- 1. Exploration du microbiome humain
- 2. Les composants des microbiotes du tube digestif
- 3. Conséquences du déséquilibre entre populations bactériennes
- 4. Microbiote, maladies intestinales et maladies métaboliques
- 5. Effets généraux des microbiotes
- 6. Nouvelles approches thérapeutiques ?
- 7. Bibliographie
MICROBIOME HUMAIN
Effets généraux des microbiotes
Il existe un lien désormais fortement établi entre dysbioses (déséquilibres) du microbiote intestinal et pathologies rhumatismales (arthrose et arthrite rhumatoïde), cutanées (dermatoses atopiques), cardiaques, respiratoires et surtout neurodégénératives, dont certainement la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques. Ces observations qui reposent sur l’analyse comparative des microbiotes de patients et de sujets sains sont statistiquement significatives. Elles n’établissent pas pour autant de rapport de causalité, mais plutôt des contributions à ces maladies. Les mécanismes en jeu ne sont pas éclaircis. On peut en retenir deux groupes. Tout d’abord, les cellules immunitaires activées et sélectionnées dans l’intestin ne restent pas sur place. Elles migrent dans le reste de l’organisme et peuvent contribuer à un processus pathologique. De plus, l’intestin possède un tissu nerveux et neuroendocrine dense susceptible d’être affecté par une réaction inflammatoire intestinale, qui peut se traduire par une réponse propageable au reste du tissu nerveux.
Le lien entre maladies neurodégénératives et microbiote intestinal est particulièrement intéressant et étudié du fait de la gravité de ces maladies et de leur évolution. On ne connaît pas vraiment leur étiologie, mais des facteurs environnementaux sont régulièrement invoqués. Dans le cas de la maladie de Parkinson, depuis le début des années 2010, un faisceau de données corrèle fortement l’évolution de la maladie à une inflammation chronique de la muqueuse intestinale marquée par une augmentation de la perméabilité intestinale. Le microbiote est profondément modifié avec en particulier un effondrement des PrevotellaetBacteroidetes. Une série d’expériences montrent que les fèces de malades introduites dans des souris induisent des symptômes parkinsoniens au contraire de fèces d’individus sains. On sait par ailleurs que les premiers signes de la maladie apparaissent après des années de troubles intestinaux, constipation en particulier. Une hypothèse explicative est la transmission via le système nerveux intestinal vers le cerveau, de la mauvaise configuration d’une protéine, l’alpha-synucléine, dont les agrégats sont caractéristiques de la maladie. La diminution de la disponibilité en butyrate, la diminution de la couche muqueuse et l’attaque inflammatoire des cellules et de leurs jonctions qui s’ensuit contribueraient à la maladie. Ainsi, dans un modèle murin de la maladie de Parkinson (induction par la roténone, un insecticide), on a montré, en 2019, l’effet positif marqué de l’ingestion de fibres permettant la libération d’acide butyrique dans le côlon. Les bactéries responsables de cette production appartiennent aux genres Clostridium groupes IV et XIVa, déjà connus pour leur effet anti-inflammatoire. L’efficacité de l’ingestion de fibres est très supérieure à celle de l’acide butyrique seul. Ce travail reprend une recherche un peu antérieure incriminant un état de stress intestinal chronique et une dysbiose dans la progression de la maladie de Parkinson. Ces travaux permettent d’agir sur l’alimentation dans la prise en charge de la maladie. Parallèlement, on a constaté que certaines bactéries intestinales détruisaient la dopamine, le neurotransmetteur de base du traitement de la maladie, et en réduisait l’efficacité, en dépit de l’inhibiteur de dégradation qui lui est associé. Cela a permis de mettre au point un autre inhibiteur, beaucoup plus efficace. Des approches voisines suggèrent le rôle du microbiote intestinal dans l’évolution de la sclérose en plaques, maladie impliquant le système immunitaire. Dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agit pas, ou pas encore, d’étiologie de la maladie, mais de la démonstration d’une interdépendance forte entre le système immunitaire, le système neuroendocrinien, le système nerveux et le microbiote[...]
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