MOTRICITÉ
La motricité chez les Vertébrés inférieurs
Chez les Vertébrés non mammaliens (Poissons, Batraciens, Reptiles, Oiseaux), l'analyse des fonctions de motricité somatique a été, à bien des égards, moins poussée que chez les Mammifères. Il en est ainsi des réflexes spinaux dont l'étude est souvent restée au stade descriptif. De même la régulation d'une certaine motricité « élaborée » par les centres supérieurs n'est pas connue. On ignore à peu près tout du rôle (probable dans cette régulation) des ganglions de la base (striatum et pallidum) qui, chez ces espèces, constituent l'essentiel du télencéphale, le cortex cérébral faisant pratiquement défaut. En revanche, d'autres mécanismes moteurs ont fait l'objet d'intéressantes mises au point.
Chez tous les Vertébrés inférieurs, on décrit des réflexes plus ou moins localisés, à la limite « segmentaires » et subsistant chez l'animal spinal. On citera ainsi, chez les Poissons, des flexions du tronc quand un courant d'eau frappe le flanc de l'animal, ainsi que des mouvements de va-et-vient et d'hélice (godille) de la nageoire caudale ; de même les nageoires paires se courbent sous l'effet d'un pincement. Chez les Batraciens anoures, par exemple grenouille et crapaud, les « lois » de Pflüger enseignent que, lorsque l'intensité d'une stimulation supposée douloureuse d'une patte croît, on assiste d'abord à une flexion de la patte stimulée, puis à celle de la patte contralatérale, puis à celle des pattes antérieures, pour aboutir à un mouvement d'ensemble et coordonné de fuite. Chez les Oiseaux spinaux enfin, des réflexes locaux de flexion des pattes, de relèvement de la queue, de battements des ailes peuvent aboutir à une coordination telle qu'on assiste à un essai d'envol ! En somme, dans tous ces cas, l'analyse conduit à reconnaître ici encore l'existence d'une coordination intraspinale des mouvements.
Le mécanisme même de cette coordination intraspinale a été plus particulièrement analysé chez des espèces allongées, progressant par ondulation ou reptation, en particulier la roussette (Sélacien), l'anguille (Téléostéen) et les serpents. Il s'est posé là le problème de déterminer si l'organisation de ces mouvements était due à un enchaînement de réflexes (en particulier proprioceptifs) agissant de proche en proche ou si elle dépendait d'une « programmation » intraspinale (définie ci-dessus). Théoriquement simples, les expériences conçues à cet effet n'ont pas absolument tranché la question : les deux mécanismes de la coordination (réflexes en chaîne ou programme intraspinal) coexistent probablement et se renforcent (sans doute est-on ici devant un exemple, parmi d'autres, de « redondance » dans les mécanismes nerveux).
Un autre aspect intéressant de l'exploration de la motricité des Vertébrés inférieurs concerne l'origine des mouvements « spontanés » de locomotion. Il semble que, chez la roussette, la moelle soit capable de l'entretien de cette spontanéité motrice, tandis que, à partir des Téléostéens, le développement de mouvements rythmiques persistants exige l'intégrité des structures bulbaires (probablement réticulaires).
Finalement la motricité des Vertébrés inférieurs se prêtent à une observation qui n'a été que peu systématisée chez les Mammifères, celle de l'existence de zones cutanées inhibitrices des mouvements. L'observation est particulièrement nette chez la roussette, qui s'immobilise quand elle repose sur le ventre au fond de l'aquarium. Chez l'Oiseau, c'est une posture imposée anormale qui détermine une telle inhibition : on sait depuis le xvii e siècle que si l'on force un oiseau à un décubitus dorsal, la tête sous l'aile,[...]
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Écrit par
- Pierre BUSER : membre de l'Académie des sciences, professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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Pour citer cet article
Pierre BUSER, « MOTRICITÉ », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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