et malicieux). Ces six lignes de force, plus quelques hybrides, se combinent trois à trois pour donner une douzaine de genres différents, de La Table-aux-Crevés (réalisme sérieux campagnard) au Passe-Muraille (fantastiq […] Lire la suite
BALZAC HONORÉ DE
Dans le chapitre « « C'est un créateur de méthode » (Baudelaire) » : […] Penser le monde et écrire le monde mettent en œuvre une même méthode. Postulat du discours balzacien de la méthode : la nécessité d'observer. « L'observateur est incontestablement homme de génie au premier chef » ( Théorie de la démarche ). « Penser, c'est voir », précise Louis Lambert . Cette observation, cette vue capables de « pénétrer les mystères » (Félix Davin), de « surprendre le sens caché […] Lire la suite
BECKETT SAMUEL
Dans le chapitre « L'éternel va-et-vient » : […] Tous les personnages des romans et des premières pièces de Beckett sont des errants. Quand ils ne vont pas par les chemins, c'est dans leur tête qu'ils vagabondent, tels Malone ou Hamm de Fin de partie (1957). Cette errance, dont les protagonistes, très courbés, voire effondrés et réduits à la reptation, semblent, selon une expression de l'auteur, « mourir de l'avant », nous fait penser à quelque […] Lire la suite
BIOGRAPHIE
Dans le chapitre « L'illusoire totalité » : […] Le biographique englobe aussi bien des notices de dictionnaire, des articles journalistiques (les nécrologies des personnalités, voire les petites annonces matrimoniales, etc.), des discours juridiques (la présentation de la vie de l'accusé par le président de tribunal) que des livres entiers. Ce polymorphisme impose d'examiner tout l'espace du genre, tant ses usages ordinaires que ses spécificati […] Lire la suite
BORGES JORGE LUIS
Dans le chapitre « Une esthétique de l'apocryphe » : […] Vagabond lettré, Borges se veut le flâneur qui s'adonne aux plus vastes déambulations livresques, dont « La Bibliothèque de Babel » est comme l'allégorie. Son œuvre suppose un prolifique mais jamais profus « théâtre de variétés » où le vernaculaire côtoie l'exotique, où les espions s'allient aux sinologues (« Le Jardin aux sentiers qui bifurquent ») et où les gangsters ourdissent des pièges cabali […] Lire la suite
BOUVARD ET PÉCUCHET, Gustave Flaubert - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Un « grotesque triste » » : […] En écrivant Bouvard et Pécuchet , Flaubert concrétise un projet qu'il porte en lui depuis longtemps. Doté dès son enfance d'une sensibilité exacerbée au « grotesque triste » de la vie, c'est très tôt qu'il invente, avec les figures du Garçon ou du Commis, les prototypes de l'imbécile sentencieux qui aboutiront au personnage du pharmacien Homais dans Madame Bovary . Ce roman, vaste catalogue de cli […] Lire la suite
BOVE EMMANUEL BOBOVNIKOFF dit EMMANUEL (1898-1945)
Né à Paris, le 20 avril 1898, d'un père russe, sans profession ni revenus définis, et d'une mère luxembourgeoise, Emmanuel Bove fait ses études à l'École alsacienne, rue d'Assas. Très jeune, alors que sa famille vit dans une situation difficile, il occupe divers emplois temporaires : conducteur de tramway, garçon de café, manœuvre chez Renault, chauffeur de taxi. Ces « petits métiers » sont autant […] Lire la suite
LA COMÉDIE HUMAINE, Honoré de Balzac - Fiche de lecture
Dans le chapitre « L'univers de « La Comédie humaine » » : […] À la charnière de 1834 et de 1835, avec Le Père Goriot , Balzac met en œuvre une importante découverte, celle des personnages reparaissants. Cette technique, déjà utilisée dans deux ou trois romans, va désormais être systématiquement employée, sauf pour quelques personnages âgés : le père Grandet, le père Goriot, le père Séchard, le cousin Pons. Le procédé offre au lecteur de cette œuvre immense d […] Lire la suite
CORTÁZAR JULIO (1914-1984)
