LYRISME
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Le lyrisme arabe
Jusqu'au début du xxe siècle, la littérature arabe est essentiellement poétique, et le développement du lyrisme se confond avec l'histoire de la poésie. Il trouve d'emblée son expression la plus élaborée dans la qaṣīda, composition d'apparat consacrée au panégyrique ou au thrène. Née, au cours de la période archaïque, dans la bouche des poètes bédouins, devenue exercice d'école lucratif chez les poètes sédentarisés des centres urbains de l'empire, réglementée par les théoriciens du ixe siècle (iiie siècle de l'hégire), la qaṣīda va rester le genre dominant.
Cependant, la production se diversifie à partir de ses registres thématiques. Le traditionnel prélude élégiaque (nasīb) n'avait déjà pu contenir la plainte passionnée d'un Maǧnūn Layla, ni la quête amoureuse entreprise au Ḥiǧāz par ‘Umār Ibn Abī Rabī‘a. Du fait de l'urbanisation et du mélange des ethnies naît l'école courtoise de Baġdād menée par al-‘Abbās Ibn al-Aḥnaf, gloire de la cortezía arabe ; la poésie bachique s'impose avec le groupe des libertins conduit par Abū Nuwās ; la méditation devant l'existence et la mort connaît avec Abū-l-Atāhiya une haute fortune. En Andalousie, la poésie strophique du muwaššaḥ et du zaǧal propose un lyrisme plus adapté à la sensibilité populaire et à la générosité de la nature.
Ces voies, tracées pour la plupart dès le viiie siècle, seront les seules ouvertes à la création. À la stabilité étonnante des structures socio-culturelles correspondent une fixité non moins notable des genres et la permanence des sources d'inspiration.
Faisons justice d'une erreur trop longtemps tenue pour vérité : le poème ne se confond pas avec le chant, même à l'époque archaïque ; il se psalmodie, se déclame avec une scansion qui en marque le rythme ; il ne s'accompagne pas obligatoirement d'une mélodie. Les cantilènes chamelières, les litanies incantatoires de caractère magique et toutes formes de discours chanté ont contribué à délimiter la poésie, à mettre au point son langage et certains de ses procéd [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 17 pages
Écrit par :
- Jamel Eddine BENCHEIKH : professeur à l'université de Paris-IV
- Jean-Pierre DIÉNY : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Jean-Michel MAULPOIX : docteur ès lettres, professeur à l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud
- Vincent MONTEIL : docteur ès lettres, professeur de faculté
- René SIEFFERT : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
Classification
Autres références
« LYRISME » est également traité dans :
CALLIGRAMMES, Guillaume Apollinaire - Fiche de lecture
Dans le chapitre « Un « lyrisme visuel » » : […] Si le terme « calligramme », forgé à partir du grec kallos (« beau ») et gramma (« écriture »), a bien été inventé par Apollinaire (qui avait auparavant utilisé l’expression d’« idéogramme lyrique »), l’idée de rédiger un texte – poétique ou non – dont la disposition sur la page dessine une forme graphique en relation avec son contenu sémantique trouve de nombreux exemples au Moyen Âge ou à la […] Lire la suite
CINÉMA ET OPÉRA
Dans le chapitre « Au temps du muet » : […] Dès son origine, le cinéma a puisé dans le répertoire opératique : d'une part, par besoin de situations dramatiques éprouvées, et, d'autre part, par volonté de s'acheter une respectabilité culturelle. Rappelons que le cinéma, avec le kinétoscope de Thomas Edison, a vu le jour dans les foires. Ainsi Georges Méliès tourne un Faust aux enfers en 1903, Cecil B. DeMille une Carmen en 1915, avec Gera […] Lire la suite
ÉLÉGIE
Ce petit genre poétique, d'abord caractérisé uniquement par l'emploi d'une forme métrique, le distique élégiaque, s'est spécialisé chez les Latins dans un « lyrisme modéré et fleuri » faisant « la plus large part aux émotions personnelles du poète » (J. Bayet). On a continué, dans les littératures postérieures, à désigner du nom d'élégies des poèmes exprimant des sentiments tendres et mélancolique […] Lire la suite
HORACE (65-8 av. J.-C.)
