MILAN
Milan forme l'aire métropolitaine la plus complète de la péninsule italienne en termes de centralité, de rayonnement économique, scientifique et culturel. C'est aussi une des métropoles européennes les plus influentes, après Londres et Paris. Milan jouit d'une accessibilité exceptionnelle grâce à la confluence, sur son territoire, d'un vaste réseau de routes alpines, dont celle du Gothard, d'axes stratégiques vers l'ouest, l'est et le sud du pays et la présence de trois aéroports internationaux (Malpensa, Linate et Bergamo). Après avoir vécu des périodes très brillantes au temps des Visconti et des Sforza (fin du xiii e s.-xvi e s.) avec le développement de la puissance manufacturière et marchande, la ville a connu un regain d'influence durant la période napoléonienne puis une phase de stagnation durant sa période autrichienne. À l'aube de la réunification de l'Italie, Milan comptait parmi les grandes villes du pays, mais sa position demeurait relativement modeste en Europe, avec une population qui ne dépassait pas 270 000 habitants. Or, même si Milan n'a pas été choisie comme capitale politique, des expressions comme « Milan capitale économique » et « Milan capitale morale » reflètent son prestige et parfois sa suprématie par rapport aux trois capitales successives de l'Italie, Turin, Florence et Rome. Le prestige milanais s'est construit autour de secteurs variés que sont la finance et le secteur bancaire, la puissance de son industrie, l'excellence de ses universités et de ses pôles scientifiques, la mode et le design, l'opéra et la musique contemporaine.
Histoire
Des origines au XIe siècle
Les Celtes Insubres s'installent dans une petite bourgade créée par les Étrusques et la nomment Mediolanum, « centre du pays où vit un peuple » ; ils se maintiennent plusieurs siècles à Milan. Ils ruinent la domination étrusque en Italie du Nord, participent à l'occupation de Rome (390 av. J.-C.), mais tombent sous le joug romain en 222. Vaincus mais non soumis, il ouvrent les routes alpines aux troupes d'Hannibal, mais doivent s'incliner en 196 devant la puissance romaine. Ayant reçu de César le droit de cité, Milan passe sous Auguste dans la XIe région de l'Empire, avec toute l'Italie transpadane. Chef-lieu de la province de Ligurie, la ville, proche du limes, devient au iii e siècle un des grands foyers de résistance contre les attaques barbares. À ce titre, Maximien la choisit comme capitale de l'Empire d'Occident (292). Centre militaire, administratif, Milan connaît au iv e siècle un essor économique tel que les prédicateurs dénoncent à l'envi la richesse et la soif de plaisirs de ses habitants.
La croissance du christianisme a suivi celle de la ville. Si les origines de l'Église milanaise demeurent obscures, l'épanouissement en est éclatant au iv e siècle. En 313, Constantin confirme l'édit de Galère établissant la liberté religieuse dans l'Empire (édit de Milan). Saint Ambroise, évêque de 374 à 397, s'efforce de christianiser les institutions romaines, défend les droits de l'Église face aux empereurs, combat l'arianisme – il transmettra au Moyen Âge la pensée des Pères cappadociens et des Alexandrins – et donne à sa ville un lustre et des traditions dont elle se réclamera longtemps (rite ambrosien). Sa mort coïncide avec le changement de capitale : en 404, Honorius choisit de résider à Ravenne ; Milan voit grandir près d'elle une rivale, Pavie, protégée par Théodoric. Les conquêtes ostrogothique (538) et lombarde (569) amènent le déclin de Milan. La ville se relève sous les Carolingiens, grâce au prestige de ses archevêques qui, par leur richesse foncière, dominent la plaine lombarde et, nantis de droits publics, s'imposent aux comtes carolingiens[...]
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Écrit par
- Michel BALARD : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
-
Petros PETSIMERIS
: professeur de géographie humaine à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne,
visiting professor à l'université de Barcelone
Classification
Pour citer cet article
Michel BALARD, Petros PETSIMERIS, « MILAN », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias
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