Dans le chapitre « Nouvelles recherches techniques » : […] Marelle a été pour Julio Cortázar l'aboutissement d'une lente maturation. Mais c'était aussi un livre de propositions sur les manières possibles de concevoir différemment le réel et sur les formules littéraires capables d'exprimer ce regard différent. De ce point de vue, l'écrivain a tenu ses promesses puisque la suite de son œuvre apparaît comme un prolongement de certaines tentatives et un appr […] Lire la suite
LA COUSINE BETTE, Honoré de Balzac - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Requiem pour la monarchie de Juillet » : […] Dès sa publication dans Le Constitutionnel , La Cousine Bette remporta un « succès étourdissant ». Dopé par l'accueil du public, Balzac n'a cessé d'étoffer ce qui ne devait être au départ qu'une simple nouvelle, achevant son roman en moins de deux mois. Lui qui, à peine un an plus tôt, se sentait en perte de vitesse et confiait : « La Comédie humaine , je ne m'y intéresse plus », redevenait un a […] Lire la suite
LE COUSIN PONS, Honoré de Balzac - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Un testament balzacien ? » : […] C'est sur une vision totalement pessimiste de la société que se clôt l'épilogue de La Comédie humaine . L'homme est bien un loup pour l'homme et, comme lui, chasse en meute, toutes classes sociales confondues. « Crimes d'en haut » et « crimes d'en bas » ne présentent qu'une différence d'échelle, non de nature, et se rejoignent dans une même vénalité, écrasant inexorablement les faibles, les naïfs, […] Lire la suite
CRÉATION LITTÉRAIRE
Dans le chapitre « « Une histoire immortelle » » : […] La création littéraire exalte en outre sinon le « héros », du moins le « personnage ». La persona de l'actant littéraire peut aller du plus simple – le masque ou le costume obligé de l'emploi théâtral – au plus complexe, dans le roman psychologique ou dans l'épanchement lyrique de la poésie. Mais chaque fois s'opère une sélection des traits de personnalité, des situations et des actions des per […] Lire la suite
ROMAN D'ÉDUCATION ou ROMAN D'APPRENTISSAGE
L'ancienne épopée ou le roman de chevalerie racontaient par prédilection comment un héros prouvait à lui-même et au monde sa qualité de personnage héroïque ; c'étaient là les débuts du roman d'apprentissage ou d'éducation. On a employé l'expression roman d'éducation ( Bildungsroman ), en référence à un archétype du genre, Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister , de Goethe, pour désigner t […] Lire la suite
CYCLE ARTHURIEN DANS LA FANTASY
Dans le chapitre « Entre fidélité et innovation » : […] Tout inventives qu'elles soient, ces réécritures revendiquent avec un bel ensemble leur fidélité à des sources médiévales qu'elles n'hésitent pas à convoquer. Cela contribue à leur statut ambivalent, entre fiction merveilleuse et mise à jour de vérités immémoriales enfouies. Nos deux pionnières, Stewart et Bradley, s'appuyaient ainsi très directement sur deux intertextes majeurs : la source histor […] Lire la suite
DON QUICHOTTE
« Dans un village de la Manche, dont je ne saurais me rappeler le nom, vivait naguère un gentilhomme... », c'est ainsi que Cervantès faisait débuter l'histoire d'Alonso Quixada, Quesada ou Quijana, ce personnage à la cervelle dérangée par la lecture de trop de romans de chevalerie, qui, sous le nom de don Quichotte, allait conquérir le monde après avoir livré bataille à des moulins à vent qu'il p […] Lire la suite
FANTÔMAS
Créé en 1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain, lancé à grand renfort de publicité par l'éditeur Fayard, Fantômas , gigantesque cycle romanesque de trente-deux volumes, connaît un fabuleux succès jusqu'à la guerre de 1914. Fantômas, bandit sans visage, accumule les crimes monstrueux et lance des défis à la police, représentée par l'inspecteur Juve. Flanqué du journaliste Jérôme Fandor et de sa […] Lire la suite
FLEMING IAN (1908-1964)
Écrivain anglais, né le 28 mai 1908 à Londres, mort le 12 août 1964 à Canterbury, dans le Kent. Fils d'un parlementaire du parti conservateur et petit-fils d'un banquier écossais, Ian Lancaster Fleming voit le jour dans une famille nantie et privilégiée et reçoit son instruction en Angleterre, en Allemagne et en Suisse. Il est tour à tour journaliste à Moscou (1929-1933), banquier et agent de cha […] Lire la suite
