LOUVRE PALAIS DU
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La résidence royale
Philippe Auguste conçut le Louvre comme une puissante forteresse jouxtant, à l'extérieur, le nouveau mur d'enceinte de Paris (1190). Symbole de la suzeraineté du roi, l'énorme donjon, dont l'entrée était située au sud, défendait la voie fluviale ; Philippe le Bel accentua l'aspect massif de la construction en élevant une série de remparts : le Louvre était devenu le dépôt du trésor de l'État et des archives, ainsi qu'un redoutable arsenal. Mais ce n'est que sous Charles V (en 1360) que le Louvre devint résidence royale, quand la forteresse, intégrée à l'intérieur de l'enceinte d'un Paris élargi, eut perdu son rôle stratégique. Plus qu'un palais, le Louvre de Charles V fut un lieu de repos où l'on transporta, par exemple, l'importante Bibliothèque royale. Une des miniatures des Très Riches Heures du duc de Berry montre l'aspect du Louvre à cette époque : le château, percé de nombreuses baies, est encore massif, mais orné de multiples toits pointus à fleurons et girouettes. Les successeurs de Charles V préférèrent séjourner, lors de leurs passages à Paris, à l'hôtel royal des Tournelles, laissant ainsi le Louvre à sa destination antérieure d'arsenal, et aussi de prison.
François Ier, de retour de captivité en 1528, s'était engagé à résider à Paris ; il décida de faire du Louvre un palais royal. Malgré les brillantes réceptions qui y eurent lieu (notamment celle qui fut donnée en 1540 en l'honneur de Charles Quint), le Louvre médiéval ne convenait plus à un roi mécène qui avait encouragé tant d'expériences artistiques novatrices dans ses résidences d'Île-de-France et du Val-de-Loire. Le donjon est rasé et, en 1546, l'architecte Pierre Lescot et le sculpteur Jean Goujon sont chargés d'élever le nouveau palais sur les murs mêmes de l'ancienne construction. Avec ces deux artistes, l'art de la Renaissance était introduit pour la première fois, sur une grande échelle, à Paris. Lescot, qui fut chargé des travaux jusqu'à sa mort en 1578, mena à bien son œuvre grâce à l'intérêt que Henri II porta à l'entreprise de son père : l'aile occidentale était achevée dès 1549, et, peu de temps après, Goujon terminait la salle des Caryatides et le grand escalier. La décoration des appartements royaux (due à Francisque Scibec de Carpi) se poursuivait, quand Henri II envisageait déjà d'amplifier le programme initial et faisait élever l'aile sud (en retour d'équerre) qui, continuée par ses successeurs, formera l'amorce de l'actuelle cour Carrée.
Salle des Caryatides du musée du Louvre
La salle des Caryatides du musée du Louvre, Paris, construite par Pierre Lescot de 1546 à 1549, doit son nom aux quatre figures féminines sculptées par Jean Goujon en 1550 pour soutenir la tribune des musiciens.
Crédits : Erich Lessing/ AKG-images
En 1564, Catherine de Médicis, désireuse de posséder une habitation personnelle, demande à Philibert Delorme de lui bâtir le château des Tuileries à l'ouest du Louvre. Dès lors, une nouvelle orientation s'impose au palais : sous le règne de Henri IV, on s'efforcera de l'unir aux Tuileries. La Petite Galerie, achevée en 1595, prolonge l'aile de Lescot en vue d'amorcer cette jonction ; le peintre Toussaint Dubreuil est chargé de la décoration d'une galerie des Rois. La Grande Galerie, ou galerie du Bord-de-l'eau, commencée en 1595 et achevée en 1609-1610 par Louis Métezeau et Jacques II Androuet Du Cerceau réunissait, en un long corps de bâtiment long de 470 mètres, la Petite Galerie et le pavillon de Flore, à l'extrémité sud des Tuileries. En 1624, Louis XIII décide de réaliser l'achèvement du quadrilatère oriental : doublant en longueur l'aile de Lescot et l'aile sud, il arrête définitivement le schéma de l'actuelle cour Carrée. Jacques Le Mercier construit le pavillon de l'Horloge (1624-1660) qui domine l'ensemble avec ses grandes sculptures de J. Sarrazin. À la mort de Le Mercier (1654), Le Vau est chargé de l'achèvement des travaux : aile nord et aménagement des appartements royaux (1661-1663). Mais le plus remarquable ensemble est la galerie d'Apollon (à l'emplacement de la galerie des Rois), où les peintures de Le Brun s'insèrent dans des stucs dus au ciseau de Girardon, de Regnaudin et des frères Marsy. La galerie d'Apollon ne sera achevée qu'au xixe siècle par Félix Duban et avec des compositions de Delacroix, Guichard et Müller, car l [...]
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Écrit par :
- Daniel RABREAU : professeur à l'université de Paris-I-Sorbonne, directeur du centre Ledoux
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Pour citer l’article
Daniel RABREAU, « LOUVRE PALAIS DU », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/palais-du-louvre/