MONOCHROME, peinture
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Monochromie et fin de la peinture
Parmi les pionniers de la monochromie, Malévitch (1878-1935) et Rodtchenko (1891-1956) occupent une place de choix. Pour l'un comme pour l'autre de ces deux artistes, la monochromie annonce la fin de la peinture. Malévitch expose son Carré noir – nommé également Carré noir sur fond blanc (Galerie Tretyakov, Moscou) – en 1915. En 1919, il présente son Carré blanc sur fond blanc (1918, Museum of Modern art, New York) qui, en dépit du titre, laisse nettement apparaître un carré. D'un blanc froid, légèrement bleuté, ce carré se distingue du fond, certes blanc, mais plus chaud, teinté d'un soupçon d'ocre. Peu après, le peintre affirmait dans son recueil Le Suprématisme, 34 dessins (Vitebsk, 1920) : « La peinture a depuis longtemps fait son temps et le peintre lui-même est un préjugé du passé. »
Suprématisme (série des Blanc sur blanc), K. Malévitch
Kasimir Malévitch, Suprématisme (série des Blanc sur blanc). 1918. Huile sur toile. 97 cm x 70 cm. Stedelijk Museum, Amsterdam, Pays-Bas.
Crédits : Stedelijk Museum, Amsterdam, Pays-Bas
S'il n'est pas certain que les peintures de Malévitch peuvent être considérées comme de véritables monochromes, les trois petits tableaux exposés par Rodtchenko à Moscou en 1921 sont assurément conformes aux lois du genre. Dévolus chacun à une couleur primaire, jaune, bleu, rouge, ils récusent la représentation et ils éliment toute différenciation de la surface. En 1923, le critique et historien de l'art Nicolas Taraboukine stigmatisait Couleur rouge pure : « Cette œuvre est extrêmement significative de l'évolution subie par les formes artistiques au cours des dix dernières années. Ce n'est plus une étape qui pourrait être suivie de nouvelles autres, mais le dernier pas, le pas final effectué au terme d'un long chemin, le dernier mot après lequel la peinture devra se taire, le dernier „tableau“ exécuté par un peintre. Cette toile démontre avec éloquence que la peinture en tant qu'art de la représentativité – ce qu'elle a toujours été jusqu'à présent – est arrivée au bout du chemin. »
Par la suite, la monochromie fut souvent tenue pour une limite qu'il convenait de ne pas atteindre. À la recherche du « tableau absolu », Wladyslaw Strzeminski (1893-1952 [...]
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Écrit par :
- Denys RIOUT : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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Pour citer l’article
Denys RIOUT, « MONOCHROME, peinture », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 13 avril 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/monochrome-peinture/