GIRARD RENÉ (1923-2015)
Dans le chapitre « Le désir triangulaire » : […] La première grande hypothèse avancée par Girard est devenue l'une des bases de sa pensée ultérieure et elle a acquis une sorte de notoriété proverbiale, jusqu'à constituer pour beaucoup un élément de base de la culture contemporaine auquel il est possible de se référer comme à un acquis. Il vaut la peine d'examiner comment elle est formulée et argumentée. Dans Mensonge romantique et vérité romane […] Lire la suite
HERZOG, Saul Bellow - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Radiographie d'une névrose » : […] Herzog répudie bien des convictions et semble, en dernière analyse, une étude de la survie de l'esprit grâce à l'humour qui subsiste dans un univers d'idées. C'est de loin le roman le plus chargé de références à la vie de Bellow. Mais le moi de celui-ci, loin de faire intrusion, vient augmenter au contraire la précision et l'impact du réel. Comme de coutume, Bellow traite ses personnages secondair […] Lire la suite
HISTOIRE DE LA GRANDEUR ET DE LA DÉCADENCE DE CÉSAR BIROTTEAU, Honoré de Balzac - Fiche de lecture
Dans le chapitre « « C'est Socrate bête » » : […] Si Balzac eut tant de mal à venir à bout d'un récit qu'il comparait à une épine dans le pied, c'est qu'il hésita beaucoup sur le sens à lui donner. Avant de le ranger dans les Études de mœurs et les Scènes de la vie parisienne , il songea en effet à le faire entrer dans les Études philosophiques . L'histoire de ce parfumeur, tellement rongé par l'obsession du devoir qu'il en meurt, n'illustre-t-e […] Lire la suite
LES HOMMES DE BONNE VOLONTÉ, Jules Romains - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Une fresque historico-romanesque » : […] Dès Le 6 octobre , prologue de l'ouvrage, la technique narrative imaginée par Jules Romains pour traduire sa vision « unanimiste » du monde apparaît dans toute son originalité : plus de héros principal, plus d'intrigue, mais un enchaînement rapide de scènes brèves, passant d'un personnage et d'un décor à l'autre, et donnant l'illusion d'une simultanéité et d'une ubiquité. Dans la suite du roman, […] Lire la suite
JAMES BOND
James Bond, agent des services secrets britanniques « autorisé à tuer », fut d'abord le héros d'une douzaine de romans à succès que l'Anglais Ian Fleming écrivit de 1953 à 1964. Dès 1966, Umberto Eco y décelait « la pureté de l'épopée primitive traduite sans pudeur et avec malice en termes d'actualité ». Le cinéma s'en saisit du vivant de son créateur, avec James Bond contre Dr No (Terence Young, […] Lire la suite
JUIF ERRANT MYTHE DU
L'histoire de ce personnage légendaire contient, dès le début de sa diffusion, certains éléments constitutifs d'un mythe. Cependant, il lui manque, et ce jusqu'à l'époque romantique, cette « prégnance symbolique » dont parle Cassirer. À ses débuts, la légende n'est en effet qu'un canevas qui sollicite l'imagination populaire, d'où elle est sortie. En effet, dès son apparition, au xiii e siècle, l […] Lire la suite
LEWIS SINCLAIR (1885-1951)
Romancier américain né le 7 février 1885 à Sauk Centre, dans le Minnesota. Sinclair Lewis s'est rendu célèbre par son art de la satire sociale et la façon dont il s'en est pris, dans des romans brossés à larges traits, à la bonne conscience américaine. Il fut, en 1930, le premier écrivain américain à obtenir le prix Nobel de littérature . De son nom complet Harry Sinclair Lewis, il sortit de Yale […] Lire la suite
MALAMUD BERNARD (1914-1986)
Né à New York de parents juifs immigrants, épiciers à Brooklyn, Bernard Malamud fait des études littéraires au City College de New York pendant la Dépression. Titulaire d'un bachelor of arts d'anglais, il exerce divers métiers avant d'obtenir un poste dans le secondaire. En 1961, il est nommé à Bennington College, dans le Vermont : pendant plus de vingt ans, il y donnera des cours de creative wr […] Lire la suite
