MÉSOPOTAMIEL'écriture cunéiforme
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La création du système
Les signes de l'écriture cunéiforme sont environ d'un peu moins d'un millier : ce sont des dessins abstraits, c'est-à-dire que leur sens ne peut être deviné mais doit être appris (ainsi pour « fils ») ; un dixième seulement sont des silhouettes, complètes ou partielles, de réalités concrètes (ainsi : « vase »). Cependant, même dans ce cas, l'identification précise ne va pas de soi, car à la signification première s'ajoutaient déjà des significations secondes : par exemple, « main » note aussi « responsabilité ». D'ailleurs, ces derniers signes sont souvent surchargés de motifs géométriques qui en modifiaient le sens de base. Indiscutablement, le système urukéen primitif est déjà idéogrammatique. Son fonctionnement se fondait sur une économie maximale, d'où son opacité pour nous. N'étaient notés que les éléments nécessaires, tels que noms, adjectifs, verbes ; le reste (prépositions, préfixes, suffixes, etc.) devait être restitué par le lecteur ; c'était ce qui correspondait à la destination pratique des documents : enregistrer puis combiner. Comme telle, l'écriture d'Uruk, que tout Sumer adopta immédiatement, est un système abouti qui se suffit à lui-même. Les siècles suivants l'améliorèrent mais en respectèrent les principes.
Écriture cunéiforme : naissance et évolution du signe «vase»
Naissance et évolution du signe «vase».
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Une telle perfection aurait-elle pu être atteinte d'un seul élan ? Les créations graphiques se sont, indiscutablement, inspirées de « marques » déjà employées isolément. On a l'exemple de « mouton », une croix inscrite dans un cercle : c'était le signe qui désignait les bêtes pour la tonte ou la boucherie. On a invoqué aussi la ressemblance de quelques silhouettes primitives avec des « jetons » d'argile, répandus dans tout le Proche-Orient, du IXe au IVe millénaire avant J.-C. Toutefois, ces petits objets (à l'usage ou aux usages inconnus) ne paraissent avoir été combinés nulle part en un système. Certains signes ont pu aussi bien avoir pour prototypes un langage gestuel.
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Écrit par :
- Daniel ARNAUD : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (section des sciences religieuses) Paris
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Pour citer l’article
Daniel ARNAUD, « MÉSOPOTAMIE - L'écriture cunéiforme », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/mesopotamie-l-ecriture-cuneiforme/