MOMIES, Égypte
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L'invention de la momification
Dans l'Égypte préhistorique, à partir du Ve millénaire, comme chez beaucoup de peuples à la même période, la présence quasi systématique, dans les tombes, d'objets destinés à accompagner le mort suggère l'existence, dès cette époque, d'une certaine conception de la survie. Pourtant, l'idée selon laquelle il est nécessaire de conserver le corps semble propre à l'Égypte. C'est peut-être la réapparition au jour de corps simplement enfouis dans des fosses creusées à même le sable du désert qui l'a fait naître. En effet, le contact direct avec le sable a pu assurer leur conservation par déshydratation naturelle. On remarquera que les autres peuples momificateurs appartiennent pour la plupart, comme l'Égypte, à des régions de désert ou encore à des régions où les conditions climatiques sont de nature à permettre la conservation naturelle du corps (régions andines, Chili, Pérou, Bolivie).
L'idée de la conservation du corps s'étant imposée, encore fallait-il trouver les moyens de la réaliser. La mise au point de la technique sera très longue. Le terme de « momie » doit être réservé aux corps ayant subi un traitement destiné à assurer leur pérennité. Les corps conservés naturellement ne devraient pas, en principe, recevoir cette appellation.
Il semble bien qu'à l'Ancien Empire (env. 2700-2200) la momification ait d'abord été réservée au Pharaon et à son entourage immédiat. Autrement dit, il y avait peu de momies à préparer, donc un certain manque de « pratique ». Les officines d'embaumeurs ne devaient pas être actives en permanence. Par ailleurs, aucun contrôle des résultats n'était possible : les pilleurs de tombes qui ont sévi dès cette époque n'allaient pas faire un rapport sur l'état des momies qu'ils spoliaient. Toutefois, lorsque les pillages se sont développés à grande échelle, au cours de la première période intermédiaire (env. 2200-2022), le personnel chargé de la momification a pu sans doute observer l'état de conservation des corps bouleversés et en tirer des conclusions quant à l'efficacité des procédés utilisés. En ce sens, on pourrait considérer le pillage comme moteur du progrès.
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Écrit par :
- Françoise DUNAND : professeur d'histoire des religions à l'université Marc-Bloch, Strasbourg
- Roger LICHTENBERG : docteur en médecine, ancien chef du service de radiologie de l'Institut Arthur-Vernes, Paris
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Pour citer l’article
Françoise DUNAND, Roger LICHTENBERG, « MOMIES, Égypte », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/momies-egypte/