MICHON PIERRE (1945- )
Dans le chapitre « Le mythe personnel » : […] Né en 1945 dans un hameau de la Creuse (les « Cards », à côté de Chatelus-le-Marcheix), fils d'une institutrice suppléante, Pierre Michon est privé d'un père dès l'âge de deux ans. Il a laissé localement le souvenir d'un garçon gentil et appliqué, interne au lycée Pierre-Bourdan à Guéret pendant sept ans. Il engage ensuite des études de lettres à la faculté de Clermont-Ferrand, tout en s'essayant […] Lire la suite
MOLLOY, Samuel Beckett - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Les deux cercles de l'enfer » : […] Molloy est divisé en deux parties, de longueur sensiblement égale et de construction symétrique, écrites à la première personne par deux narrateurs distincts et a priori opposés. Dans la première partie, composée d'un seul paragraphe, Molloy, alité, raconte ses pérégrinations passées, qu'il a reçu l'ordre d'écrire. Parti à la recherche de sa mère, il erre en ville et dans la campagne environnante […] Lire la suite
MONOLOGUE INTÉRIEUR
Technique littéraire qui a joué un rôle important dans le renouvellement du roman au xx e siècle. Rendu fameux par l'usage magistral qu'en a fait James Joyce dans Ulysse (1922), le monologue intérieur (l'expression, dans son sens actuel, a été introduite par Valery Larbaud) a immédiatement suscité d'interminables et persistantes controverses portant sur sa nature exacte et sur son origine. Fau […] Lire la suite
MONSIEUR GALLET, DÉCÉDÉ, G. Simenon - Fiche de lecture
Monsieur Gallet, décédé paraît en 1931, année qui marque une étape décisive dans la vie de Georges Simenon (1903-1989). Celui-ci publie enfin sous son véritable nom, après neuf années passées dans l'ombre à apprendre le métier d'écrivain. De 1922 à 1924, il a fourni aux journaux d'innombrables contes. Puis il s'est lancé dans le roman, mais sous divers pseudonymes – dix-sept au total, dont George […] Lire la suite
MORAVAGINE, Blaise Cendrars - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Une force qui va » : […] Selon un artifice cher aux romanciers du xviii e siècle (à certains égards, Moravagine peut apparaître comme une sorte d'anti-Candide), Cendrars affirme, dans le préambule de l'édition originale, avoir reçu les manuscrits de Moravagine, dont ce texte devrait constituer la préface aux Œuvres complètes , des mains d'un certain R. (peut-être Raymond la science, l'anarchiste membre de la bande à Bonn […] Lire la suite
MUTIS ÁLVARO (1923-2013)
Poète colombien depuis longtemps reconnu par les amateurs dans son pays et dans toute l'Amérique latine , c'est par les romans du cycle de Maqroll le gabier qu'Álvaro Mutis a atteint un vaste public. Cette activité romanesque, qui l'oblige à abandonner des années durant une création poétique à laquelle il déclare sans cesse vouloir revenir, n'est cependant pas le signe d'une rupture : Maqroll, ce […] Lire la suite
NATURALISME
Dans le chapitre « Bas-fondsmanie ou dysfonctionnements ? » : […] Il est vrai que certains écrivains se sont plu à confronter certains de leurs personnages à toute une gamme de maladies et de vices qui peuvent affecter un être humain : l'alcoolisme ( L'Assommoir , Avant l'aube ), la syphilis, l'érotomanie ( Nana ), l'inceste ( La Curée ), l'hystérie, la folie meurtrière ( La Bête humaine ), et ont bâti des intrigues où prostitution, adultère, homosexualité, fana […] Lire la suite
NOUVELLE
Dans le chapitre « La nouvelle et la bourgeoisie » : […] « C'est un des privilèges de la nouvelle, écrit Guy Rohou, que l'être démuni ou étonné y raconte sa vérité. Peut-être parce qu'en peu de pages on ne peut conter l'histoire de beaucoup de personnages. Mais c'est aussi que cette forme littéraire, telle la tragédie classique, a pour objet la résolution d'une crise, la mise en mots d'une aventure ponctuelle, le compte rendu d'un fait, d'un rêve, d'un […] Lire la suite
L'ŒUVRE, Émile Zola - Fiche de lecture
