MEMBRANES CELLULAIRES (DYNAMIQUE DES)
Mouvements dans la membrane plasmique
Les immunologistes, qui étudiaient les molécules de la surface des cellules avec des anticorps fluorescents, avaient noté que la fluorescence, d'abord répartie uniformément, tendait à se rassembler en une calotte, puis en un point de la surface de la membrane, avant de se retrouver à l'intérieur de la cellule : les complexes formés par l'anticorps fluorescent et les molécules qu'il reconnaît ont été rassemblés puis internalisés avec la membrane plasmique dans laquelle ils sont ancrés. Le processus dure environ une heure, ce qui veut dire que la membrane se renouvelle dans ce laps de temps. Il nécessite un apport d'énergie. Il mobilise le feutrage de fibres d'actine adhérent à la face interne de la cellule. Les composants de la membrane plasmique peuvent se déplacer dans le plan de cette dernière et une des conséquences de ce mouvement est la pénétration de molécules extracellulaires – ici les anticorps – dans la cellule où elles seront dégradées, tandis que les composants de la membrane sont dégradés ou, le plus souvent, recyclés.

Les radeaux lipidiques (
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Les radeaux lipidiques (
La membrane présente des organisations locales. Certaines sont stables, comme les synapses,…
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Ces mouvements de regroupement et, le cas échéant, d'internalisation de complexes récepteur-ligand appartiennent à plusieurs types différents ; on n'en retiendra ici que deux. Au début des années 2000, on s'est rendu compte de l'existence dans la membrane plasmique de micro-domaines fortement ordonnés, dont la taille varie d'environ 10 à 200 nanomètres. Ces domaines ordonnés apparaissent et disparaissent spontanément en quelques minutes. Physiquement, ils correspondent à un nouvel état de la membrane, proche de celui d'un gel, parfois même, du fait de la nature même des composants, des quasi-cristaux. Ils sont créés, dans le plan de la membrane, par l'amplification d'interactions particulières de divers glycolipides complexes, en particulier les sphingo-glycolipides (abondants dans la myéline), avec le cholestérol, qui s'y concentre de quatre à cinq fois plus que dans la bi-couche lipidiques. Le résultat est ce qu'on appelle des lipid rafts(« radeaux lipidiques » est peu utilisé). Leur composition favorise leur attachement aux fibres du cytosquelette, et particulièrement aux microtubules, et les intègre donc à la physiologie intracellulaire générale. La composition en acides gras à longue chaîne (jusqu'à 26 carbones), qui substituent les glycolipides, et la nature des glycoprotéines qui sont enchâssés dans les lipid rafts permettent d'en distinguer plusieurs types, qui correspondent à des fonctions différentes. Ces micro-domaines ont pu être isolés physiquement et sont désormais visibles par des techniques sophistiquées de microscopie, de physique et de traitement mathématique des images. Certains lipid rafts sont clairement impliqués dans les mécanismes de pénétration de molécules précises dans la cellule. Au cours des cinq dernières années, il est apparu que la formation de lipid rafts incluant des molécules de reconnaissance du système immunitaire (immunoglobulines membranaires, en particulier les IgE, récepteurs des cellules T, molécules d'histocompatibilité, co-récepteurs , molécules d'adhérence, etc.) était une étape essentielle de la reconnaissance entre cellules et de la reconnaissance des messagers molécule-cellule. La construction d'un lipid raft, initiée par une première reconnaissance, permet en effet la stabilisation dans le temps des interactions nécessaires à la reconnaissance des cellules et des ligands et la transduction de l'information ainsi initiée dans la membrane. Les structures interactives qui se forment alors sont d'une telle précision d'organisation et de fonction qu'on les a baptisées « synapses immunologiques », à l'instar de ce que l'on connaît dans le système nerveux.
Selon[...]
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris-VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
Classification
. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )
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Première observation microscopique de la structure de l’écorce d’un arbre (1655)
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En 1655, le Britannique Robert Hooke (1635-1703) rassemble dans son ouvrage Micrographia ses…
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Le modèle dit de mosaïque fluide des membranes par Singer et Nicholson
Encyclopædia Universalis France
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La structure fondamentale est celle d'une bicouche phospholipique, dans laquelle les têtes…
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Les radeaux lipidiques (
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Voir aussi
- MICROSCOPIE ÉLECTRONIQUE
- RÉTICULUM ENDOPLASMIQUE
- GOLGI APPAREIL DE
- MEMBRANE PLASMIQUE ou PLASMALEMME
- TRAFIC INTRACELLULAIRE
- PEPTIDE SIGNAL, cytologie
- IMMUNITAIRE SYSTÈME
- AMPHIPHILE MOLÉCULE
- PROTÉINES MEMBRANAIRES
- LIPIDES MEMBRANAIRES
- INTERNALISATION, biologie
- RÉGULATION BIOLOGIQUE
- GLYCOSPHINGOLIPIDES
- MEMBRANES BIOLOGIQUES
- PHOSPHOLIPIDES
- ANTICORPS
- MODÈLE, biologie
- PROTÉINES BIOSYNTHÈSE DES
- SPHINGOLIPIDES
- PERMÉABILITÉ, physiologie cellulaire
- CYTOLOGIE ou BIOLOGIE CELLULAIRE
- MOSAÏQUE FLUIDE MODÈLE EN
- SIGNAL, biologie
- MEMBRANES CELLULAIRES
- MESSAGER, biochimie
- GLYCOLIPIDES
- GLYCOPROTÉINES
- RECONNAISSANCE, biologie
- RECONNAISSANCE, immunologie
- SINGER SEYMOUR JONATHAN (1924- )
- HYDROPHOBICITÉ, chimie
- ENDOSOME
- RÉCEPTEURS MEMBRANAIRES
- CYTOSQUELETTE
- CLATHRINE
- RÉCEPTEUR, biochimie
- TRANSDUCTION MEMBRANAIRE
- LIPID RAFT ou RADEAU LIPIDIQUE
- ENDOCYTOSE À RÉCEPTEURS
- ADRESSAGE DES PROTÉINES