DAVIS MILES
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Jazz fusion
Le très remuant Miles Davis ne peut concevoir de se figer sur ces sommets, aussi glorieux soient-ils, même avec des partenaires comme John Coltrane, Bill Evans, Wynton Kelly, Jimmy Cobb, Paul Chambers ou Hank Mobley. Il reconstitue donc de nouveaux quintettes avec Wayne Shorter (saxophone ténor), Herbie Hancock (piano), Ron Carter (contrebasse), Tony Williams (batterie)... L'élite de la nouvelle génération s'y succédera : Chick Corea (piano), Keith Jarrett (piano), Jack DeJohnette (batterie), Airto Moreira (percussions latino-américaines), Joe Zawinul (claviers électriques), des transfuges de la pop music comme John McLaughlin, Dave Holland et Jack Bruce, ainsi qu'une armée de saxophonistes – George Coleman (1963-1964), Sam Rivers (1964), Steve Grossman (1969-1970), Dave Liebman (1972-1974), Gary Bartz (1970-1971), Carlos Garnett (1972), Sonny Fortune (1972, 1974, 1975). Cet infatigable et infaillible découvreur de talents se laisse attirer par le rock et les musiques indiennes. Il pratique la boxe et préfère pour un temps les martèlements binaires brutaux aux polyrythmies complexes de ses batteurs d'autrefois. Bien que restant en marge des tentations anarchisantes du free jazz, Miles Davis propose maintenant une musique plus tendue – l'amplification électronique lui donnant une sonorité plus cassante et agressive –, une musique poignante où se raréfient les notes. Une nouvelle fois, il disparaît brutalement en 1975, la voix brisée par une intervention chirurgicale anodine, après un accident de voiture, une opération d'une hanche et de sérieux problèmes cardiaques. Peut-être aussi était-il arrivé au bout de ce chemin-là. C'est ce que semble dire cette retraite de six ans, d'autant plus mystérieuse qu'elle se double d'un silence discographique total.
Résurrection en 1981. Miles Davis multiplie les tournées, en Europe surtout, avec une prédilection pour Antibes, Nice et Paris, où il se sent chez lui. À l'exception de John McLaughlin, il ne rappelle aucun de ses anciens partenaires. C'est d'horizons nouveaux dont il a besoin. Il fréquente le monde de la chanson américaine (Michael Jackson, Sting, Prince) et s'entoure de musiciens de plus en plus jeunes. Jouer avec Miles est un raccourci vers la gloire qu'ont emprunté Bob Berg, Gary Thomas et Kenny Garrett (saxophone), Mike Stern, Barry Finnerty et John Scofield (guitare électrique), Robert Irving et Adam Holzman (claviers), Marcus Miller, Felton Crews et Darryl Jones (contrebasse), Al Foster et Vincent Wilburn (batterie), Sammy Figueroa, Steve Thornton, Mino Cinelu et Marilyn Mazur (percussions)... Jamais le magicien ne sera l'ancêtre. Dix ans encore – jusqu'à sa mort, le 28 septembre 1991, à Santa Monica, en Californie – résonneront les sombres envoûtements de Miles Davis.
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Écrit par :
- Pierre BRETON : musicographe
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Pour citer l’article
Pierre BRETON, « DAVIS MILES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 29 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/miles-davis/