Dans le chapitre « « La lutte contre l'ange » » : […] L'Œuvre est-il un roman à clef ? Oui, si l'on admet que chaque personnage est conçu à partir de plusieurs modèles. Claude et Sandoz, les deux amis d'enfance, rappellent naturellement Cézanne et Zola : le roman aurait d'ailleurs achevé de ruiner l'amitié entre les deux hommes. Pourtant, le dessein de l'auteur, ici, n'est pas d'encenser ou de condamner tel ou tel, mais de témoigner de la révolution […] Lire la suite
PAN, Knut Hamsun - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Une critique du monde moderne » : […] Toute la richesse de l'inspiration de Hamsun est ici présente : d'abord la grande nature sauvage du nord de la Norvège, ses forêts mystérieuses, la qualité incomparable de sa lumière, un accord instinctif avec les grandes pulsions animales et telluriques. Ensuite, l'analyse, par touches légères, des élans du cœur et de ses intermittences : Glahn est amoureux de l'amour plus que de la femme, et ses […] Lire la suite
LE PÈRE GORIOT, Honoré de Balzac - Fiche de lecture
Lorsqu'il commence d'écrire Le Père Goriot , en septembre 1834, Balzac (1799-1850) vit un moment décisif de sa création littéraire. Le principe organisateur des regroupements de romans par Scènes , puis par Études se découvre à lui dans toute sa dimension, et, dans une lettre à M me Hanska du 3 octobre 1834, il expose le plan de ce qui prendra en 1842 le nom de Comédie humaine . Une autre trou […] Lire la suite
PHYSIOGNOMONIE
Dans le chapitre « Les écrivains et la physiognomonie » : […] Beaucoup d'écrivains ont été des admirateurs et des partisans déclarés de Lavater. En Allemagne, il faut citer Goethe, qui fut un grand ami et collabora de près aux Fragments avant de se brouiller avec lui, mais aussi Jean-Paul Richter, Novalis, Schopenhauer... En France, Madame de Staël, Senancour, Chateaubriand, George Sand, Stendhal, Balzac, Baudelaire figurent parmi les lavatériens convaincu […] Lire la suite
LA PLAISANTERIE, Milan Kundera - Fiche de lecture
Dans le chapitre « L'Homme broyé par l'Histoire » : […] Articulé autour de sept chapitres dont chacun a pour titre le prénom du narrateur, le roman est raconté tour à tour par quatre personnages : Ludvík, Helena, Jaroslav, un vieil ami de Ludvík, et Kostka, un étrange médecin. Le dernier chapitre s'élabore autour de trois voix (Ludvík, Helena et Jaroslav), selon une structure polyphonique que nous retrouverons dans les autres romans de Kundera. Les réc […] Lire la suite
POINT DE VUE, littérature
L'usage du terme et de la notion de point de vue remonte probablement à l'œuvre de Henry James et aux préfaces qu'il écrivit pour un certain nombre de romans dans lesquels il fait un usage systématique et personnel d'un procédé littéraire déjà connu : raconter une histoire entière par le moyen d'un personnage fictif doté d'une existence à l'intérieur même du livre qu'il est en train de contribuer […] Lire la suite
POLICIER ROMAN
Dans le chapitre « Le détective » : […] Dans les histoires de Poe, le personnage essentiel est le détective. L'assassin importe peu et la victime encore moins. Le véritable héritier de Poe s'appelle Émile Gaboriau (1832-1873). Secrétaire du romancier Paul Féval, Gaboriau se lie avec un ancien inspecteur de la sûreté, Tirabot, lequel lui inspire L'Affaire Lerouge (1866). Considéré comme le premier roman policier dans le monde, ce texte […] Lire la suite
PORTRAIT, genre littéraire
Montaigne demandait pourquoi il n'était pas loisible « à un chacun de se peindre de la plume » comme tel personnage dont il cite l'exemple « se peignait d'un crayon ». Le développement du portrait littéraire (dont les Essais sont justement l'une des premières manifestations systématiques) est en effet lié au modèle pictural (le terme lui-même est un terme de peinture) et plus précisément à l'appa […] Lire la suite
PROUST MARCEL (1871-1922)
