KUNDERA MILAN (1929- )
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
D'un Kundera l'autre
Fils d'un musicologue lui-même élève de Janáček, Milan Kundera est le contemporain complexe de la jeune République tchécoslovaque anéantie par les conséquences du traité de Munich, du partage de l'Europe issu de la Seconde Guerre mondiale et des turbulences de la guerre froide. Encarté au Parti communiste en 1947 dans le lyrisme de ses dix-huit ans, deux fois exclu, membre de l'association des écrivains tchécoslovaques, enseignant de cinéma à Prague au moment où fleurit une décennie de détente idéologique et d'effervescence artistique, où une censure allégée tolère la publication de Risibles amours et de La Plaisanterie en 1967, le jeune Kundera est un fin connaisseur de la poésie moderne (Apollinaire, Rimbaud) et du surréalisme européen (Breton, mais aussi son compatriote Nezval). En 1968, l'écrasement du Printemps de Prague met fin à l'espoir que l'« Occident kidnappé » réintègre le socle de la culture européenne dont l'Europe centrale était profondément solidaire à travers ses éminents représentants (Kafka, Broch, Musil). La « normalisation » du régime prépare le départ définitif du romancier vers la France, facilité par ses amitiés littéraires. La réintégration de la République tchèque dans l'espace européen en 1990 a bien créé un nouveau contexte, plus mondialisé, dont le récit L'Ignorance (2003) constitue la fable douce-amère, mais toutes les rancœurs entre un auteur mondial de langue française et sa patrie d'origine ne semblent pas encore apaisées. En 1968, l'accueil enthousiaste fait en France à La Plaisanterie, grâce à la préface d'Aragon, aura marqué l'origine de ces malentendus critiques (s'agit-il d'un livre politique ou d'un roman existentiel ?) dont Milan Kundera est à la fois la source et le partenaire ironiquement complice dans l'art polémique de ses essais.
Milan Kundera a souvent illustré de ses propres dessins les couvertures de ses livres. Ici, la couverture de l'édition anglaise de Risibles Amours
Crédits : Courtesy Milan Lundera/ D.R.
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 4 pages
Écrit par :
- Martine BOYER-WEINMANN : maître de conférences en littérature française à l'université de Lyon-II-Lumière
Classification
Autres références
« KUNDERA MILAN (1929- ) » est également traité dans :
L'IGNORANCE (M. Kundera)
« Du vraisemblable plaqué sur de l'oublié » : c'est ainsi que Josef, un des personnages du roman de Milan Kundera, conclut l'interprétation d'un souvenir. Que l'on retrouve sous cette expression celle du Rire de Bergson – « du mécanique plaqué sur du vivant » – donne peut-être une des clés du roman ; mais dans un premier temps, la f […] Lire la suite
EXIL LITTÉRATURES DE L'
Dans le chapitre « Exil et mémoire » : […] Franchissons l'océan et touchons aux rives de la Méditerranée. Nous trouvons là une écriture qui entretient avec la langue française des rapports de fascination-répulsion. Au célèbre « la langue française est ma patrie » d'un Gabriel Audisio, entraînant avec lui la totalité des écrivains pieds-noirs – d'Elissa Rhaïs à Albert Memmi – farouchement identifiés à la France par la langue, répond le non […] Lire la suite
MITTELEUROPA
Dans le chapitre « Une idée de l'Europe » : […] Dans les années 1980, plusieurs exilés ou dissidents antisoviétiques – György Konrád à Budapest, Milan Kundera et Danilo Kïys à Paris – ont relancé la discussion sur la Mitteleuropa. Le texte de Milan Kundera, d'abord publié à Paris en novembre 1983, est devenu célèbre sous le titre La Tragédie de l'Europe centrale que portait la version américaine d'avril 1984. Les résistants antisoviétiques d […] Lire la suite
LA PLAISANTERIE, Milan Kundera - Fiche de lecture
Achevé le 5 décembre 1965, La Plaisanterie , premier roman de Milan Kundera , écrivain tchèque né en 1929, n'a été publié en Tchécoslovaquie qu'en 1967, alors que s'annonçaient les prémices du « printemps de Prague », tentative de libéralisation politique qui allait être sévèrement réprimée par l'U.R.S.S. le 21 août 1968. […] Lire la suite
POURQUOI ÉCRIRE ? (P. Roth) - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Dans la compagnie des écrivains » : […] Alors que le chapitre consacré aux « Figures du romancier américain » lui permet d’évoquer J. D. Salinger, Bernard Malamud ou Saul Bellow, tous remarquables par « leur énergie ardente… et une écriture qui s’abreuve à une joie profonde », la partie « Parlons travail » instaure une discussion collégiale ouverte, entreprise rare dans le métier. Philip Roth retranscrit pour le lecteur ses conversation […] Lire la suite
Pour citer l’article
Martine BOYER-WEINMANN, « KUNDERA MILAN (1929- ) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/milan-kundera/