MUSICALES (TRADITIONS)Musiques de l'Océanie
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Les instruments de musique
Les instruments de musique chez les aborigènes d'Australie se répartissent en deux catégories seulement, les idiophones et les aérophones. Les tambours en forme de sablier (avec étranglement au milieu) qu'on trouve au cap York sont une importation récente venue de Nouvelle-Guinée et des îles du détroit de Torrès. Les cordophones sont inconnus. Un peu partout en Australie se rencontrent des instruments à percussion de diverses espèces, mais le type d'idiophone le plus répandu est une paire de bâtons en bois dur qui résonnent lorsqu'on les frappe l'un contre l'autre et permettent un accompagnement rythmé du chant. On entrechoque aussi des boomerangs ; certains effets de percussion sont aussi obtenus par des musiciens qui battent des mains, se frappent le corps ou heurtent le sol en cadence avec des bûches. Mais les instruments australiens les plus connus sont le rhombe et le didjeridu. Le rhombe s'utilise essentiellement dans des cérémonies où il simule la voix d'êtres surnaturels ou d'esprits totémiques qui président à des rituels d'initiation. Sous peine de châtiments très durs, voire de mort, il est interdit aux femmes et aux jeunes non initiés de voir le rhombe, dont le secret n'est révélé aux jeunes hommes que lorsqu'ils ont subi les épreuves de leur initiation, et ont atteint l'âge adulte. Le didjeridu n'est rien de plus qu'un cylindre de bois creux d'environ 2 m, muni ou non d'un embout de cire ou d'argile. Pourtant les musiciens en tirent parfois des effets d'une virtuosité incroyable. Le son qu'il produit est une note fondamentale en bourdon, susceptible de diverses articulations rythmiques et de modifications de timbre presque infinies, qui alterne avec une harmonique flûtée. D'abord confiné à la terre d'Arnhem et au cap York, le didjeridu tend maintenant à s'étendre au sud et à l'est.
En Nouvelle-Guinée, l'instrument qui, presque partout, accompagne les danses est le tambour en forme de sablier ou de cylindre étranglé, tenu à la main (appelé kundu en pidgin). Les tambours à fente (appelés garamut en pidgin) sont utilisés principalement par les peuplades côtières et fluviales de langue austronésienne, surtout le long de la côte nord ; comme le kundu, ils servent à accompagner des danses, à transmettre les signaux et ont aussi un usage rituel. Les bâtons à percussion, sonnailles et raclettes sont les idiophones les plus courants. Les cordophones sont rares, à l'exception de l'arc musical ; un autre instrument dont le principe est le même que celui de l'arc à bauche, est la guimbarde. Pour la fabrication de la guimbarde, on pratique vers le milieu d'un tube de bambou des incisions qui dégagent une sorte de battant ou languette dont on place l'extrémité dans la bouche, où on la fait résonner, tandis que l'on communique à l'autre extrémité, au moyen d'une ficelle brusquement tendue, de brèves secousses qui mettent en mouvement la languette de l'instrument. Les aérophones comprennent des trompes en bois, et des conques, ainsi que des flûtes, traversières ou à bec, dont on joue avec la bouche ou avec le nez. Les plus connus de ces aérophones sont sans doute les flûtes jumelles – également appelées « flûtes des esprits » ou « flûtes sacrées » – qu'on trouve chez les Papous du Sépik et des montagnes. Elles sont liées à des cultes réservés aux hommes adultes. On les emploie dans les rituels d'initiation pour effrayer les femmes et les jeunes garçons non initiés, au moyen de sons bizarres, qui sont censés être des voix de fantômes ou d'esprits, ou encore des cris d'oiseaux mystérieux et gigantesques. Les sons fondamentaux de ces deux flûtes sont en relation de seconde majeure. L'échelle musicale complète est donnée par le jeu alterné, très rapide, des deux instrumentistes. Les rhombes, ailleurs en Nouvelle-Guinée et surtout autour du golfe de Papouasie et du golfe Huon, ont la même fonction que les « flûtes des esprits » ; souvent, dans les rituels d'initiation, d'autres instruments sonores, comme des trompes faites de feuilles, des sifflets, des tambours à eau sont utilisés.
Indigènes en costume traditionnel, près de Port Moresby, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Crédits : Darryl Torckler/ The Image Bank/ Getty Images
Masques d'osier figurant les esprits des ancêtres dans une tribu de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Crédits : Christopher Arnesen/ Getty Images
Dans les îles mélanésiennes le tambour à fente est un instrument de première importance dans la vie religieuse et dans la vie quotidienne. Il est utilisé dans des rituels, en particulier ceux des [...]
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Écrit par :
- Mervyn Evan MCLEAN : M.A., Ph. D., associate professor of ethnomusicology, université d'Auckland, Nouvelle-Zélande
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Pour citer l’article
Mervyn Evan MCLEAN, « MUSICALES (TRADITIONS) - Musiques de l'Océanie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 01 février 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/musicales-traditions-musiques-de-l-oceanie/