Dans le chapitre « Un langage à réinventer » : […] Le déplacement que subit l'intrigue de la Recherche est compensé par l'importance accordée au langage des personnages et d'abord à celui du premier d'entre eux. L'immense discours du narrateur, compte rendu de toute une vie, porte ceux des personnages, qui parlent plus qu'ils n'agissent, et se dévoilent dans leurs paroles, à condition de les analyser. Proust entend ses héros autant qu'il les voit […] Lire la suite
QUENEAU RAYMOND (1903-1976)
Dans le chapitre « Le romancier » : […] L'évidente importance des recherches et des découvertes langagières dans le travail de l'écrivain a conduit la plupart des analystes à négliger ses exceptionnelles qualités de romancier : Queneau est un admirable créateur de figures et un merveilleux conteur d'histoires. Ses personnages sont divers, bien qu'on puisse les répartir en deux familles assez homogènes : les héros et les gens ordinaires. […] Lire la suite
LA RABOUILLEUSE, Honoré de Balzac - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Une société sans père » : […] Si la morale est sauve, le récit n'en demeure pas moins l'un des plus noirs que Balzac ait écrits. Jamais autant de personnages n'avaient paru se consacrer à ce point au culte exclusif d'une passion qui les dévore. Goût du jeu chez la Descoings, amour maternel aveugle chez Agathe (« Tu es mère comme Raphaël était peintre ! Et tu seras toujours une imbécile de mère », lui dit Joseph), servitude v […] Lire la suite
RÉALISME (art et littérature)
Dans le chapitre « L'illusion réaliste » : […] Le paradoxe de l'histoire du roman est que les plus zélés défenseurs de l'esthétique réaliste, ou naturaliste, sont aussi les artistes les plus visionnaires, ou les plus formalistes. L'un d'eux, Guy de Maupassant, ne s'y est pas trompé. Il montre, dans le texte qui sert de préface à Pierre et Jean (1888), que ce que le lecteur prend pour le reflet de la réalité doit être tenu pour une « illusion […] Lire la suite
RÉCIT
Dans le chapitre « Le personnage » : […] Au cœur de tout récit, et relevant cependant d'une analyse qui n'est pas toujours purement narrative, le « personnage » occupe une position stratégique. Il est le carrefour projectionnel des lecteurs, des auteurs, des critiques. La question reste posée de savoir en quels termes il sera analysé, de définir un métalangage adéquat. Peut-il exister un récit sans personnage ? L'énoncé : « Il pleut », […] Lire la suite
RÉCIT TECHNIQUES DU
Tout récit implique un pacte dans lequel opèrent quatre termes : auteur, lecteur, personnage, langage. Qu'un seul de ces termes fasse défaut et la confiance disparaît, le pacte est rompu. Pour maintenir la cohésion de ces éléments, le narrateur peut assumer plusieurs rôles. Les manières de faire un récit sont extrêmement diverses, de l'anecdote au roman, du passé au présent, de la première à la tr […] Lire la suite
ROLAND BARTHES PAR ROLAND BARTHES, Roland Barthes - Fiche de lecture
Dans le chapitre « « Je est un autre » » : […] À sa sortie, le livre est vu comme un exercice ludique et une sorte de gag. Ce qui frappe d'abord le lecteur, c'est son aspect de pastiche. Des Écrivains de toujours , en effet, il copie la présentation, le format et surtout la forte présence de l'iconographie, dotée d'une valeur informative égale à celle du texte. C'est sur un petit album de photographies, assorties de commentaires, que s'ouvre l […] Lire la suite
ROMAN - Essai de typologie
En apparence, une œuvre romanesque est un discours suivi. En fait, un roman est une forme littéraire construite à partir d'une réalité elle-même structurée, ou du moins que le romancier perçoit comme organisée. Un groupe social, un problème ou un cas psychologique, un événement historique, un fait divers, une biographie peuvent être les matrices d'une œuvre de fiction. Quand cette forme première, […] Lire la suite
ROMAN - Roman et société
Le roman peut aussi bien traduire la réalité sociale que la trahir. D'une part, il est le mode d'expression artistique dont les relations avec cette réalité sont les plus amples et les plus précises : la fiction chinoise Le Rêve du pavillon rouge , les œuvres de Balzac , de Proust ou de Joyce auront retranscrit, chacun en son temps, une somme de rapports sociaux, et surtout le clavier des langage […] Lire la suite
