MONDIALISATIONHistoire de la mondialisation
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Mondialisations d'hier et d'aujourd'hui
Les racines européennes de la mondialisation
Dès l'Antiquité, les navigateurs phéniciens, les cités maritimes de Grèce, puis Rome établissent des réseaux d'échanges à travers la Méditerranée. Les relations commerciales s'étendent de l'Égypte et de l'Orient profond jusqu'aux côtes espagnoles. L'intensification des échanges de céréales, de métaux, de produits artisanaux est déjà soutenue par le progrès des techniques de navigation.
Navire marchand phénicien. Relief d'un petit côté d'un sarcophage, vers 150. Musée national d'archéologie, Beyrouth.
Crédits : Erich Lessing/ AKG-images
Avec la chute de l'Empire romain et l'ère des invasions, le pouvoir politique se morcelle en Occident. L'insécurité grandit et le commerce à longues distances connaît du ve au xe siècle un net ralentissement. Il renaît entre le xe et le xive siècle avec l'essor des villes marchandes d'Italie, qui fondent leur puissance sur la constitution de réseaux commerciaux transfrontières. Venise, la plus puissante de ces cités, achète des esclaves, des bois et du fer en Occident, qu'elle vend aux Byzantins et aux musulmans contre des épices, de la soie venue d'Extrême-Orient, des parfums en provenance d'Arabie... À partir du xiie siècle, les foires régionales (notamment celles de Champagne en France) assurent des liens entre cet espace « Sud-Est » et les réseaux commerciaux d'Europe du Nord organisés autour de Hambourg ou Lübeck. Ce commerce est source de profit et permet l'éclosion du capitalisme. Dès lors, l'histoire de la mondialisation devient celle d'une diffusion du capitalisme à l'ensemble de la planète.
La découverte de l'Amérique en 1492 et le premier tour du monde en 1522 marquent un pas décisif vers une économie mondialisée au sens géographique du terme. L'Europe reçoit du Nouveau Monde des métaux précieux, des plantes, du sucre, du café. Elle exporte vers ses colonies des céréales, des armes, des objets de piété. Le commerce triangulaire qui se met en place à partir du xvie siècle apparaît emblématique d'une mondialisation dominée par l'Europe, pour le meilleur (diffusion des idées, des innovations, division internationale du travail...) et pour le pire (colonisation, oppression des peuples...). Les flux commerciaux contribuent directement à la formation des grandes économies nationales européennes, en étroites relations avec leurs empires coloniaux. Le dynamisme du commerce transatlantique ne cesse de s'intensifier entre le xvie et le xviiie siècle. Les progrès réalisés dans la construction navale et la navigation permettent d'accroître la taille des navires, leur vitesse et d'abaisser les coûts de transports.
La Pinta, la Niña et la Santa Maria appareillent du port de Palos, le 3 août 1492. Huile sur toile d'Antonio Cabral Bejarano, XIXe siècle. Monastère de La Rabida, Palos.
Crédits : AKG-images
Industrialisation et développement des échanges de marchandises
Au seuil du xixe siècle, la Révolution industrielle conduit à une internationalisation croissante des économies nationales, en donnant naissance à une division mondiale du travail entre pays industriels et pays pourvoyeurs de produits bruts. L'Europe reste le centre de gravité des échanges. Le commerce international connaît une formidable expansion : entre 1815 et 1913, son volume est multiplié par vingt. L'intensification des échanges est toujours soutenue par une baisse des coûts de transport. L'usage de la vapeur constitue à cet égard une véritable révolution. Et les politiques commerciales nationales sont alors assez souples pour préserver cette dynamique d'ouverture, y compris à la fin du xixe siècle.
L'internationalisation ne se limite pas à sa dimension commerciale. Les flux migratoires intercontinentaux, principalement d'Europe de l'Ouest vers l'Amérique du Nord, atteignent un maximum historique entre 1895 et 1910, qui ne sera jamais plus retrouvé.
Internationalisation des crises
Un autre aspect de l'interdépendance croissante des économies nationales réside néanmoins dans l'internationalisation des crises – depuis les crises anglo-américaines du début du xixe siècle jusqu'à la « crise Baring » (du nom d'une banque anglaise qui avait prêté d'importantes sommes au gouvernement argentin incapable d'honorer sa dette en 1890) – dont témoignent aussi les répercussions mondiales de la guerre civile américaine (1861-1865) jusqu'en Australie, en Inde, et en Basse-Égypte, à travers les effets de la variation des cours du [...]
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Écrit par :
- Bertrand BLANCHETON : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu
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Pour citer l’article
Bertrand BLANCHETON, « MONDIALISATION - Histoire de la mondialisation », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 01 juillet 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/mondialisation-histoire-de-la-mondialisation/