QUAI BRANLY-JACQUES CHIRAC MUSÉE DU, Paris
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Le débat sur la place des « arts primitifs »
L'absence de concertation préalable de la communauté ethnologique, ainsi que le déménagement annoncé d'une partie des collections ethnologiques du musée de l'Homme (250 000 pièces) et du MAAO (24 000 pièces), eut pour effet de plonger les ethnologues dans une profonde inquiétude, à peine tempérée par la nomination de Maurice Godelier – remplacé ensuite par un autre ethnologue, Emmanuel Desveaux – à la tête du projet pour l'enseignement et la recherche de l'établissement public du musée du quai Branly.
Au-delà des questions de susceptibilité disciplinaire, c'est le croisement des regards proposés par les concepteurs du musée qui fit couler beaucoup d'encre. Affirmer que l'entrée des arts « primitifs » au Louvre était une nouveauté reposant sur un élargissement de la définition de l'esthétique, revenait à oublier les réflexions sur les « arts lointains » développées par Félix Fénéon dès 1920. Ce dernier, interrogeant vingt intellectuels de l'époque (ethnographes, explorateurs, artistes, esthéticiens), statuait déjà sur la nécessité de voir les arts lointains figurer en bonne place au Louvre. Par ailleurs, prétendre que le rapprochement des arts occidentaux et des arts africains, océaniens, asiatiques et américains produirait un sens épistémologique original est une gageure. En effet, cette rencontre a déjà eu lieu au début du xxe siècle lorsque les artistes fauves, cubistes et surréalistes décidèrent de rompre avec le modèle artistique dominant, l'art symboliste, en intégrant dans leurs propres productions la statuaire africaine. Si les représentations des mers du Sud de Gauguin étaient encore empreintes, selon Robert Goldwater, d'un ineffable « primitivisme romantique », Picasso et les cubistes rendirent cette référence à l'art non occidental plus concrète et plus nettement axée sur l'esthétique. La qualité des pièces n'avait en soi aucune importance : « on n'a pas besoin d'un chef-d'œuvre pour se faire une idée », notait malicieusement Picasso. C'est leur étude formelle, et [...]
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Écrit par :
- Julien GUILHEM : ethnologue, rattaché au Centre d'étude et de recherche comparatives en ethnologie, chargé de cours à l'université Paul-Valéry (Montpellier-III)
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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MUSÉE DU QUAI BRANLY-JACQUES CHIRAC, en bref
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NOUVEL JEAN (1945- )
Dans le chapitre « L’architecture comme un art visuel » : […] C'est un concours gagné en 1981, celui de l'Institut du monde arabe à Paris , qui lui permet de réaliser avec Architecture Studio (M. Robain, J.-F. Galmiche, R. Tisnado, J.-F. Bonne) une œuvre phare de la nouvelle architecture parisienne qui le propulse définitivement dans la célébrité. Il obtient le prix de l'Équerre d'argent pour l’IMA. Achevé à l'automne de 1987, cet édifice élégant, lisse et s […] Lire la suite
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Pour citer l’article
Julien GUILHEM, Barthélémy JOBERT, « QUAI BRANLY-JACQUES CHIRAC MUSÉE DU, Paris », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 17 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/musee-du-quai-branly-jacques-chirac-paris/