ROMAN - Le nouveau roman
Dans le chapitre « Nouvelles techniques, nouvelle vision du monde » : […] Les débuts du nouveau roman ne coïncident pas par hasard avec ceux de la « nouvelle vague » (expression employée pour la première fois dans L'Express , à l'automne de 1957, pour désigner une nouvelle génération de cinéastes). Les films de la nouvelle vague présentent entre autres originalités une bande-son où les voix ne sont plus hiérarchisées de manière à permettre une claire écoute des acteurs […] Lire la suite
ROMAN D'AVENTURES
Dans le chapitre « Crépuscule de l’aventurier » : […] Cette morale paradoxale, qui consiste à utiliser abondamment le motif de l’aventure tout en refusant de considérer que la quête des aventures soit en soi positive, s’efface brutalement au tournant des xix e et xx e siècles. Plus exactement, une morale concurrente apparaît alors, qui eut pour effet de cantonner strictement le roman d’aventures au seul domaine de la littérature enfantine. Cela co […] Lire la suite
LE SANG NOIR, Louis Guilloux - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Le roman de la conscience malheureuse » : […] À la fois tragédie classique à la française, avec son unité de temps, de lieu et d'action, et scène de la vie de province, Le Sang noir a les apparences d'un roman de tradition, dans le droit fil de Balzac et plus encore de Flaubert, dont il semble avoir hérité le sens du grotesque triste. À l'instar de Madame Bovary , il se veut le procès de la bêtise et de la méchanceté des notables, dont Cripu […] Lire la suite
SIMENON GEORGES (1903-1989)
Georges Simenon est l'auteur d'une de ces œuvres qui sont à elles seules tout un univers. Marcel Aymé n'a-t-il pas dit de lui qu'il était “un Balzac, sans les longueurs” ? En effet, comme le souligne Alain Bertrand, “Simenon exprime peu pour sous-entendre beaucoup : nivelée jusqu'à l'indigence, sa prose gagne en suggestion ce qu'elle perd en expression”. Le romancier, qui s'est toujours senti plu […] Lire la suite
SPLENDEURS ET MISÈRES DES COURTISANES, Honoré de Balzac - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Un réalisme démoniaque » : […] « Tous les souverains aiment à connaître l’envers des tapisseries et savoir les véritables motifs des événements que le public regarde bouche béante », dit la femme du juge d’instruction. Montrer l’envers des tapisseries, tel est bien l’objet de Splendeurs . Certes, La Comédie humaine n’est qu’une constante mise en lumière des coulisses de la société, là où se trament les complots et les trafics. […] Lire la suite
STENDHAL
Dans le chapitre « Le romancier » : […] Chez Stendhal comme chez Balzac, Gautier, Baudelaire, l'expérience et la réflexion esthétiques ne se séparent pas de l'écriture. Stendhal, plus nettement que tout autre, est passé par cette méditation sur les arts pour élargir son idéal de beauté et de style : en apparence, il s'éloigne de la littérature, il la réduit à sa personne (le journal), il la déborde en découvrant les effets qui le passio […] Lire la suite
SYMBOLISME - Littérature
Dans le chapitre « La fin du système littéraire symboliste en France » : […] La fin du système littéraire ne marque pas celle du symbolisme. L'imagination du rythme comme mode de concordance entre l'être et la représentation poursuit sa carrière non seulement chez un Claudel ou un Barrès, mais chez Romain Rolland, Péguy ou Segalen. Le Mercure de France continue de jouer un rôle actif. En revanche, le système se défait, en trois étapes. Une première poussée a lieu avec So […] Lire la suite
LE TAMBOUR, Günter Grass - Fiche de lecture
À l'automne de 1959 paraît en République fédérale d'Allemagne un roman, Le Tambour . Ce premier volet de ce qui deviendra, avec Le Chat et la souris (1961) et Les Années de chien (1963), la Trilogie de Dantzig provoque aussitôt des polémiques. Ses détracteurs l'accusent d'accumuler les obscénités, les tirades antireligieuses, et de propager le « nihilisme ». Son auteur est à peine connu. Né en […] Lire la suite