Dans le chapitre « Le lyrisme comme style de vie » : […] De catastrophes en convulsions, l'antique république romaine s'acheminait cependant à une métamorphose. Chacun comprit que l'essentiel était acquis le jour où le jeune Octave remporta sur les forces d'Antoine et de Cléopâtre une victoire décisive (bataille d'Actium, 2 septembre 31). Il est peu d'événements historiques qui, dans la littérature, dans la sensibilité commune, aient défini aussi nettem […] Lire la suite
JEAN DE LA CROIX (1542-1591)
Dans le chapitre « Les poèmes » : […] Les trois poèmes majeurs ( Cantique spirituel, Nuit obscure, Vive flamme d'amour ) recueillent la quintessence de l'expérience humaine et mystique de Jean de la Croix : la rencontre avec Dieu. Leur commentaire en prose fait l'objet des quatre grands traités doctrinaux, expressément écrits à l'intention des religieuses dont Jean de la Croix était le directeur spirituel : Subida del Monte Carmelo, […] Lire la suite
FRANÇAISE LITTÉRATURE, XIXe s.
Dans le chapitre « L’essor du lyrisme poétique » : […] La poésie connaît au xix e siècle une paradoxale mutation. Dominante dans les belles-lettres au début du siècle, elle voit son champ se réduire à la poésie lyrique et délaisser les registres narratifs et épiques. Seul genre à perpétuer la domination du vers, elle connaît une invasion de la prose. Incapable de nourrir ceux qui lui vouent une dévotion, la poésie n’en reste pas moins considérée com […] Lire la suite
ODE, genre littéraire
L'ode est une forme. Pour une fois, l'étymologie correspond à la réalité de sens ( ôdè , chant) et nous renvoie naturellement aux anciennes manifestations de la poésie en Occident, c'est-à-dire au lyrisme grec. Le lyrisme, on le sait, est un chant fait de couplets, accompagné de musique. L'une de ses traditions le plus précisément saisissables est la lyrique pindarique : l'ode y désigne un poème f […] Lire la suite
PASTORALE, genre littéraire
Dans le chapitre « Les origines » : […] Pour la mythologie grecque classique Apollon est le dieu de la lyre, Hermès celui des moutons d'Arcadie. Mais celui-ci, d'après l' Hymne à Hermès , est l'inventeur de la lyre, qu'il offrit à son frère pour prix de ses « vaches immortelles ». Apollon garda les troupeaux de Laomédon ( Iliade , XXI, 448) et ceux d'Admète en jouant de la flûte ( Alceste d'Euripide). D'autres personnages mythiques son […] Lire la suite
POÉSIE
Dans le chapitre « La question du lyrisme » : […] Formalisme, littéralisme et objectivisme ont en commun de minimiser la part qui revient au sujet dans la création poétique. Or celui-ci a fait au cours des années 1980 un retour remarqué sur la scène artistique et littéraire, comme dans la réflexion philosophique. On a pu ainsi parler en France d'un renouveau du lyrisme, qui avait été longtemps proscrit comme poétiquement et politiquement incorre […] Lire la suite
LYRE, littérature
Il est à peine besoin de rappeler que la lyre a engendré dans la langue courante deux sens figurés et connexes. Instrument privilégié pour accompagner le chant, elle finit par imposer son nom à toute musique chantée : c'est en ce sens qu'on parle d'art lyrique, de spectacles ou de théâtres lyriques. Ensuite, le chant et la poésie étant indissociables dans la pratique originelle d'Apollon, la lyre […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
Jamel Eddine BENCHEIKH, Jean-Pierre DIÉNY, Jean-Michel MAULPOIX, Vincent MONTEIL, René SIEFFERT, « LYRISME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 05 mars 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/lyrisme/