TOMEO JAVIER (1932-2013)
Javier Tomeo, né le 9 septembre 1932 en Aragon, dans le village de Quincena (province de Huesca) et décédé le 22 juin 2013 à Barcelone, n’a eu de cesse d’explorer tout au long de son œuvre les handicaps physiques et mentaux de ses personnages, les plaçant dans des situations aux confins de la folie et de l’absurde, se plaisant à imaginer des êtres hybrides ou grotesques, comme l’évoque le titre d […] Lire la suite
URANUS, Marcel Aymé - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Une comédie noire » : […] En évoquant, dès 1948, la France de la Libération et de l'épuration, Marcel Aymé abordait un sujet sensible, sinon tabou, et beaucoup pensaient que l'ouvrage ferait scandale. Le but de l'auteur, toutefois, n'est pas de prendre parti et de montrer du doigt les « bons » et les « mauvais » Français. Sa répugnance à l'égard de tout manichéisme ne l'incite pas à rédiger une œuvre qui aurait des allures […] Lire la suite
VIES MINUSCULES, Pierre Michon - Fiche de lecture
Du Bartleby de Melville au Champion de jeûne de Kafka, sans oublier le Sous-Sol de Dostoïevski et le Jakob von Guten de Robert Walser, la littérature moderne a fait une large place à une forme paradoxale de l'héroïsme : au destin qu'on se crée à force d'actions exemplaires, elle a substitué l'échec volontaire, le retrait pratiqué comme une ascèse. Celle-ci se traduit alors aussi bien par un prog […] Lire la suite
VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT, Louis-Ferdinand Céline - Fiche de lecture
Dans le chapitre « « Jeter une bombe contre l'édifice de l'humanité » » : […] Au moment où la France sombrait dans la crise économique, où les nationalismes, les totalitarismes et les tensions belliqueuses s'exacerbaient, le livre exhibait crûment les tares et les plaies d'une époque. Et non content d'asséner un message d'une extrême violence, il sapait les normes du bien-écrire en faisant surgir, au cœur même d'un grand style emphatique et tourné en dérision, un langage or […] Lire la suite
LE VOYEUR, Alain Robbe-Grillet - Fiche de lecture
Dans le chapitre « L'homme sans visage » : […] C'est ainsi que de Mathias, la figure centrale du Voyeur , nous ne saurons presque rien : ni l'âge, ni le nom, ni les traits. C'est un voyageur de commerce venu passer la journée dans une île où, semble-t-il, il est né, afin d'y vendre des bracelets-montres. Si le personnage est à peine esquissé, l'univers où il pénètre fait l'objet d'analyses minutieuses, au travers d'un regard qui reste indéterm […] Lire la suite
ZOLA ÉMILE
Dans le chapitre « Un maître du récit » : […] Zola a mis au point très tôt les éléments de sa technique romanesque : le métier et l'art de la composition, l'aptitude à créer des personnages nombreux, bien typés et étroitement dépendants les uns des autres, et la maîtrise de la dynamique narrative. Avant d'écrire un roman, il construit plusieurs plans successifs, auxquels s'ajoutent un fichier des personnages et de nombreuses notes d'enquêtes […] Lire la suite
Adolf Schroedter (1805-1875), Don Quichotte plongé dans la lecture, 1834 Huile sur toile, (H 0,54 m ; L 0,46 m) Nationalgalerie, Berlin Dans le Moniteur universel daté du 26-27 décembre 1863, Théophile Gautier s'extasiait sur le frontispice de l'édition française dessiné par Gustave Doré...
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Alexandre Decamps (1803-1860), Don Quichotte et Sancho Pança, huile sur toile Musée des Beaux-Arts, Pau
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Avec Crime et châtiment (1866), Les Démons (1872), Les Frères Karamazov (1880), le romancier russe Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881) a élaboré un univers sombre où le vice et le crime mènent immanquablement à une forme d'apocalypse
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